Comme il fallait s’y attendre, le gouvernement Harper donne son accord au projet d’Enbridge de construire l’oléoduc Northern Gateway pour relier l’Alberta au Pacifique. Malgré les 209 conditions rattachées à la décision, le projet suscite toujours autant d’opposition. Les Québécois ont intérêt à suivre cette affaire de près.
Selon les plus récents sondages, près de 70 % des citoyens de la Colombie-Britannique rejettent l’idée d’un oléoduc double pour faire circuler du pétrole des sables bitumineux vers le Pacifique dans une direction, et des produits chimiques servant à sa dilution dans la direction inverse.
La principale opposition vient des environnementalistes et des dizaines de nations autochtones dispersées le long du parcours, mais aussi du gouvernement de la Colombie-Britannique qui a posé cinq conditions au passage du pipeline sur son territoire.
À ce jour, une seule de ces conditions a été remplie, soit que l’Office national de l’énergie procède à une évaluation environnementale. Pour les autres, dont l’assurance d’une prise en charge intégrale des risques environnementaux et une participation significative aux bénéfices du projet, elles sont encore loin d’être satisfaites.
À Ottawa, tous les partis d’opposition s’opposent au projet. Tant Thomas Mulcair que Justin Trudeau s’engagent à l’annuler s’ils sont portés au pouvoir.
De son côté, le gouvernement Harper continue de défendre avec la dernière énergie la nécessité de développer les moyens de transport du pétrole albertain vers l’Asie qui est perçue comme la planche de salut de l’économie canadienne — lire de l’économie de l’Ouest.
Curieusement, l’annonce de la décision, mardi, s’est faite par simple communiqué de presse. Aucun membre du cabinet Harper n’a voulu répondre aux questions des médias. Les conservateurs détenant 21 sièges en Colombie-Britannique, on comprend encore mieux le silence de plusieurs ténors du parti dans cette province à 16 mois des élections. Pour le moment, il est donc loin d’être acquis que l’oléoduc d’Enbridge verra le jour. Surtout si les conservateurs perdent les élections en 2015.
De même en est-il d’un autre pipeline qui fait la manchette depuis quelques années, celui de Keystone XL de TransCanada, auquel l’administration Obama hésite toujours à donner son aval.
Pour tout dire, le seul oléoduc d’envergure qui semble assuré de voir le jour d’ici 2018, c’est le projet Énergie Est de TransCanada qui doit transporter rien de moins que le double de pétrole que le Northern Gateway vers les installations d’Irving au Nouveau-Brunswick. S’il aboutit comme les experts le prévoient, une partie du pétrole sera raffinée sur place et l’autre, exportée.
À ce jour, malgré les risques pour l’environnement le long des milliers de kilomètres parcourus, dont une fraction importante à proximité du Saint-Laurent, le gouvernement du Québec n’a manifesté aucune réserve ni posé de conditions au passage d’Énergie Est sur son territoire. Pourtant, ce sont les Québécois qui devront subir les conséquences d’éventuels déversements de brut.
À l’inverse, les lobbyistes du Nouveau-Brunswick, de la famille Irving et de TransCanada sont très actifs depuis un an auprès des ministres du gouvernement Harper, qui se délectent d’un tel appui à ce projet.
Qu’attend le gouvernement du Québec pour intervenir activement dans un dossier aussi important et dont les retombées s’annoncent pour le moins restreintes, sinon négatives pour le Québec ?
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