Protégez le français, revenez sur votre île!

Montréal - le choc

L'anglicisation de Montréal est un phénomène qui me préoccupe grandement. Je ne suis pas le seul à m'en inquiéter: selon un sondage Léger Marketing paru dans Le Devoir du 22 juin 2009, près de 90 % des Québécois francophones estiment que la langue française est menacée à Montréal.
Dans les faits, le poids démographique des individus de langue maternelle française recule sans cesse à Montréal depuis 40 ans. Il est passé de 61 % en 1971 à 50 % en 2006. Malgré cela, certains nous disent qu'il n'y a pas de problème, car l'immigration dont nous sommes en partie responsables n'a jamais été aussi francophone et la loi 101 nous assure une francisation permanente des jeunes allophones. Si tout va bien, pourquoi tant de francophones ont-ils l'impression que Montréal s'anglicise?
On constate que ce recul du français est dû à plusieurs facteurs. Le plus important, à mes yeux, est le fait que les francophones de l'île ont quitté massivement Montréal pour s'établir en banlieue. De 1986 à 2006, sur l'île de Montréal, le solde migratoire des individus de langue maternelle française a été déficitaire de 184 000 personnes (-53 000 de 2001 à 2006). C'est plus qu'une fuite dans la coque du navire, c'est un trou béant qui risque de couler le fait français à Montréal! Ce sont près de 200 000 francophones de moins, des milliers de familles, qui ne vivent pas en français sur l'île et qui n'entrent pas en contact quotidiennement avec les allophones.
Deux cultures
À l'opposé, les anglophones sont grandement concentrés sur l'île de Montréal, ce qui donne beaucoup de vitalité à la culture anglophone. Les allophones ont donc le choix et la possibilité de vivre dans les deux cultures. D'ailleurs, un allophone sur deux vit dans la culture anglophone à Montréal: 50 % d'entre eux fréquentent les cégeps et les universités anglophones, 38 % travaillent uniquement ou principalement en anglais et un grand nombre d'entre eux consomment surtout des médias anglophones.
Vivre dans la culture anglophone pour un allophone augmente le risque de transfert linguistique intergénérationnel vers l'anglais et le rend exponentiel s'il y a union avec un ou une anglophone. Donc, moins il y a de francophones sur l'île de Montréal, plus les allophones vont fonder des familles avec des anglophones. Si l'on veut que les allophones s'intègrent majoritairement à la culture francophone, nous devons vivre avec eux et nous devons être nombreux à le faire!
Dans ce contexte, il ne faut pas seulement légiférer sur l'affichage, sur la langue d'enseignement au collégial, sur la langue de travail, sur la langue de l'administration publique et sur l'immigration. Il faut travailler au développement des politiques pour garder sur l'île de Montréal les francophones qui y habitent déjà et créer les conditions de retour vers Montréal pour les francophones souhaitant y demeurer.
Cependant, avant de cibler les raisons pour lesquelles les francophones quittent l'île et avant de développer des politiques de retour vers Montréal, il faut établir un consensus parmi tous les Québécois qui ont à coeur la survie de la langue française: le retour des francophones à Montréal est une condition nécessaire au renversement de l'anglicisation du coeur économique du Québec. Je crois profondément que la francisation de Montréal doit devenir un dossier aussi prioritaire que l'environnement, que le développement économique, que l'éducation ou la santé. Le jour où Montréal basculera vers l'anglais de façon définitive, c'est tout le Québec qui basculera.
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Pierre Curzi, Député de Borduas et porte-parole de l'opposition officielle en matière de langue


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