Paru dans [La Presse du 4 mai 2008, un court texte de M. Philippe Navarro->13221] recèle tant de contresens qu’on renonce à en dresser la liste. Heureusement, il y a moyen d’en faire la synthèse. Ainsi, selon M. Navarro, en fondant notre lutte pour l’indépendance sur la volonté de perpétuer ce qui nous caractérise comme nation, soit notre langue, notre culture et notre histoire, nous serions réactionnaires, rien de moins, et assurerions du même coup notre échec final. Mieux vaudrait donc emprunter une voie dite révolutionnaire, grâce à quoi, à la limite, un Québec enfin louisianisé, ô paradoxe, accéderait plus facilement à l’indépendance. C’est que le discours indépendantiste pourrait alors se limiter à dénoncer les injustices dont on présume que le Québec serait toujours victime et à souligner les avantages techniques et économiques d’une rupture du lien fédéral. Et par un tel discours, semble-t-on croire, nous rallierions à coup sûr tout le West Island à notre cause…
À l’appui de cette théorie bien conforme à la rectitude politique ambiante, M. Navarro nous cite, entre autres, le cas du Bas-Canada au temps des Patriotes ainsi que ceux de l’Alberta, de l’Irlande et de l’Écosse.
Les Patriotes
Dans leur combat pour l’obtention d’un gouvernement responsable, sans doute les Patriotes de 1837-38 ont-ils accueilli avec joie et générosité le soutien admirable d’une poignée d’anglophones. Il n’en reste pas moins que c’est une république canadienne-française qu’ils voulaient fonder. Autrement, Papineau et les « rouges écarlates » se fussent satisfaits de l’octroi de la responsabilité ministérielle sous le régime de l’Union et n’eussent surtout jamais dénoncé le fait que les Canadiens-Français et leurs représentants y étaient mis en minorité.
L’Écosse et l’Irlande
La volonté d’indépendance n’y repose ou n’y reposait sur rien d’identitaire, assure M. Navarro. Il est vrai que les Écossais ont perdu leur langue propre, mais de là à affirmer que la mémoire d’une culture et d’une histoire spécifiques n’alimente pas du tout leur conscience nationale et leur soif d’émancipation, il y a un pas énorme qu’un minimum minimorum de prudence interdit de franchir à toute vitesse. Pour ce qui est des Irlandais, dont la langue fut elle aussi éradiquée, qui niera le rôle immense du catholicisme dans leur résistance finalement victorieuse au colonialisme britannique ?
L’Alberta
Alors là, disons que les prétentions révolutionnaires de M. Navarro ont de quoi faire rire à s’en tordre les boyaux. Comme pour la région de Santa Cruz en Bolivie, bien loin d’une lutte de libération nationale, n’a-t-on pas plutôt affaire ici à un sinistre mouvement partitionniste fondé sur un égoïsme de riches ?
***
Voilà d’ailleurs à quoi ouvre toute grande la porte le désir de M. Navarro d’amputer de toute dimension culturelle ou identitaire notre aspiration à l’indépendance. Les arguments sonnants et trébuchants que, sauf erreur, il semble croire suffisants, au nom de quoi, si on suit sa logique soi-disant révolutionnaire, le West Island n’aurait-il pas le droit d’y recourir à son tour pour se séparer d’un Québec devenu indépendant ?
La « voie révolutionnaire » au service de la pire réaction, ce n’est pas la première fois qu’on voit ça.
Luc Potvin
Verdun
Réplique à Philippe Navarro
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
7 mai 2008Monsieur Philippe Navarro alias Christian Potvin *
(Pas Potvin dit Cadien, quand même ?)
Tout d’abord, malgré de nombreux raccourcis et ces quelques sentences plus émotives que rationnelles que vous reproche avec raison M. Jean Tremblay, disons qu’à défaut de sa justesse (que voulez-vous, nous sommes en désaccord), j’apprécie le niveau intellectuel de votre argumentation.
Vous écrivez :
« Mais avez-vous déjà réfléchi au fait que même si le Québec avait été assimilé linguistiquement au XIXe siècle, il serait encore tout à fait distinct du Canada anglais ? Qu’il chercherait peut-être même à se séparer (on peut penser à Terre-Neuve) ? Tout comme on a pas sorti l’Irlande de l’Irlandais, même en le faisant parler anglais…».
Certes, il y a des peuples qui ont perdu leur langue tout en gardant une forte conscience de leur nationalité. Encore faut-il pour cela un certain nombre de conditions dont la réunion relève presque du hasard. L’insularité, absolue ou relative, ça ne nuit pas. De même, une religion distincte de celle du conquérant mais avec un clergé plus résistant que collaborationniste, etc. Le peuple irlandais avait ces avantages, pas le nôtre, du moins pas au même degré, loin de là. Notre cas ressemble davantage à celui des Hollandais fondateurs d’une Nouvelle-Amsterdam qui est devenue New York. Ou à celui de nos frères métis de l’ouest. À quelque 70 000 au moment de la Conquête anglaise, nous avons pu in extremis échapper à leur sort. Mais eussions-nous été deux ou trois fois moins nombreux, il en aurait été bien autrement. Alors, dire qu’un Québec anglicisé au XIXe siècle serait encore aujourd’hui tout à fait distinct du Canada anglais, c’est une affirmation assez gratuite, une pure hypothèse qui ne repose sur aucune base scientifique. Y aurait-il donc, au Québec, des effluves telluriques qui conféreraient fatalement une conscience nationale à sa population, peu importent les transformations de toute nature qu’imposent à celle-ci une histoire qu’elle ne contrôle guère, vu son statut politique ? Je ne dis pas que je suis contre toute transformation. Je dis simplement que je m’interroge sur les conditions dans lesquelles la conscience nationale d’un peuple peut demeurer vivante et par conséquent déboucher sur une volonté d’indépendance. Je respecte la religion, mais, en cette matière, je ne crois pas à la Divine Providence ni à l’opération du Saint-Esprit. Et encore moins à celle d’une quelconque Main Invisible.
Les Patriotes du Bas-Canada n’avaient guère besoin de l’argument identitaire, même s’ils en ont usé un peu (et bien davantage leurs successeurs rouges sous l’Union). Le Bas-Canada était alors massivement canadien (lire : français) et son peuple pas encore mis en minorité à l’intérieur d’une structure géo-politique plus étendue. Lutter pour la démocratie (responsabilité ministérielle, droits civiques, pas de taxation sans représentation), c’était du même coup lutter pour l’indépendance nationale, ici aussi bien que dans le Haut-Canada ou aux États-Unis. Plus tard (1848), tous ces droits démocratiques nous furent accordés sans problème. C’est que nous étions devenus minoritaires. Mais qui ça, nous ? Ah ! vous voyez, on peut bien vouloir faire abstraction de toute dimension identitaire, on y revient toujours. Et pourquoi pas ? D’un point de vue strictement libéralo-pragmatique, ce qui importe, ce sont ces droits démocratiques. Nous les avons, en tant qu’individus, en tant que citoyens. Notre défi, le défi des indépendantistes, est de montrer que, contrairement à ce qu’a déjà soutenu un Stéphane Dion (comme auparavant un PET), une nation (et non un simple agrégat d’individus-citoyens) ne saurait s’en contenter si elle entend non seulement survivre mais aussi s’épanouir…
Par ailleurs, je n’ai jamais nié qu’il puisse y avoir d’impérieuses raisons économiques de faire l’indépendance. Surtout quand il s’agit d’échapper à l’exploitation. Mais l’intérêt économique seul, n’importe quelle collectivité peut l’invoquer pour tenter de se séparer de l’État dont elle fait partie (Santa-Cruz, Ulster, Westmount, etc.). C’est cela surtout qui ouvre la porte à des dérives partitionnistes qu’on ne saurait confondre avec de véritables luttes de libération nationale. On est alors pas mal plus près de la réaction que de la révolution.
Portés par un libéralisme aux accents révolutionnaires, les divers mouvements de libération nationale, dans l’Europe du XIXe siècle, ont reposé en bonne partie sur une base linguistique et culturelle (Italie, Hongrie, Grèce, Irlande, Serbie, etc.). Les monarchistes réactionnaires à la Metternich (la droite de l’époque) avaient alors et depuis toujours une conception pas mal plus multiculturelle (avant la lettre) de la nation et de l’État. Les frontières, ils les traçaient n’importe où, au gré de leurs intérêts sonnants et trébuchants, et le peuple, pour eux, c’était tout bonnement la population à l’intérieur desdites frontières, sans égard à la langue, à la culture, à l’histoire. Ce sont d’abord les libéraux révolutionnaires (la gauche de l’époque) qui ont accordé une importance politique à la dimension identitaire d’une collectivité. Puis, une fois les indépendances accomplies, bien sûr, ils ont pour ainsi dire vécu de leur identité au lieu d’en être (presque) toujours obsédés comme le sont fatalement les peuples asservis. C’est alors qu’une nouvelle droite, en général moins monarchiste que l’ancienne, s’est emparé de l’identitaire. Il est dommage qu’à gauche, plusieurs aient tendance à vouloir lui en laisser le monopole. La langue, la culture et l’histoire d’une nation, bref son identité, cela n’a rien d’absolu, et en faire un absolu relève d’un chauvinisme évidemment condamnable (et dont notre peuple infiniment plus porté à l’auto-flagellation qu’à l’autoglorification n’est certes pas coupable). Mais, cela dit, ce sont des réalités qui contribuent à la beauté du monde et, à ce titre, s’il est réactionnaire de vouloir les préserver de la dissolution dans un magma mondialiste et impérialiste, eh bien, alors, ce sont ceux-là même qui croient cela qui s’ingénient à leur insu à donner à la dite réaction un visage plus humaniste, voire plus humain, qu’à la dite révolution.
De la gauche, le libéralisme est depuis longtemps passé en grande partie à droite. Il serait peut-être à peu près temps d’en convenir, à tout le moins de s’en apercevoir. Sous sa forme économique, l’ultra-capitalisme, il est autant synonyme de dépersonnalisation que d’exploitation. Pour ma part, je rêve d’une alliance entre ceux qui en dénoncent le caractère exploiteur (une gauche socialiste non extrême) et le caractère dépersonnalisant (une droite culturelle non extrême). Une gauche socialiste non extrême, c’est-à-dire sans enrégimentement communiste ni dogme matérialiste. Une droite culturelle non extrême, c’est-à-dire sans Index ni recours aux arguments d’autorité). Mais, bon, pour l’instant, je constate surtout, pour la déplorer, l’alliance de ce qu’on pourrait appeler une gauche culturelle férue de table rase ou violemment hostile à toute tradition et d’une droite capitaliste animée d’une morgue, d’un esprit de domination qui ne le cède en rien à celui des élites du passé…
Luc Potvin
PS : Un Québec indépendant ET français, c’est possible et c’est ce que je veux, comme la quasi-totalité des indépendantistes.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
7 mai 2008Philippe Navarro : trop de français au Québec.(arrêtez la thérapie)
De son ancien poste d’attaché politique au PQ, Philippe Navarro a retenu l’apprentissage de ses couleurs : Bleu(vieux surtout), c’est Duplessis, c’est identitaire(tiens, c’est devenu une insulte) et c’est clanique… À l’opposé, Rouge(écarlate), c’est un programme de gauche révolutionnaire : Nouvelle république… (le marteau et la faucille, c’était gauche?)
De sciences po il a retenu que le World Music pratiqué dans le Mile-End accrédite la lingua franca contemporaine que serait devenu l’anglais chez NOUS. Il fait claquer toutes ses vérités comme les sentances d’un rapp… Il en met tellement, qu’il sonne comme un rapp révolté de ghetto :
Les quelques persécutés qui le contesteront
Ont raté le train de la mondialisation
Pas de lien entre langue et indépendance
Vieille droite cléricale, flambeau des curés
Réacs de régions/revanche des berceaux (mode du hors Montréal : pas Kosher)
C’est sûr que ses Blues passent pus dan’porte(enflure abcédative)
Parmi les oublis volontaires dans sa liste de pays qui vivent sans leur langue : La Louisiane. Les leaders(mondialisants) de l’État de Louisiane ont fini par persuader les francophones que leur culture survivrait bien à l’extinction de la langue… Que les É.U.A. les accueillerait même d’avantage… Aujourd’hui, les Cajuns qui ont prospéré se gardent bien d’être identifiés à l’Acadie et ses violons grinçants qui accompagnent les danseurs en rond mangeurs de creviss, de chevrett pis de boudin blanc dans le jambalaya sur les bayous!
Prosélyte d’une cause où le mépris et la prétention pourraient provenir de l’ignorance, s’il ne faisait étalage de tant d’érudition coloniale. A se cantonner dans une bulle urbanisée, on néglige TOUT le territoire. L’ignorance feinte se conforte dans la concentration des média, la désinformation :Non, le Canada n’est pas en train de réaliser son ultime confort : One country, one language. On n’a qu’à recruter Philippe, il va mener le Québec, désormais guéri de la névrose nationaliste. On l’a parfaitement dénationalisé. Pour ceux qui se demandent encore où est rendu le Québec : Voilà, la relève est assurée, la langue française nous a causé assez de retard et Galganov revient de l’Ontario pour briguer le poste de PM.
Archives de Vigile Répondre
7 mai 2008Je ne réplique JAMAIS sur ce site, bien qu'on m'y prenne parfois à partie, car j'estime qu'il nuit souvent à la cause de l'indépendance bien davantage qu'il n'y participe.
Je ferai une exception pour vous, M. Potvin, puisque votre réplique n'était pas sans saveur. En plus le nom de Potvin m'est sympathique puisque c'est le nom qui me rattache à ce coin de pays.
Donc, cher 'cousin',
Il est étonnant que vous ayez réussi, d'abord, à faire une synthèse aussi cohérente à partir de mes 'contresens'. Je relis votre premier paragraphe et le trouve excellent. Comme dirait Achille Talon à Lefuneste : c'est tout moi. C'est peut-être le fait que mes contresens font sens davantage que vous le pensez. Seulement, ce n'est pas votre intellect qui est heurté par cette froide logique, mais vos émotions. Ce ne serait donc pas des 'contresens' mais bien des blasphèmes. Le français au Québec, c'est un sujet qui a remplacé la religion : c'est tabou. J'ai beau relire, je ne vois pas où est la correction politique d'un texte plutôt 'hardcore', vous en conviendrez, pour être publié dans la presse à grand tirage.
Vous qui dénoncez le fait que les 'méchants de GESCA' ne publient jamais le mot 'indépendance', vous devriez pourtant être ravi… Car c'est un texte indépendantiste, à tous égards.
Mais quel est le vrai indépendantiste ? Celui qui préfère un Québec unilingue français fédéré (le but des radicaux de la loi 101), ou celui qui préfère un Québec indépendant bilingue ? Posez-vous la question, M. Potvin. Vous tous, qui lisez. Et répondez. Parce que c'est bien là l'alternative devant laquelle nous sommes.
Un Québec indépendant, avec son million d'anglos et consorts, serait pas mal plus comme la Belgique ou la Suisse que la France… Faut se faire à l'idée. Ça parlerait anglais à l'Assemblée nationale. Ces gens, ces citoyens, auront des droits. Pour l'instant ils se tiennent 'low profile' parce qu'ils c'est nous, Canadiens français, qui sommes la 'minorité' au sein du Canada. Mais après un OUI, les francophones seront une majorité dans leur propre pays, et devront se montrer à la hauteur. La 'minorité' anglaise réclamera beaucoup plus de place, et l'obtiendra. Aussi, un Québec indépendant sera tout aussi, sinon plus, 'anglais' que maintenant.
Et si le but c'est le Québec français, pas la peine de se séparer pour ça ! Il y a juste cent ans, ça parlait anglais en Estrie et à Québec… Le Québec est plus français qu'il l'a jamais été, et ce, en étant fédéré. Pour croire que le fédéral 'menace' le fait français, faut vraiment être carrément parano.
D'où la conclusion, impitoyable : la langue est une très mauvaise raison pour voter OUI.
Baser la lutte sur de l'identitaire ethno-linguistique Canadien français (oui, des 'patentes' de curé) était mal avisé au Québec, puisque 20 % des Québécois ne sont pas des Canadiens français. Ça part mal. Pas étonnant que ç'ait échoué deux fois. Et même si ç'avait réussi, c'est la partition garantie, puisque 99,8 % des 'autres' auront voté non, et que la ligne de faille est nette, nette, nette.
C'est une recette pour le désastre… Lâchez-moi la correction politique. Si vous lisez mes autres textes, vous verrez que je ne m'en embarrasse pas trop. Être fier d'être Québécois et tout ça, oui, certes, mais ça n'excuse un manque d'intelligence stratégique crasse. En 1995, nous n'avons pas frôlé le pays. Nous avons frôlé la catastrophe.
L'Alberta, un « sinistre mouvement partitionniste basé sur la richesse »… Et alors ? Qu'importe le moyen, si on arrive à notre fin ? Si on trouve du gaz naturel et du pétrole dans le fleuve (il y en a) et que le Québec PAYE de la péréquation dans dix ans au lieu d'en recevoir, vous pouvez être sûr que le OUI va passer haut la main. Les p'tits bourgeois de Québec auront plus peur que leurs maisons perdent de la valeur. D'ailleurs, la clef de l'indépendance est là : au fond du fleuve. Qu'on trouve du pétrole, est la cause est entendue. On mettra un 'tape' de Félix Leclerc pour satisfaire les nationaleux le Grand Soir, pendant que les pragmatiques penseront aux choses concrètes, nommément, comment s'enrichir dans ce nouvel eldorado que sera la République du Québec.
Je vous fais grâce d'une leçon sur les Patriotes du Haut-Canada. Renseignez-vous. Et évidemment qu'il y a de l'identitaire en Irlande et en Écosse. Mais avez-vous déjà réfléchi au fait que même si le Québec avait été assimilé linguistiquement au XIXe siècle, il serait encore tout à fait distinct du Canada anglais ? Qu'il chercherait peut-être même à se séparer (on peut penser à Terre-Neuve) ? Tout comme on a pas sorti l'Irlande de l'Irlandais, même en le faisant parler anglais…
Quant au paradoxe que vous voyez entre l'économie et le révolutionnaire, je ne vois pas. Le Boston Tea Party, ça vous dit qq chose ? Les 13 colonies étaient écoeurées de se faire taxer. La Révolution française a commencé à l'été 1789 quand le prix du pain a triplé, après presque cent ans de fixité. L'écroulement de l'Union soviétique est essentiellement dû à une crise économique, etc. etc. Y'a qu'une place où aller chercher un homo economicus : ses poches.