ARSENAULT À CHARBONNEAU

Se rassurer?

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Sur les traces de la corruption... Tous les chemins mènent à... Charest

Le témoignage de Michel Arsenault promettait d’être une sorte de point d’orgue de la commission Charbonneau. Après quatre journées de témoignage, le président de la FTQ en sort certes égratigné, mais pas anéanti. On s’est approché du politique, mais aucune preuve de « corruption » au gouvernement du Québec n’a été faite jusqu’à maintenant. Est-il trop tôt pour s’en rassurer?
L'énorme mandat de la commission Charbonneau contient certaines de nos plus grandes appréhensions quant à l’état de notre État, au moment où le décret de la Commission a été adopté (novembre 2011). Il évoque les actes criminels tels des « stratagèmes », de « possibles activités de collusion et de corruption dans l’octroi et la gestion de contrats publics ». Il gratine tout cela de « liens possibles avec le financement des partis politiques ».

Avec le témoignage de Michel Arsenault, on « s’approchera du politique », entendit-on ces derniers temps. Que conclure, après la semaine de témoignage ? Certainement pas que nos élus ont cédé aux tentatives d’influence mises en lumière à la Commission. Dans un enregistrement, on entend même Michel Arsenault dire à l’entrepreneur Tony Accurso que « pourtant, vous en mettez en hostie de l’argent au Parti libéral ». Réponse de l’entrepreneur, dépité : les élus font ce qu’ils veulent ! Lorsque l’entrepreneur douteux Louis-Pierre Lafortune raconte qu’il a remis 3000 $ à Jean Charest, l’affaire a l’air troublante. Après analyse toutefois, on se rend compte que le « beau chèque » a été fait en toute légalité à l’ordre de l’association de circonscription du chef libéral. De plus, par la suite, l’entrepreneur n’a pas vraiment eu ce qu’il désirait.

Quant à l’étrange « deal avec Blanchet » (le mari de la chef péquiste), dont M. Arsenault se vantait dans une conversation en 2009, il a sans doute été fait pour que la FTQ demeure dans les bonnes grâces d’une politicienne qui avait des chances de devenir première ministre. Avec quel effet ? L’opposition péquiste a ignoré la FTQ quand est venu le temps de réclamer une commission d’enquête. De plus, elle a appuyé la fin du placement syndical en 2012, là aussi contre l’avis de la FTQ. Si c’est la FTQ qui « mène au Québec », ça ne paraissait pas alors !

De l’influence donc ; mais pas de trafic d’influence au sens criminel. De la proximité, assurément ; mais comment peut-il en être autrement avec une centrale syndicale aussi importante que la FTQ ? Si les actes de collusion et de corruption ont été démontrés par la Commission hors de tout doute dans l’ordre municipal, rien de tel n’apparaît au sein du gouvernement du Québec. Pour l’instant, évidemment. Pour l’instant.

À la direction de la FTQ, c’est une autre histoire. D’une part, Michel Arsenault avait une proximité plus que malsaine avec un entrepreneur, Tony Accurso, passé maître dans l’art de l’évitement fiscal et de la collusion. Ce n’est qu’après les reportages sur la croisière du patron du Fonds de solidarité sur le Touch que les réflexes éthiques (refuser de se faire payer des rénovations par M. Accurso, par exemple) ont refait apparition chez M. Arsenault.

Face à l’affiliée « pomme pourrie » qu’était la FTQ-Construction (l’est-elle encore ? Le « ménage » a-t-il été fait ?), M. Arsenault s’est montré d’une complaisance sans nom, occultant les problèmes, minimisant les tentatives d’infiltration lorsque les médias y braquaient leurs projecteurs. Les dossiers toxiques n’ont pas tous échoué. Certains ont bel et bien été conclus. Une distinction claire entre les rôles de président de la FTQ et du Fonds de solidarité aurait peut-être permis d’éviter ces toxicités. La méfiance face à la culture des « chums » et le respect du travail journalistique aideraient aussi…


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