Prospérité, instabilité et état d'urgence au Pays basque

De la lutte indépendantiste à la lutte environnementaliste - étude de cas

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De la lutte indépendantiste à la lutte environnementaliste - étude de cas
Le Pays basque forme la région la plus riche et prospère d'Espagne. Cette région autonome, qui présente plusieurs similitudes avec le Québec dans le Canada, jouit d'une certaine autonomie au sein du pays duquel il fait partie, sans toutefois être complètement indépendant de celui-ci.
La crise économique ne faisant pas d'exception, des emplois s'y perdent, la population est inquiète et les valeurs mobilières y sont en chute libre. Cet événement est fort probablement l'une des causes de la défaite du PNV, le Parti indépendantiste basque, qui détenait jusqu'à aujourd'hui, le pouvoir absolu de cette région autonome depuis la mort du dictateur Franco et de la création de la première démocratie espagnole en 1979.
ETA et la lutte continue
Cette instabilité politique nouvelle cachait une instabilité continue et bien réelle qui affecte le peuple basque depuis son adhésion à la République espagnole. Alors que le FLQ n'a duré qu'un court moment et qu'il fait définitivement partie d'un embarrassant souvenir pour tout le mouvement souverainiste québécois, la situation de son grand frère basque, ETA, est tout autre.
En effet, cette organisation terroriste qui lutte pour l'indépendance du Pays basque, autant du côté espagnol que français, fait partie du quotidien du peuple basque depuis déjà 40 ans. Plus souvent haïe qu'adorée, cette organisation a tout d'abord lutté contre la dictature de Franco avant de lutter pour son indépendance de l'Espagne et contre plusieurs projets de développement sur son territoire.
Ce groupe compterait plus de 10 000 membres et sympathisants, et disposerait de millions de dollars de financement annuel, financement rendu possible par les enlèvements, violence et menaces contre des individus et des entreprises, mais aussi par un financement volontaire de Basques prospères.
Le plus récent acte de terrorisme de l'organisation fût de tuer un entrepreneur basque de 70 ans, Ignacio Uria, dont la société participait au projet du train à grande vitesse (TGV) voulant lier le territoire basque au reste de l'Espagne.
TGV ou l'étape ultime de l'assimilation
Présentement, avec l'aide économique et logistique de l'Union européenne, l'Espagne développe un système de TGV qui connectera bientôt l'ensemble du territoire ibérique (Espagne continentale et Portugal). Ce projet d'envergure qui emploie des milliers de travailleurs fait le mécontentement de la majorité de la population basque, qui est reconnue pour la lutte pour ses convictions.
Ainsi, comme ce fût le cas pour la construction d'usines nucléaires sur le territoire basque, une majorité de la population marche, écrit et vote contre le TGV. Et leurs arguments sont de taille: en plus de détruire une partie du majestueux paysage qu'offre la région, cette connexion directe avec Madrid confirmera l'appartenance de cette culture unique à l'État espagnol.
Ainsi, et comme ce fut le cas pour les autres mouvements populaires ici comme ailleurs, c'est la voix de la violence qui semble atteindre le plus grand auditoire. Suite à plusieurs démonstrations de violence et d'intimidation, les usines nucléaires construites sur le territoire basque n'ont jamais ouvert leurs portes et la rumeur court actuellement que l'ETA ne laissera jamais passer ce TGV sur son territoire.
Ici, à Bilbao, centre économique et culturel du Pays basque, chaque camion, transportant de la terre de la montagne à la ville ou du ciment de la ville à la montagne, est accompagné d'un tout-terrain militaire. Chaque manifestation anti-TGV est étroitement surveillée par la police municipale, la police nationale et l'armée. Alors, jusqu'où iront l'ETA, les environnementalistes et la population basques pour stopper ce projet déjà bien entamé? Et de son côté, jusqu'où le gouvernement espagnol est-il prêt à aller pour asseoir son pouvoir et son autorité sur le Pays basque?
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Patrick Latulippe
L'auteur est bachelier en Études internationales et Langues modernes de l'Université Laval et travaille présentement comme professeur d'anglais à Bilbao, centre économique et culturel du Pays basque.

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Bachelier en Études internationales et Langues modernes de l'Université Laval, il travaille présentement comme professeur d'anglais à Bilbao, centre économique et culturel du Pays basque.





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