M’est avis que l’ancien premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, est allé à la pêche cette semaine en confiant au correspondant de la Presse canadienne que le président Nicolas Sarkozy aurait un message important à livrer cet automne, à l’occasion de sa visite à Québec. Le président voudrait moderniser la formule diplomatique selon laquelle la France ne veut pas s’ingérer dans les affaires intérieures canadiennes tout en n’étant pas indifférente à ce qui se passe au Québec.
C’est la formule, ambigüe à souhait, de «la non ingérence dans la non indifférence» inventée en 1977 par Alain Peyrefitte. «Nicolas Sarkozy est contre le ni-ni» fait-on savoir de Paris. Ça on le savait. Demandez donc à ses anciennes blondes: le président serait plutôt pour le «et-et». L’homme a si grand coeur qu’il est capable d’entretenir plusieurs amours à la fois!
Remarquez que les explications de Jean-Pierre Raffarin sont tout aussi confuses. Je le cite: «Je pense que Nicolas Sarkozy souhaite maintenir cette relation privilégiée avec la province, mais évidemment dans une stratégie de non opposition au Canada. Quelquefois dans notre histoire, la relation franco-québécoise a été privilégiée au point où on ne se mêlait pas du reste. Aujourd’hui, c’est une relation privilégiée avec le Québec pour que la relation avec le Canada soit privilégiée.»
Nous offrons un voyage à Paris et un séjour d’une semaine à l’Hôtel Matignon à toute personne sachant décoder ce langage. Ceci dit, la nouvelle m’inquiète. En général, quand de tels messages parviennent des capitales étrangères, surtout à l’occasion de changements de gouvernement, on va aux renseignements. C’est le rôle des ambassades ou, dans le cas du Québec, de ses Délégations. Or, les acteurs en place ne sont guère portés à faire du zèle, qu’il s’agisse de l’ambassadeur du Canada, Marc Lortie, du Délégué général du Québec, Wilfrid-Guy Licori, sans parler des ministres Maxime Bernier à Ottawa et de Monique Gagnon-Tremblay à Québec. Quatre québécois, on devrait être bien servis hélas ces gens-là savent que la belle carrière et les belles retraites sont à Ottawa plutôt qu’à Québec…
En d’autres temps - disons à la glorieuse époque de Claude Morin et de Louise Beaudoin, les représentants du Québec voyaient venir ces choses parce qu’ils avaient un réseau d’informateurs et d’amis à Paris. Aujourd’hui? Qui se chargera d’expliquer à l’Élysée que la France a un devoir historique à l’égard du Québec? Il ne manquerait plus que le président Sarkozy profite du 400ème anniversaire de Québec pour abandonner une deuxième fois le Québec.
L’Action démocratique et le Parti québécois vont-ils au moins réveiller Jean Charest et ses ministres?
Québec dort-il au gaz?
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