Schiste: Réplique à M. Gaëtan Soucy de St-Édouard de Lotbinière

Tribune libre

Cher M.Soucy, je vous envie. Malgré votre prétention que les médias n’en ont que pour les opposants au gaz de schiste (GDS), le journal La Presse vous a accordé, rien de moins qu’une demi-page dans son édition du 22 janvier 2011. Dans votre lettre au sujet de la rencontre d’information de Questerre du 17 janvier 2011 à St-Édouard-de-Lotbinière (SÉDL), vous qualifiez les opposants au GDS, d’endoctrinés venus d’ailleurs, dépourvus d’arguments rationnels et qui, selon votre perception, méprisent les gens de SÉDL.
Est-ce le fait que Dominique Champagne ait attendu que les gens de St Édouard aient terminé de poser leurs questions avant d’intervenir, qui vous fait supposer que les opposants méprisent les résidents de St-Édouard ?
Doit-on comprendre que votre foi et votre confiance envers la firme Questerre, n’ont rien à voir avec quelque forme d’endoctrinement capitaliste assaisonné d’un don de $20 000 pour la réfection de votre église paroissiale ?
Croyez-vous qu’il soit plus rationnel pour vos gens d’avoir accepté l’exploration du GDS, sans connaître le plan d’exploitation, sans savoir qu’il pourrait y avoir de 300 à 400 forages dans votre paroisse et sans connaître tout les impacts sur l’évaluation des propriétés, les infrastructures routières, la qualité de vie de vos gens sans parler du réchauffement climatique ? Est-ce le bon sens de dire oui, les yeux fermés ?
Vous écrivez : « Il appartiendra à nous, gens de St-Édouard, de gérer les dégâts s’il en est…». Essayez-vous de nous faire croire que lorsque vos routes seront défoncées par les camions citerne et que votre nappe phréatique sera salée et toxique, vos descendants n’iront pas se lamenter au gouvernement provincial pour des fond publics ? Ne nous dites-pas qu’après avoir lu tout ce qui se publie sur le GDS depuis six mois vous n’avez pas compris qu’après avoir réparé les routes et les usines d’épuration, il ne resterait rien des maigres redevances pour la santé, l’éducation et le remboursement de la dette ? Se peut-il que vous n’ayez pas deviné, que le potentiel gazier exceptionnel de Lotbinière, profiterait surtout aux grandes gazières de l’Ouest et que l’extraction du GDS, ne nous libérerait pas financièrement de notre dépendance envers eux ? Si on y ajoute le saccage de la Vallée du St-Laurent, là nous serions looser pas à peu près. Doit-on deviner que pour vous, les retombées locales sont plus importantes que le réchauffement climatique et la disponibilité d’eau potable pour vos gens et le reste des habitants de la vallée du St-Laurent ?
Désolé que les préoccupations environnementales et économiques légitimes et fondées des opposants viennent déranger vos petits intérêts locaux. Mais comme disaient nos grand-mères, le projet pilote de St-Édouard, c’est le coin du drap qui est en train de pogner dans le tordeur. Si on vous écoutait, c’est le reste de la vallée du St-Laurent qui y passerait. Vous dites que vos gens sont capables de faire un budget mais qu’ils auraient selon vous acceptés à 90% un projet sans être en mesure de quantifier le coût des impacts sur leur paroisse et encore moins sur une extraction à la hauteur de 8000 puits en 20 ans au Québec. Il y a quelque chose qui cloche. Êtes-vous sincèrement préoccupé du sort les générations futures ? Nous en doutons !
Vous affirmez que vous n’avez pas besoin d’être endoctrinés, vous avez raison, vous l’êtes déjà par la propagande biaisée et trompeuse de l’industrie et de ses lobbyistes dans le cabinet du gouvernement Charest. Dieu merci qu’il y ait encore au Québec, des citoyens engagés, capable de voir plus loin que le clocher de leur village et d’essayer d’ouvrir les yeux de ceux qui s’aveuglent volontairement pour échapper à des réalités qui les dérangent. Mais ils ne peuvent rien quand l’aveugle ne veut rien voir. En fin de lettre, vous prétendez vouloir un débat serein et libre et du même souffle vous traitez l’étranger du village de pseudo-environnementalistes émotifs qui ne cherchent qu’à désinformer et à vous endoctriner.
Permettez nous de douter de votre bonne foi.


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2 commentaires

  • François A. Lachapelle Répondre

    16 février 2011

    Bonjour Monsieur Soucy,
    Votre lettre que La Presse a publiée le 22 janvier dernier ne me laisse pas indifférent. Je tiens à vous faire part de mes commentaires parce que je suis concerné par ce qui se passe chez vous.
    Vous écrivez, je cite «nous croyons les responsables quand ils disent que tous les moyens seront mis en oeuvre pour minimiser les impacts négatifs...» Que ferez-vous si les impacts négatifs se manifestent lorsque Questerre aura plié bagages? Un éminent géologue à la retraite, Marc Durand, parle de cette possibilité que des dommages se manifestent à long terme. Je vous invite à lire copie de l’article ci-joint. Si vous croyez les représentants de Questerre de Calgary, croirez-vous aussi un expert de chez nous?
    Vous dites aussi, je cite «Comme il appartiendra à nous, gens de Saint-Édouard, de gérer les dégâts s’il en est...» Il nous est bien difficile de vous croire sur parole parce que plusieurs dommages sont déjà identifiés par les résidants à proximité des forages contre lesquels dommages vous êtes impuissant. En plus du plus grave dommage qui est celui causé aux eaux de surface et aux eaux souterraines, il y a la perte de valeur foncière des terrains et maisons contigus aux chantiers de forage et le refus des compagnies d’assurances d’inclure dans les polices d’assurances responsabilités civiles les risques de dommages divers causés par l’exploration des gazières.
    Vous écrivez un peu plus loin, je cite «Le projet d’exploitation des gaz de schiste représente un apport économique indiscutable pour notre municipalité.» Sans le savoir, vous confondez “exploration” et “exploitation”. Durant la phase qui est celle de l’exploitation, après l’exploration, lorsque les puits de votre municipalité seront reliés à un gazoduc, l’«apport économique indiscutable» pour votre municipalité sera loin derrière. C’est à l’étape “exploration” que les camionneurs achètent de l’essence et des lunchs dans votre municipalité. En passant, avez-vous chiffré cet apport économique pour votre municipalité? Vous parlez de millions de dollars. Pouvez-vous rendre vos chiffres publics?
    Si vous avez lu le Mémoire de l’APGQ, association alors dirigée par André Caillé, mémoire daté du 11 novembre 2010 et déposé au BAPE, vous apprendrez que depuis 2008, les gazières impliquées dans les gaz de schiste ont dépensé 130 millions$ au Québec. Savez-vous combien d’emplois ont été créés avec ce 130 millions$ ? J’ai cherché à le savoir en écrivant à André Caillé et aux présidents de Junex et Gastem: aucune réponse. Pourtant, la ministre Normandeau a invité la population à s’informer.
    Le plus étonnant se trouve dans le Mémoire des gazières. À la page 6 du Mémoire, il y a un chapitre intitulé “avantages économiques pour le Québec”. Au lieu de présenter leurs réalisations de création d’emplois avec les 130 millions$, les auteurs du Mémoire préfèrent utiliser une étude prospective du groupe SECOR qui prend ses chiffres dans des statistiques des États-Unis. Si vous lisez entre les lignes, cela veut dire que les gazières n’ont pas de démonstration probante à présenter avec le travail déjà effectué au Québec depuis 2008.
    Un petit truc: avez-vous regardé dans quelle province ou état étaient immatriculés les fardiers de machineries spécialisées appelées foreuses et autres camions citernes spécialisés? Pouvez-vous faire l’exercice pour moi parce que, habitant Montréal, j’ai peu de chance de voir cette machinerie dans ma cour. Si vous voyez des plaques d’Alberta ou des États-Unis, vous comprendrez que les revenus d’immatriculation payés à l’extérieur du Québec ne contribueront pas pour l’entretien de nos routes. À moins que Saint-Édouard ait conclu des ententes privées avec Questerre et compagnies pour la réparation de vos routes.
    Plus loin, comme dirait le capitaine bonhomme, vous en poussez une autre bonne. Pouvons-nous, «collectivement parlant, nous passer des redevances et retombées de cette industrie...» Avez-vous fait des calculs combien et quand les gazières paieront des redevances au gouvernement du Québec? Un permis à 0,10$ l’hectare par année pour les 5 premières années et 0,50$ après et des redevances estimées à 3% net: vous ne verrez pas beaucoup de ces millions$ de votre vivant.
    Je termine sur un souhait: si vous êtes prêt à croire les représentants de Questerre par pure bonté, vous croirez aussi des faits montrés dans le documentaire “GAZLAND” tourné aux États-Unis: vous tapez gazland sur internet. Vous croirez aussi l’opinion de plusieurs experts du Québec comme Marc Durand géologue retraité, comme le c.a. prof aux HEC-Montréal, Jacques Fortin, qui a écrit un article intitulé «Gaz de schiste - Les promesses ne valent pas des analyses chiffrées». Monsieur Gaétan Soucy, vous devrez séparer l’ivraie du bon grain en comparant des versions contradictoires. Ne vous fiez pas à la chanson du premier vendeur de “frigo aux esquimaux”, à votre âge...!
    Cordialement, un montréalais qui paie ses impôts pour l’entretien des routes pour se rendre à Saint-Édouard de Lotbinière ou pour venir nous visiter à Montréal!

  • Archives de Vigile Répondre

    15 février 2011

    Il y a dans le monde rural du pays québécois une certaine «intelligentsia» qui exerce son influence à travers l'UPA et autres syndicats du genre, ceux de producteurs de bois par exemple. Il faut voir avec quel enthousiasme elle se jette dans les bras des développeurs immobiliers, des Barons du cochon et des sociétés éoliennes. Jusqu'à perdre tout sens critique, même si la «manne» qu'elle accueille n'est rien de plus qu'un plat de lentilles. Les coûts socio-environnementaux, connaît pas.
    Dans Lotbinière, elle a fait la peau à au moins deux préfets, et probablement à d'autres élus, qui avaient osé fixer des paramètres à la polluante industrie du cochon.
    Le gaz de schiste? Ce sera pareil pareil.