Le responsable destitué aspire à retrouver son fauteuil la semaine prochaine, mais sans quitter son exil belge. Une formule inédite qui suscite le scepticisme et se heurte à des écueils juridiques.
Dans une semaine, le 17 janvier, le Parlement catalan élu le 21 décembre tiendra sa première séance. Ensuite, les députés devront élire le président de la région, qui succédera à Carles Puigdemont, démis de ses fonctions le 31 octobre à la suite de sa déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne. Sur le papier, l’équation est claire : les trois listes indépendantistes cumulent 70 députés, deux de plus que la majorité absolue. Elles devraient logiquement investir Puigdemont, candidat du parti arrivé en tête, le Parti démocratique européen catalan (PdeCat). Or, le sortant, exilé en Belgique pour échapper aux poursuites de la justice espagnole, n’a aucune intention de rentrer à Barcelone. Et son intention de diriger la Catalogne via Skype est loin de faire l’unanimité, même dans ses propres rangs.
Pacte
Mardi soir, Puigdemont et Marta Rovira, numéro 2 du parti indépendantiste ERC (gauche républicaine de Catalogne), se sont rencontrés à Bruxelles. Le numéro 1, le vice-président destitué Oriol Junqueras, visé par une enquête pour « rébellion et sédition », est en effet emprisonné depuis le 2 novembre près de Madrid. L’entrevue entre les deux principales forces séparatistes a débouché sur un pacte, mais mercredi matin, les deux parties semblaient en avoir une interprétation différente. Les partisans de l’ancien président donnent pour acquis qu’il suivra la séance inaugurale par visioconférence et que son discours d’investiture sera lu par un(e) autre élu(e) du PdeCat. Pour ERC, cette hypothèse doit auparavant être validée par les letrados, les experts juridiques du Parlement régional. Ce point oppose toujours les spécialistes : le statut d’autonomie de la région n’a pas prévu le cas d’un aspirant président physiquement absent lors de sa propre investiture.
Le PdeCat tient à la reconduite de son chef, même s’il faut pour cela bricoler un scénario abracadabrant. La restauration du président destitué par Madrid montrerait que le peuple catalan, par la voie pacifique du suffrage universel, annulait les effets de l’article 155 de la Constitution espagnole, employé par le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, pour mettre fin à l’équipée indépendantiste du gouvernement catalan. Mais au-delà de la validité ou non de la candidature de Puigdemont, il y a d’autres variables à prendre en compte. L’une d’elles est l’attitude de la Candidature d’union populaire (CUP), formation de gauche radicale et indépendantiste qui a obtenu quatre sièges. Sans eux, le bloc formé par PdeCat et ERC n’atteint pas la majorité absolue. En 2015, le ralliement de la CUP avait permis l’élection de Carles Puigdemont. Mais l’alliance avait coûté cher au PdeCat, qui avait dû renoncer à présenter son candidat, Artur Mas, que les radicaux accusaient de représenter le monde des affaires et de la banque. Mas, ancien président régional devenu président du parti, a présenté sa démission lundi.
Arguties
Dans les jours qui viennent, le débat politico-juridique catalan va être intense. Et d’autres questions se posent. Les sept députés indépendantistes emprisonnés ou exilés pourront-ils voter par procuration ? L
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