La poussière retombe peu à peu, à la suite de la décision de Maxime Bernier de quitter le Parti conservateur du Canada (PCC) pour former sa propre formation politique – Le Parti populaire du Canada (PPC). Les esprits ayant donc eu le temps de se refroidir, j'en profite pour partager les raisons de mon changement d'allégeance partisane.
Je dirais d'emblée que j'ai surtout été déçu par le manque de courage politique, l'ambivalence et le manque de franchise du chef conservateur Andrew Scheer.
Le Parti conservateur du Canada appuyant de longue date l'État d'Israël et la démocratie au Moyen-Orient, je m'attendais à une déclaration du chef allant dans le même sens que notre plus proche allié. Au contraire, on a eu droit à un silence radio de près de trois mois avant que M. Scheer n'annonce enfin que son gouvernement reconnaîtrait Jérusalem comme la capitale de l'État hébreu. Mais on ignore toujours ce qu'il adviendrait de l'ambassade canadienne sous un règne conservateur.
En avril 2017, j'ai failli recracher mon café quand j'ai regardé l'entrevue que M. Scheer accordait au réseau CTV à propos de son plan pour combattre les changements climatiques. Bien entendu, il était en désaccord avec le plan libéral d'imposer une taxe sur le carbone. Jusqu'ici, tout va bien. Le problème est sa proposition de promouvoir un plan de réduction des gaz à effet de serre qui respecterait l'Accord de Paris signé par le gouvernement Trudeau.
Il y a deux éléments importants ici: d'abord, l'objectif principal de l'accord prévoit une réduction de 187 millions de tonnes de CO2 d'ici 2030. Il s'agit d'une réduction de 30% de nos émissions de 2005. Mais cet objectif est irréalisable à moins de porter un très dur coup à l'économie canadienne et cela, Andrew Scheer le sait très bien. Pour plusieurs conservateurs comme moi, c'est inacceptable. D'autant plus que, si la tendance se maintient, le gouvernement libéral actuel est en voie rater sa cible de réduction. Ceci rendra l'objectif encore plus hors d'atteinte pour un éventuel gouvernement conservateur. Pourquoi ne pas simplement proposer un retrait de l'accord tout en mettant de l'avant un plan moins ambitieux, mais réalisable? Est-ce dû à un manque de courage de la part de M. Scheer? Ou d'une promesse en l'air pour plaire à l'opinion publique?
Pourtant, il s'agit du seul média ayant une ligne éditoriale d'allégeance conservatrice au Canada. Pire encore, lors du récent congrès conservateur d'Halifax, M. Scheer a exigé que l'accès à l'événement soit interdit aux journalistes qui couvraient l'événement pour The Rebel. De quoi Andrew Scheer et son entourage ont-ils peur? Pourquoi ces authentiques conservateurs sont-ils devenus infréquentables?
J'ai ma petite idée là-dessus: The Rebel est dépeint par les médias traditionnels comme étant raciste, xénophobe, d'extrême-droite, et j'en passe. Bien sûr, ces accusations sont non fondées et n'ont d'autre but que de faire taire la droite. Quant à Andrew Scheer, il ne voudrait surtout pas risquer de déplaire aux médias traditionnels. Aucune chance donc qu'il défende le seul média conservateur au pays contre des accusations mensongères et diffamatoires. Encore une fois, il nous démontre qu'il n'a pas le courage de défendre les valeurs conservatrices.
La liste noire d'Andrew Scheer est encore longue, mais je vais me contenter d'aborder un dernier élément qui lui aussi en dit long. Lors de la course à la chefferie du PCC, Andrew Scheer est venu courtiser le vote des membres du Parti conservateur du Québec (PCQ), ayant même signé une lettre dans laquelle il s'engageait à appuyer publiquement le PCQ lors de la prochaine élection québécoise. Mais lorsque la campagne a débuté, il a décidé de renier sa signature et de n'appuyer aucun parti. Pire encore, il est écrit noir sur blanc dans la constitution du PCC que l'organisation se doit d'appuyer tous les partis conservateurs provinciaux. À ma connaissance, il n'y a qu'au Québec que l'actuelle direction du PCC ignore les conservateurs provinciaux. Que vaut la parole d'Andrew Scheer après un tel reniement?
Depuis l'accession de M. Scheer au leadership du parti en 2017, celui-ci a été pris d'assaut par les progressistes, les bureaucrates et les faiseurs d'image, avec pour résultat qu'il ne reste plus de place, au sein du PCC, pour les gens qui partagent des valeurs conservatrices. Andrew Scheer joue d'extrême prudence dans ses rares prises de position, et ce, au détriment des politiques qui nous unissent.
Le parfait exemple fut son appui au Parti libéral de Justin Trudeau concernant le maintien du cartel du lait lors des négociations de l'ALENA. On est en droit maintenant de se demander ce qui différencie fondamentalement les conservateurs des libéraux fédéraux. Je m'inquiète de ce qu'Andrew Scheer sortira de son chapeau lors de la prochaine élection. Il a proposé bien peu jusqu'à présent et son ambiguïté me laisse un petit goût de lait caillé dans la bouche.
En ce qui me concerne, je n'ai pas eu d'autre choix que de rejoindre le Parti populaire de Maxime Bernier, ce qui m'attriste, car j'étais membre actif et contributeur du PCC depuis 2012. Notre parti formait une équipe de choc pour affronter le Parti libéral et le NPD en 2019. Je suis certes conscient du risque qu'engendre la division du vote de droite, mais je n'accepte plus d'être réduit à voter pour «la moins pire» option. Faisons donc preuve de courage et donnons-nous ce qu'il y a de mieux.
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