Le PQ et l'indépendance

Pouvons-nous ignorer le principe de la souveraineté populaire?

Tribune libre

Les positions prises par les candidats à la chefferie du Parti québécois jusqu’ici indiquent que cette formation n’adhéra pas de sitôt au principe de la souveraineté populaire pour y faire reposer sa stratégie d’accession à la souveraineté. Obnubilés par l’arrivée de PKP, perçu comme un ‘sauveur’, le PQ continuera à réduire le projet indépendantiste au seul aspect de la souveraineté politique de l’État québécois.

Selon cette conception élitiste, la souveraineté doit se réaliser par le haut. C’est donc un éventuel gouvernement péquiste qui, tout comme en 1980 et 1995, décidera de l’opportunité de tenir un référendum au moment jugé opportun. La souveraineté du peuple ne fait aucunement partie de l’équation. Jusqu’ici, le mouvement souverainiste a été défini par la subordination de la question sociale à la question nationale. Dans cette optique, la souveraineté n’est pas un projet de société construit collectivement. Elle se limite à son aspect purement constitutionnel.

La défaite historique qu’a subie le PQ aux dernières élections a pourtant démontré une fois de plus qu’il est impossible d’implanter le projet de société en ignorant les problématiques sociales. C’est pourquoi le processus d’accession à la souveraineté doit reposer sur le principe de la souveraineté du peuple. Afin de préparer un projet de constitution elle prévoirait la mise sur pied d’une Assemblée constituante indépendante des partis politiques, de l’Assemblée nationale et du gouvernement. Elle inverserait le processus. Le référendum conclurait la démarche plutôt que de l’initier.

Les membres de l’Assemblée constituante seraient élus au suffrage universel (ou encore choisis par tirage au sort) afin de refléter le mieux possible la diversité du peuple québécois. La démarche se déroulerait dans un contexte dépassant les cadres partisans et les cercles souverainistes. Elle viserait à refonder l’État grâce à un large processus de démocratie participative et délibérative. C’est donc d’un changement de paradigme dont il s’agit. Cette approche novatrice compte de plus en plus de supporteurs. Les États généraux sur la souveraineté, tenus ces deux dernières années, ont indiqué qu’une partie importante de la société civile est en train de prendre le virage. Depuis sa fondation Québec solidaire propose aussi la mise sur pied d’une assemblée constituante. La population réalise de plus en plus qu’il ne pourra exister de véritable souveraineté politique sans souveraineté populaire. Le PQ le comprendra-t-il un jour ? Je suis loin d’entre être certain.

Paul Cliche,
Montréal, 2 décembre 2014

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Membre fondateur du Mouvement pour une démocratie nouvelle et auteur du livre Pour une réduction du déficit démocratique: le scrutin proportionnel ; membre de Québec Solidaire; membre d’ATTAC Québec; membre à vie de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal.





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