M. Jean Charest et son Parti libéral du Québec gouvernent le Québec depuis neuf ans. Ils demandent aujourd'hui aux Québécois de leur confier à nouveau la direction de la province. La première question que se posent les électeurs est donc celle-ci: est-il souhaitable que les libéraux obtiennent un quatrième mandat?
À plusieurs égards, M. Charest et son équipe ont fait du bon travail. Le Québec a mieux traversé la dernière crise économique que la plupart des régions du monde et une partie du mérite revient au gouvernement. En matière de finances publiques, les libéraux ont géré prudemment.
Le premier ministre a lancé l'ambitieux Plan Nord, qui sera l'une des clés de la prospérité du Québec au cours des prochaines décennies. Il a redonné au Québec un rôle actif au sein de la fédération canadienne.
Cependant, le bilan libéral est terni par deux taches importantes. En premier lieu, le Parti libéral a mis un accent démesuré sur la récolte de fonds à des fins partisanes. Cela a donné lieu à la présence, à proximité du parti, de personnes aux intentions troubles. Les allégations de favoritisme se sont multipliées et les libéraux n'ont pas été en mesure de les rejeter de manière convaincante.
En second lieu, le gouvernement Charest a mal géré plusieurs dossiers chauds; ceux-ci ont alors dégénéré en crise. Souvent, le gouvernement a eu du mal à expliquer ses politiques de façon convaincante, de sorte que les opposants ont gagné l'appui d'une majorité de citoyens. Malgré ses grandes qualités, le premier ministre est devenu la principale cible du désabusement de la population envers la classe politique.
Ces faiblesses expliquent que bon nombre de Québécois expriment un grand désir de changement.
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Lorsque les électeurs souhaitent changer de gouvernement, c'est généralement le parti formant l'opposition officielle qui s'impose comme alternative. Or, la présente campagne a démontré qu'un gouvernement du Parti québécois serait néfaste pour le Québec.
La chef de la formation, Mme Pauline Marois, l'a laissée dériver à gauche. On le voit dans un discours hostile au secteur privé. On le voit dans le retour de la culture perverse du gel des tarifs et dans la hausse projetée des impôts des contribuables aisés.
La «gouvernance souverainiste» produirait d'innombrables conflits avec Ottawa. Les stratèges péquistes ne s'en cachent même pas: leur objectif est de créer les conditions propices à la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance. Avant même cette consultation dont 70% des citoyens ne veulent pas, un gouvernement du PQ sèmerait la zizanie en adoptant une «nouvelle loi 101» et en préparant une citoyenneté et une constitution québécoises.
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La seule autre formation capable de former le prochain gouvernement est la Coalition avenir Québec (CAQ). Ayant réuni des fédéralistes et des souverainistes, M. Legault propose de laisser de côté la question nationale pour s'attaquer aux problèmes concrets des Québécois. L'approche en séduit plusieurs.
En créant et en bâtissant la CAQ, M. Legault a fait preuve d'une détermination et d'un leadership impressionnants. La CAQ promet de relancer l'économie, de diminuer la bureaucratie, de lutter contre le décrochage et de faciliter l'accès aux soins: ce sera certainement plus difficile que ce que prétend le parti, mais les objectifs sont louables.
Toutefois, certaines des propositions caquistes apparaissent mal ficelées. Si nous apprécions la volonté de M. Legault de créer la richesse, d'attirer des investissements et d'encourager l'entrepreneurship, nous nous inquiétons de son penchant pour l'interventionnisme, notamment par le biais de la Caisse de dépôt. L'augmentation proposée de la taxation des dividendes et des gains en capital est aussi mal avisée que populiste.
En ce qui a trait à l'enjeu constitutionnel, M. Legault a pris un engagement très clair: sous sa garde, il n'y aura pas de référendum sur l'indépendance. Nous n'avons pas de raison de douter de sa bonne foi. Néanmoins, à nos yeux, pour gouverner le Québec et le faire pleinement profiter de son appartenance au Canada, il faut davantage qu'une sorte de neutralité indifférente à l'égard de ce pays.
Enfin, si M. Legault a réussi à attirer des candidats de qualité, personne de son équipe, sauf le chef lui-même, n'a d'expérience gouvernementale. À peine quelques-uns ont siégé à l'Assemblée nationale. Autrement dit, ce parti doit faire ses classes.
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Les Québécois se retrouvent aujourd'hui devant un choix clair: d'une part, la stabilité économique et politique, d'autre part l'incertitude, la division, les manigances.
Alors que la conjoncture mondiale est particulièrement menaçante, alors que le Québec fait face à d'importants défis fiscaux et démographiques, on ne peut imaginer pire scénario que l'élection d'un gouvernement du Parti québécois. La province se trouverait plongée dans des débats stériles. La menace d'un troisième référendum sur l'indépendance planerait sans cesse. La dette de l'État, déjà trop lourde, augmenterait. Les entreprises, de loin les principales créatrices de richesse, seraient vues avec méfiance. Le Québec s'en trouverait fragilisé, au moment le plus inopportun qui soit.
La grande majorité des Québécois souhaitent autre chose. Ils rêvent de prospérité, de stabilité et de paix sociale. À notre avis, le Parti libéral est le plus apte à guider le Québec au travers de la tempête mondiale appréhendée. Le premier ministre, Jean Charest, a une expérience, une envergure et une compréhension des enjeux supérieures à celles de ses principaux adversaires. Sous sa gouverne, il n'y aurait ni référendum, ni déchirements linguistiques et religieux, ni bouleversements de structures.
Nous comprenons la soif de changement qu'éprouvent de nombreux Québécois. Cette soif ne doit toutefois pas les amener à prendre des risques inconsidérés. Par conséquent, ceux qui veulent changer de gouvernement devraient appuyer la Coalition avenir Québec. Cette formation a certes les faiblesses de sa jeunesse, mais elle propose de gouverner en fonction des préoccupations réelles des citoyens, pas d'une idéologie. Avec un gouvernement dirigé par François Legault, il n'y aurait pas de référendum et l'accent serait mis, comme il se doit, sur le développement économique. M. Legault a exprimé le désir d'établir des relations fructueuses avec le gouvernement fédéral. Tout cela est de loin préférable à l'agenda souverainiste et socialisant du Parti québécois de Mme Marois.
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NOTE
LA PRESSE ET LES ÉLECTIONS DU 4 SEPTEMBRE
Pourquoi La Presse prend-elle position?
À chaque élection fédérale ou provinciale, certains de nos lecteurs sont étonnés de voir l'éditorial de La Presse prendre position en faveur d'un parti. Cette tradition est pourtant bien établie dans les grands quotidiens d'Amérique du Nord, que ce soit au Canada ou aux États-Unis. Sa raison d'être est simple: si la colonne éditoriale s'exprime quotidiennement sur les enjeux auxquels la société québécoise est confrontée, pourquoi se taierait-elle au moment où les Québécois doivent choisir leur prochain gouvernement?
Il ne s'agit pas d'imposer un point de vue à nos lecteurs, mais de leur proposer un raisonnement qui, nous l'espérons, alimentera leur propre réflexion. D'ailleurs, dans le même but, au cours des dernières semaines, nos pages Débats ont offert un vaste éventail d'opinions sur les thèmes-clés de la campagne électorale.
Une rédaction indépendante
Cet éditorial n'engage en rien la rédaction du journal, qui continue de travailler en toute indépendance. À La Presse, une muraille de Chine sépare l'information et l'éditorial. Ce mur est étanche, en campagne électorale comme à toute autre période.
André Pratte
Éditorialiste en chef
Pour la stabilité
Les Québécois se retrouvent aujourd'hui devant un choix clair: d'une part, la stabilité économique et politique, d'autre part l'incertitude, la division, les manigances.
Le PLQ, c'est de la viande avariée qui pue à 100 mètres. La CAQ, c'est de la viande avariée emballée sous vide; "on verra"... à quel degré plus tard! POWER n'a pas d'odeur... Le Québec à la croisée des chemins : s'ouvrira l'ère des espoirs de la Rue ou l'ère de la répression des Pitécanthropes.
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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