Pour la liberté

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?

Je radoterai. Forcément. Après plus de 40 ans passés à répondre à cette
question. Évidemment, l’événement n’a pas eu lieu. Ce n’est pas une raison
pour tenter continuellement d’en refonder la nécessité ou, pire, pour
en contester la pertinence. L’indépendance a été, est et sera un projet à
réaliser jusqu’à son avènement, pour des raisons irréductibles aux circonstances
immédiates. Il s’agit en effet de la question universelle de la liberté de disposer
de soi-même.
Tout le reste n’est que gauchisme qui répugne à considérer la liberté pour la
nation québécoise de s’autodéterminer comme valeur en soi, comme fondement
de toute entreprise révolutionnaire de changements politiques et
sociaux, ensevelissant sous son discours idéologique désincarné le désir même
de révolution.

Or, faire l’indépendance du Québec, c’est révolutionner le Canada, c’est renverser
la structure de ses pouvoirs tels qu’ils s’exercent d’un océan à l’autre,
au service de sa classe dominante, y compris de sa faction québécoise.
Faire l’indépendance du Québec, c’est dissoudre radicalement les formes
des rapports de force inscrites dans la Constitution canadienne au détriment
des besoins et aspirations de la nation québécoise, tous liés à son identité, à
son histoire et à sa culture.
Faire l’indépendance du Québec, c’est dissoudre radicalement les institutions
politiques, économiques et sociales canadiennes, assises matérielles de ces
rapports de force qui subordonnent les pouvoirs de l’État québécois à ceux
de l’État canadien. À défaut de cette mutation, la vie nationale ne sera indéfiniment
que la répétition de situations antérieures, constamment bloquées par la
nature même du fédéralisme canadien.
Faire l’indépendance, c’est sortir du cercle vicieux des sempiternelles revendications
provincialistes pour des pouvoirs partiels à défendre ou à augmenter,
en tout temps et toutes circonstances, insuffisants et inadéquats aux règlements
des problèmes économiques, sociaux et culturels de la société québécoise.
Faire l’indépendance, c’est s’approprier tous les pouvoirs d’un État souverain,
nécessaire à la réalisation de tout projet de société global et cohérent,
progressiste ou conservateur, qui jusqu’à maintenant s’est heurté aux entraves
dressées par l’État canadien utilisant, pour le contrer, la supériorité de ses
pouvoirs de légiférer et de ses moyens d’agir en faveur de la majorité. Il ne
peut en être autrement dans une démocratie électoraliste. Or, l’incompatibilité
est essentielle entre les visions du monde de la société québécoise et
celle de la société canadienne, fondée sur la perception que chacune a de ses
intérêts, objectifs et/ou subjectifs.
Faire l’indépendance du Québec, c’est mobiliser les individus et les peuples
de la nation québécoise à s’engager mêmement dans une lutte pour la liberté
de choisir leur destin politique. Puisqu’il ne peut y avoir, sans effet schizophrénique
de déliquescence, coexistence de deux ordres symboliques et effectifs
de référence à la liberté de disposer de soi-même.
L’indépendance du Québec, c’est la concrétisation du désir humain fondamental
de la nation québécoise de se vouloir la source et le but des conditions
de son existence.

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Andrée Ferretti124 articles

  • 121 195

"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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