Salir l’oeuvre de Gilles Vigneault pour traiter les Québécois de «racistes»…

Le moment est venu de répondre aux propagateurs de mépris


Le tout a quelque chose de surréaliste. Dans la cohue de l’organisation d’un défilé –et de la complexité logistique de la chose – un char allégorique est, pendant un instant, poussé par des jeunes racisés, tous de la même école. Ce même char ayant été poussé aussi par de multiples autres gens.

Mais un citoyen décide de ne retenir qu’un moment précis de la marche de char allégorique pour créer de toute pièce une controverse dont le but ultime n’est, au fond, que d’ajouter une couche aux accusations sans cesse répétées que les « Québécois sont racistes ». Le tout reprit en boucle par tout ce qu’il y a d’ardents défenseurs de l’idéal diversitaire au Québec; les mêmes qui sont toujours aux premières loges afin de balancer jusqu’à plus soif lesdites accusations de « racisme ».


char-falardeau


Pendant ce temps, un autre char allégorique aurait pu, lui aussi, faire scandale. Des « pousseurs » (hommes et femmes) non-racisé(e)s qui trimbalent une tablée d’hommes en costards du genre de ceux qui ont colonisé l’Amérique; un genre de scène qui rappelle Le temps des bouffons de Pierre Falardeau. Mais la « pseudo-gauche » diversitaire n’a que faire de ces tableaux-là, son combat est ailleurs. Elle est en guerre contre l’identité québécoise. Et quand on est en guerre, il n’y a plus de logique, plus de raison qui tienne. Tous les coups sont permis.


Vomir sur l’œuvre de l’humaniste Gilles Vigneault


Cette « pseudo-gauche » diversitaire trouve une place de choix dans un média web montréalais, le Ricochet. T’as un texte à proposer du genre Le Québec est raciste – get over it, c’est la place où le publier. Ce type de mépris y est bienvenu, sans égards si la logique à partir de laquelle on applique l’accusation de « racisme ».


Des torchons du genre, il s’en publie des dizaines. Dans ce cas-ci, l’auteur, Joseph Elfassi – qui se décrit sur sa bio twitter comme « Another jewish writer » – étends la mauvaise foi à des limites peu communes. Pour affirmer que « le racisme a été normalisé [au Québec], mélangé à des notions fragiles de fierté, de résistance et de projet national », Elfassi affirme le plus sérieusement du monde qu’aujourd’hui « Gilles Vingeault (pas foutu d’écrire le nom de ce grand ambassadeur de l’humanisme québécois comme du monde – est-ce surprenant?) ne pourrait pas se plaindre du fait que les immigrants volent des emplois au Québec ».


vingeault


À la lecture de ce passage, une fois le dégout passé, je me suis dit que peut-être il existait un auteur méconnu du nom de Vingeault. Pas possible d’affirmer pareille infamie. L’œuvre de Gilles Vigneault étant marquée par un humanisme et une ouverture sans pareille dans notre patrimoine culturel.


Interpellé par des dizaines de personnes sur les réseaux sociaux, Joseph Elfassi a référé à un court métrage de fiction de 1962 de l’ONF intitulé Les bacheliers de la cinquième. Voilà ce à quoi tient l’affirmation outrancière, ce salissage honteux de l’œuvre de Gilles Vigneault.


Je vous invite à faire l’écoute de ce petit bijou de notre cinématographie, disponible gratuitement sur le site de l’ONF où on la présente de la façon suivante : « Entre mise en scène et chanson, l’œuvre traite de l’importance du travail dans la construction de l’identité ».


Gilles Vigneault est le narrateur de l’histoire signée par Clément Perron et François Séguillon. Je le répète, le narrateur. On suit l’histoire de deux jeunes hommes qui subissent les ravages de la crise économique qui sévissait à ce moment-là sur la Côte-Nord. Je le rappelle, nous sommes en 1962. À partir de la onzième minute (11 :45 plus précisément) du court métrage, des jeunes hommes discutent de leur situation difficile. « C’est rendu que ça prend une 12e année pour travailler au pic pis à pelle! » dit l’un. C’est que l’un des deux jeunes protagonistes de l’histoire admet d’emblée n’avoir terminé que sa 5e année.


À 12 :10, le narrateur (Vigneault) poursuit en ajoutant une autre tirade clairement attribuée à ce que l’on entendait de la part de ceux qui étaient victimes de cette crise. Et c’est ici précisément que Elfassi pointe pour justifier la phrase de son texte sur Gilles « Vingeault ». Le narrateur donc poursuit la conversation des jeunes en ajoutant « On sait bin! Si on était des immigrés! » À ce moment précis, l’image se fixe sur deux jeunes hommes qui fument et boivent. La phrase suivante du narrateur, « on sait bin, quand t’es pas dans la manche des boss! ».


Ce court métrage insiste beaucoup sur les carences en éducation de ces jeunes hommes comme facteur de leur détresse. Aussi, on comprend aisément que les auteurs (pas Gilles Vingeault) recourent à huit mots dans l’ensemble du court métrage afin de montrer quel type de préjugés pouvaient exister chez ces jeunes hommes trop peu instruits.


On peut bien le dénoncer du haut de notre situation actuelle, n’en demeure qu’il s’agit ici d’une œuvre de fiction de 1962. Une contextualisation s’impose.


Revenons-en à Elfassi. Faut du culot et une quantité phénoménale de mauvaise foi afin de référer à une œuvre de fiction de 1962 dont Gilles Vigneault n’est pas l’auteur, mais bien le narrateur afin d’établir aujourd’hui que cet humaniste « ne pourrait se plaindre aujourd’hui du fait que des immigrants volent des emplois au Québec ».


C’est tellement grossier, méprisant, que ça dépasse l’entendement. Je suggère à Elfassi de scruter chaque mot de l’œuvre d’Arthur Lamothe, de Gilles Groulx aussi, il y trouvera peut-être encore 5 ou 10 mots afin de continuer son œuvre de salissage de nos repères cinématographiques identitaires.


Et les « Elfassi » de ce monde font la morale aux Québécois.


Les Québécois sont racistes – get over it titre-t-il. Ça fera. Il nous incombe de répondre à ces propagateurs de mépris.

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