L’apparition de Bernard « Rambo » Gauthier dans le décor politique, à titre de principal porte-parole et éventuel candidat du parti des Sans parti-Citoyens au pouvoir, a provoqué une certaine excitation et beaucoup d’interrogations.
Pour dissiper au départ une certaine confusion, rappelons que ce mouvement des Sans parti, auquel j’ai participé à l’origine, s’était constitué en parti en 2012, sous le nom de Coalition pour la constituante, afin de présenter 12 candidats aux élections de 2012, avec comme programme la convocation d’une Assemblée constituante citoyenne mandatée pour définir de nouvelles règles du jeu démocratique dans une première Constitution du Québec. Après l’élection, il m’a semblé plus utile de faire un travail d’information et de vulgarisation autour de ce projet constituant, trop peu connu de la grande majorité des citoyens et des politiciens eux-mêmes, ce que j’ai fait entre autres en publiant deux ouvrages de vulgarisation : Constituer le Québec et Surivre à l’offensive des riches. De leur côté, ceux qui sont restés au parti ont choisi de reprendre le nom de parti des Sans parti, maintenant le parti des Sans parti-Citoyens au pouvoir.
Les coups de gueule ne dispensent pas d’un projet politique cohérent. Certes, l’écoeurement des citoyens et des régions quant au gouvernement actuel et aux partis politiques en général est de plus en plus généralisé, et il constitue la base indispensable d’un mouvement de restauration de la démocratie. Encore faut-il ne pas en rester aux coups de gueule et être en mesure de présenter un projet et une stratégie politique qui puissent fournir une solution crédible à cet échec de notre démocratie et fédérer les forces de changement autour de ce projet.
Est-ce que « Rambo » Gauthier et l’équipe qui est derrière lui sauront dépasser le gueulage et la rhétorique des gros bras auquel « Rambo » nous a accoutumés, et fournir autre chose qu’un exutoire douteux au mécontentement des citoyens et des régions éloignées ? Rien ne le garantit pour le moment, et j’en doute.
Le co-porte-parole du parti, Frank Malenfant, nous dit que le programme du parti est la démocratie directe et la convocation d’une Assemblée constituante non partisane tirée au sort. Mais ce processus constituant est pour le moment passablement vague et noyé dans les propos souvent inquiétants de Gauthier, sinon absent de ces derniers, et pour cause. Ce n’est pas simple et ça exige deux ou trois notions de politique et de démocratie 101. On le voit avec Trump, on ne s’improvise pas facilement politicien et les risques d’un populisme trop facile sont bien réels.
Division
Mais surtout, Gauthier et son équipe sont-ils en mesure, dans le temps qui nous sépare de l’élection de 2018, de fédérer les forces progressistes susceptibles d’adhérer à un projet politique d’Assemblée constituante citoyenne tirée au sort et libre de ses délibérations ? Car l’idée a fait du chemin depuis 2012 et les Sans parti ne sont plus les seuls à la promouvoir. Québec solidaire s’est souvenu qu’il avait une telle promesse dans son programme, comme solution non partisane à la question nationale, et il entend bien maintenant la mettre de l’avant. Le bilan des états généraux sur la souveraineté et surtout le rapport dissident de Sébastien Ricard sont parvenus à la même proposition d’un processus constituant citoyen.
Un vaste mouvement, récemment renommé Alliance pour une Assemblée constituante québécoise, a mobilisé plusieurs milliers de militants autour de ce projet politique depuis un an. Les mouvements syndicaux, communautaires, citoyens qui exigent une réforme de nos institutions démocratiques (mode de scrutin, initiative populaire, chambre des régions, chambre citoyenne, etc.) ne se comptent plus. Une équipe de Gaspésiens a même entrepris de mettre en oeuvre un processus constituant régional pour doter la Gaspésie d’une première Constitution régionale.
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