RETRAITES

Québec provoque le départ de milliers d’employés

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Encore les cachotteries du gouvernement Couillard

Le tour de vis que veut appliquer le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, aux régimes de retraite des employés de l’État entraînera le départ hâtif de 8000 à 10 000 d’entre eux. C’est deux fois plus que le nombre qu’il prévoyait en décembre.

Lors de l’étude en commission parlementaire des crédits du Conseil du trésor, son directeur de la rémunération globale, René Dufresne, a révélé ces nouvelles données. Ces 8000 à 10 000 départs supplémentaires en 2015 et 2016, que ce soit dans la fonction publique ou les réseaux de la santé et de l’éducation, s’ajouteront aux 15 000 employés de l’État qui prendront leur retraite à chacune des deux prochaines années. C’est donc de 38 000 à 40 000 employés de l’État qui prendront leur retraite en deux ans, soit un nombre semblable à celui qu’avait atteint, dans la seule année de 1997, le gouvernement de Lucien Bouchard.

En dévoilant les offres du gouvernement l’automne dernier, Martin Coiteux avait affirmé sa volonté de réduire les avantages des régimes de retraite des 540 000 employés de l’État, dont le plus important, le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP). Ainsi, à compter du 1er janvier 2017, l’âge de la retraite sans pénalité passerait de 60 à 62 ans, le calcul de la rente se baserait sur les huit dernières années de travail plutôt que les cinq dernières, et la pénalité en cas de retraite anticipée grimperait de 4 % à 7,2 % par an. « Il est possible qu’il y ait quelques devancements dans les deux prochaines années, 2000 à 5000 de plus. C’est marginal », avait déclaré Martin Coiteux à La Presse en décembre.

Au premier trimestre 2015, le nombre d’employés qui se sont adressés à la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances (CARRA) pour obtenir de l’information sur leur rente a bondi. Des employés qui en sont à quelques années de leur retraite ont intérêt à quitter leurs fonctions avant janvier 2017 puisque l’application des nouvelles règles diminuerait leur rente même en tenant compte de la pénalité actuelle de 4 % par an.

Corrigeant les données qu’elle avait fournies au Soleil à la fin mars, la CARRA, qui administre 30 régimes de retraite dont le RREGOP et le Régime de retraite du personnel d’encadrement (RRPE), a indiqué qu’elle avait enregistré 7535 demandes au premier trimestre de 2015, une hausse de 23 % par rapport à la même période l’an dernier. La CARRA n’avait auparavant signifié qu’une augmentation de 8 %, une « erreur de manipulation humaine », a indiqué jeudi son p.-d.g., Christian Goulet, en commission parlementaire.

Martin Coiteux a réitéré que son intention était d’assurer « la pérennité du régime » pour les 20 à 25 prochaines années avant de viser une réduction des contributions des cotisants, dont l’État, qui en paie la moitié. Il a soutenu qu’à l’heure actuelle, le régime de retraite subventionnait les départs anticipés.

Tout en reconnaissant que l’annonce de ces modifications au régime entraînerait des départs hâtifs, le président du Conseil du trésor a dit croire qu’à la faveur des négociations en cours avec les syndicats, « il y a des moyens de mitiger ces effets-là ».

René Dufresne a signalé que ces 8000 à 10 000 départs à la retraite supplémentaires « vont se résorber rapidement par la suite » puisqu’en 2017, l’âge à la retraite sans pénalité sera repoussé de deux ans.

Selon nos informations, le gouvernement savait pertinemment qu’en annonçant cette volonté de réduire les avantages des régimes de retraite, des milliers d’employés de l’État choisiraient de précipiter leur départ à la retraite, un effet qui favoriserait l’atteinte et le maintien de l’équilibre budgétaire en fournissant à l’État une marge de manoeuvre salutaire. De son côté, Martin Coiteux a soutenu à plusieurs reprises que l’objectif n’était pas d’inciter plus d’employés de l’État à partir.

Le député péquiste Alain Therrien s’est inquiété de ces départs hâtifs, qui risquent, selon lui, d’avoir des répercussions néfastes sur les services publics.


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