La révolution que Denis Coderre veut proposer pour Montréal a un aspect nécessaire, mais aussi un autre, excessif, dangereux. S’il a raison de vouloir mettre fin à la «balkanisation» de la métropole — triste héritage Tremblay-Fournier-Charest —, il va trop loin en cherchant pratiquement à séparer Montréal du Québec.
En avril 2003, dès l’élection des libéraux de Jean Charest, un processus délétère de réorganisation municipale s’est engagé à Montréal. On allait annihiler le rêve vieux de 40 ans d’une île, une ville, lequel venait d’être réalisé. Le retour du Parti libéral du Québec au pouvoir réveillait les forces centrifuges. Pour les calmer, avant de réaliser la promesse des défusions, on sortit le bâton (la loi 9), mais surtout la carotte, la loi 33.
Comme le répéterait un des élus de Gérald Tremblay, Robert Libman, « maintenant que la ville a été décentralisée avec la loi 33 », il n’existe plus rien qui « menace le caractère spécifique de nos communautés ». Inutile de défusionner, martelait le maire dans sa campagne contre les fusions, la loi 33 a fait des arrondissements de quasi-villes. Et il avait raison, car cette loi, adoptée sous le bâillon en décembre 2003, allait très loin : elle transformait les « présidents d’arrondissement » en « maires » (avec le droit d’avoir un « cabinet » !), en faisait des élus au suffrage universel (ce qui leur donne une légitimité très grande). Les arrondissements obtinrent la possibilité de contracter des emprunts, se donnèrent chacun un service des ressources humaines, etc.
Or, ni la carotte ni le bâton n’ont fonctionné : en juin 2004, treize villes de l’ouest de l’île et une ville de l’est (Montréal-Est) optaient pour le démembrement. En cours de route, ce qui restait de la grande ville s’est retrouvé divisé. L’ancienne ville de Montréal elle-même fut morcelée en arrondissements. Les opérations de fusion et de défusion ont conduit à une immense confusion. Montréal a besoin d’une sorte de « refusion », et c’est ce que souhaite le maire Coderre avec raison. On dit souvent que la fusion a été un franc succès à Québec : c’est en grande partie parce que son maire Jean-Paul L’Allier, au moment de l’épisode des défusions, a refusé de tripoter sa charte pour tenter d’accommoder les défusionnistes. Tremblay, lui, avait été élu en 2002 grâce à un rassemblement de politiciens qui avaient combattu la grande ville.
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LA MÉTROPOLE SELON CODERRE
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