Québec — Malgré un contrôle serré des dépenses publiques, des revenus moindres que prévu forcent le gouvernement Marois à piger dans les réserves et à s’appuyer sur des versements de péréquation plus élevés pour atteindre le déficit zéro l’an prochain.
« La partie que nous contrôlons le mieux, c’est les dépenses, et [pour] cette partie-là, on a livré la marchandise », a affirmé le ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Marceau, en dévoilant, jeudi, sa mise à jour économique et financière.
Le ministre refuse de reconnaître que la hausse des transferts fédéraux sauvera la mise. « On n’arrive pas à l’équilibre budgétaire parce qu’on est sauvé par quelqu’un, on arrive à l’équilibre budgétaire parce qu’on a fait des efforts considérables et on continue à en faire. Puis, à certains égards, on paie le prix pour ça. Puis, à certains égards, j’aimerais avoir le bénéfice de ça. »
Les objectifs fixés dans le budget de novembre quant à la hausse des dépenses de programmes demeurent intacts, soit une croissance limitée à 1,9 % pour l’année qui s’achève et un autre du même pourcentage l’an prochain, l’année de l’atteinte du déficit zéro.
Baisse des revenus
Or, le gouvernement Marois subira une baisse de ses revenus autonomes de 250 millions cette année et de 565 millions l’an prochain. « Quand on considère que le budget du Québec, c’est 90 milliards de dollars, on n’est pas dans des changements très importants », a relativisé Nicolas Marceau.
Ainsi, le ministre table maintenant sur une croissance de 1,3 % en 2013 et de 1,8 % en 2014, soit 0,2 % de moins que les prévisions de novembre dernier. « On n’échappe pas au contexte mondial », a-t-il fait valoir, tout en rappelant que la croissance de l’économie canadienne avait elle aussi ralenti.
La chute des taxes à la consommation (- 135 millions), surtout à la fin de la dernière année, ainsi que la baisse de l’impôt des particuliers (- 125 millions) et de celui des sociétés (- 65 millions) expliquent l’écart en 2012-2013 par rapport aux prévisions faites il y a quatre mois à peine. Pour l’an prochain, les revenus provenant des taxes à la consommation diminueront davantage (- 183 millions), tout comme les revenus issus de l’impôt des sociétés (- 138 millions), par rapport aux prévisions.
Alors que le gouvernement augmentera sous peu les redevances minières, les redevances sur l’exploitation de ressources naturelles, en provenance essentiellement de l’industrie minière, reculeront de 15 %, ou de 35 millions, sur une somme prévue de 233 millions en 2012-2013. L’an prochain, ce sera 20 % de moins, ou 62 millions qui seront retranchés des 300 millions attendus. « Les prix ont baissé », a indiqué le ministre. « C’est vraiment le contexte mondial. Vous irez voir les indices de prix des différents minerais. »
Pour combler le manque à gagner de 250 millions cette année, le gouvernement puise 150 des 200 millions de la provision pour éventualités. Un service de la dette moins cher apportera 95 millions de plus.
L’an prochain, l’écart de 565 millions sera résorbé grâce à une hausse des transferts fédéraux, essentiellement la péréquation, par une baisse du service de la dette de 85 millions et par une ponction de 200 millions dans la provision pour éventualités qui était fixée à 400 millions.
L’opposition a décrié ces résultats en deçà des attentes. Pour le chef libéral, Philippe Couillard, cette chute de revenus s’explique par une baisse de l’investissement des entreprises dans le secteur minier et dans la fabrication.
« L’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario, et entre le Québec et le reste du Canada, va augmenter », a déploré, pour sa part, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.
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