Contes et légendes

Ce texte est un appel à mettre fin à notre angélisme

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009



Nous ne ferons l’indépendance que le jour où nous cesserons de nous penser être meilleurs que les
autres humains : plus justes, plus solidaires, plus cléments, plus pacifiques. Le jour où nous cesserons
de nous croire plus catholiques que le pape, tel qu’il était encore récemment crédible à nos yeux. Le jour
où nous cesserons de tendre l’autre joue, au nom de notre altruisme glorifié, le jour
où nous répondrons à une attaque féroce par une attaque plus féroce, mieux, le jour, où nous prendrons l’initiative
de l’attaque. Puisque aussi bien, il est exceptionnel, sauf dans la légende biblique, que David gagne contre
Goliath. Au contraire, l’histoire universelle nous enseigne que l’agneau est toujours dévoré par le loup.
Le Moulin à paroles est une manifestation admirable de notre vanité : celle qui nous permet de penser que
d’être dans notre bon droit nous mènera infailliblement à la victoire. Qu’en est-il, au juste? Trois mille « pelleteux
de nuages » face aux machines électorales des Harper/Ignatief/bonnet blanc/blanc bonnet qui continueront à
nous écraser de coups de force législatifs et de leur mépris, avec la certitude que nos soubresauts de révoltes parlées
non seulement n’ébranleront pas leur pouvoir, mais enrichiront leurs munitions, celles dirigées contre notre flanc-mou :
ces Québécois aliénés à l’os qui s’imaginent que leur soumission leur permettra de participer aux restes du festin du loup.
Tant que nous ne leur prouverons pas par la force de nos attaques que nous pouvons être le loup, ces Québécois affamés
de restes mangeront dans la main de l’ennemi.
Ce texte n’est pas un appel aux armes meurtrières, mais à celles d’une stratégie intelligente qui opposerait une farouche
fin de non-recevoir aux tactiques de compromis de nos représentants politiques, depuis Papineau jusqu’à Marois.
Ce texte est un appel à mettre fin à notre angélisme.
Andrée Ferretti.

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Andrée Ferretti124 articles

  • 121 195

"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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8 commentaires

  • Steeven Gagné Répondre

    9 décembre 2009

    Le texte ''Contes et légendes'' d'Andrée Ferretti me rappel à quel point nous sommes, malgré notre soumission honorable, fier d'être ce que nous sommes, c'est-à-dire progressiste, égalitaire, démocratique, bref libéral. Mais est-ce là tous le confort ? Pourquoi ne pas plutôt, après avoir eu la liberté, commander le repas principal de l'identité ? Je dirai qu'il s'agirait là d'un pur manque d'appétit.
    Andrée Ferretti distingue deux choses fondamentales dans ce texte : notre amour-propre et notre vanité. Ici, la personnification que l'on pourrait en faire ressemble étrangement à celle d'un être humain innocent de son ''être'' mais soucieux de son ''avoir''. Le confort est-il plus important que le ''devenir''pour les québécois ? Ce titre : Le confort et l'indifférence, que nous connaissons à peu près tous, nous démontre clairement ce paradoxe entre l'être et l'avoir. Après avoir eu pouvons-nous être maintenant ? Il faudra donc cesser de croire que nous sommes mieux que d'autres de par nos avoirs. Nous devons savoir que la confiance en soi s'acquière en contruisant une personnalité en accord avec nous-mêmes (nos valeurs), et non selon nos économies et nos possessions, d'ailleurs parfois héritées de d'autres. Ne soyons pas individualiste et matérialiste. Touteofois, la question n'est pas de savoir si nous correspondons à cette grossière épithète ou de nous faire un procès de cupidité.
    Il faudra que les québécois apprenent à se connaître davantage. Mais ce n'est pas une question de travailler notre nationalisme par le bas. C'est d'abord et avant-tout une question de leaders politiques, qui feront comprendre à nos compatriotes la valeur intrinsèque du mot ''être'' et de ses responsabilités ! Cessons de se raconter des légendes et des histoires, nous avons besoin de passer de la parole aux actes. Hier le moulin à parole, demain l'action réaliste.
    Mais n'oubliez pas que nous manquons d'appétit. Qu'avons-nous au juste ? Un mal de coeur, de tête, un problème digestif ? Comment retrouver cette appétit et cette santé, perdu nous ne savons où en mangeant nous ne savons trop quoi. Peut-être certains peuvent-ils s'en douter ? Mais le savoir clairement es-ce possible ? Et puis quoi encore, es-ce si important ? Peut-être pour ne plus manger de cette chose, effectivement. Mais si nous ne supportons plus ce que nous mangeons, changeons de régime... Bien sûr je ne parle pas de révolution socialiste ou quoi que ce soit mais d'indépendance. Il n'y a dans mes propos rien d'autocratique. Comme Ferretti, je dirai qu'il ne faut pas voir l'attaque comme une menace. Ce que Pierre-Elliot Trudeau a longtemps voulu nous faire croire de par sa définition péjorative du nationalisme québécois. Nous devons passer à l'attaque une fois pour toute. Soyons donc plus affamé dans la conception de notre ''être''. N'ayons pas peur de dire que NOUS SOMMES QUÉBÉCOIS et que nous avons réussis à construire une communauté responsable et mature, enfin !
    Comme tout être humain, il nous arrive d'avoir des remises en question. Ne nous admirons pas le visage dans le mirroir honteux du paraître et assumons nos rides naturels et notre maturité. Ce serais la seule fierté que nous pourrions avoir réellement. Notre amour-propore doit donc cesser de se mettre confortablement à l'abri de toutes pluies extérieures ou de comparaisons nuageuses. Soyons réaliste et cessons de nous conter des histoires à nous-mêmes. Parlons-nous, à tous. Que les québécois de toutes classes se parlent afin de renouveller le réalisme politique qui se doit d'être au Québec. Cessons d'avoir mal (sic).

  • Catherine Doucet Répondre

    14 septembre 2009

    Vous avez raison Madame Ferretti, notre obsession pour la vertu nous place dans une logique totalitaire, une logique du tout ou rien. Et comme nous ne pourrons jamais avoir le tout, nous choisissons le rien. Et ce rien, c'est le Québec. N'y aurait-il pas moyen de trouver une alternative?

  • Serge Charbonneau Répondre

    14 septembre 2009

    Mme Ferretti souligne pertinemment que l'Histoire nous enseigne que l’agneau est toujours dévoré par le loup.
    Eh oui! Hélas! Et c'est effectivement ce qui est plus que dramatique. Le monde est voué à se faire mener par des crosseurs. Que voulez-vous c'est dans notre nature. Les gens "bons", "affables", "sans histoires", qui vivent paisiblement en prenant soin de ne pas déranger le voisin, se font littéralement manger la laine sur le dos.
    Eh oui! Quel triste constat!
    Mais comment donc apprendre à un troupeau de paisibles moutons à devenir aussi féroces qu'une meute de loups?
    Pessimiste que je suis, j'ai envie de dire: Mission impossible.
    Nous sommes nés pour un petit pain qui nous satisfait et bon… à quoi bon déranger les loups? Après tout, ceux-ci savent que nous existons, ils ont reconnu (!) notre peuple distinct (!) et nous laisse suffisamment de laine sur le dos pour passer nos hivers! Alors!
    Eh oui! Même si l'Histoire enseigne que l’agneau est toujours dévoré par le loup, on se dit, bah!
    Le Moulin à paroles est une manifestation admirable non pas de notre vanité, mais plutôt de notre «illusion». Nous nous croyons forts avec nos mots, sans constitution et sans pays. Comme si nous avions une illusion de dignité, un voile de fierté. Une fierté qui a bien souvent (trop souvent) la queue entre les jambes.
    Une illusion qui nous permet de penser (comme le souligne avec justesse Mme Ferretti) « que d’être dans notre bon droit nous mènera infailliblement à la victoire. … Trois mille « pelleteux de nuages » face aux machines électorales des Harper/Ignatief/bonnet blanc/blanc bonnet qui continueront à nous écraser de coups de force législatifs et de leur mépris, avec la certitude que nos soubresauts de révoltes parlées non seulement n’ébranleront pas leur pouvoir, mais enrichiront leurs munitions, celles dirigées contre notre flanc-mou : ces Québécois aliénés à l’os qui s’imaginent que leur soumission leur permettra de participer aux restes du festin du loup.»
    Oui, l'illusion de croire pouvoir participer «aux restes du festin du loup.».
    Voyons, ouvrons-nous un peu les yeux. Nous serons toujours, si nous ne mordons pas un peu, que le dessert de leur festin.
    Il peut sembler rassurant de manger des restes dans la main de l'ennemi, mais c'est combien humiliant et dangereux de se faire dévorer après avoir été engraissé!
    Madame Ferretti fait un appel pour mettre fin à notre angélisme. Je l'approuve avec énergie et je fais un appel pour éveiller notre fierté pour qu'elle se sorte la queue d'entre les jambes et qu'elle soit à la hauteur de notre dignité de peuple distinct et souverain.
    Bon, comme un bon mouton, j'ai envie de dire: «Excusez-la ».
    Ah! Puis non! Ne m'excusez pas. Finis les excuses, nous sommes un peuple fier et affirmons-le fièrement en pensant à poser des gestes concrets pour mettre en marche «notre» pays.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Marcel Haché Répondre

    13 septembre 2009

    Les péquistes réalisent-ils que si demain le P.Q. était élu au gouvernement,nous aurions alors un autre gouvernement qui nous expliquerait, lui aussi, que le fruit n'est pas mûr ?
    L'indépendance,ce n'est pas une option,de gauche ou de droite.
    Mais ni le pays,ni l'indépendance n'adviendront jamais si le parti qui porte le ballon,n'en parle pas de l'indépendance.C'est en parlant de son projet,celui qui a donné naissance au parti,que le P.Q. pourrait rallier bien des nationalistes(et même une partie des"votes ethniques").
    Cela pourrait bien forcer Charest lui-même à aller sur ce terrain,pour vilipender l'indépendance,mais cela mettrait quand même l'indépendance dans le paysage, et non à la marge comme présentement.
    Cela n'est même pas nécessaire à Charest.Par leurs silences,le P.Q.le Bloc et Q.S. s'en chargent eux-mêmes.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2009

    Oui, Mme Ferretti, vous avez raison.
    Au début du texte, j'aurais eu tendance à lire qu'on se croit moins bon que les autres, créant ainsi notre aplaventrisme, mais dans l'autre sens, il est vrai que l'on se croit meilleur que les autres, afin de justifier notre aplaventrisme. C'est peut-être un cercle vicieux concocté par nos stratèges ennemis.
    Mais d'une manière ou d'une autre, il est temps que notre discours et notre paradigme contemporains changent. Peut-être devrions-nous nous inspirer de nos ancêtres qui étaient plus combattant.
    Daniel Roy, C.A.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2009

    MAINTENANT, IL FAUT MORDRE!
    J'ai été renversé de la mobilisation des jeunes du Collectif de la Marche vers l'Indépendance aujourd'hui à Québec, date de commémoration de la Bataille de Québec. Ils ont lu ensemble un texte magnifique qui mérite d'être mis sur VIGILE. Quel grand moment de fraîcheur!
    Maintenant, je me rend compte que nous avons une relève. Elle relève la tête.Bien!
    Il ne reste plus qu'à Duceppe à venir diriger le PQ et le temps presse!

  • Raymond Poulin Répondre

    13 septembre 2009

    En soi, le Moulin à paroles ne constitue pas le problème : éveiller ou réveiller la mémoire participe d’une certaine pédagogie. Par ailleurs, oui, si nos mouvements collectifs s’en tiennent à cela, nous piétinons, et, dans la situation actuelle, piétiner c’est reculer, car ceux d’en face, eux, avancent. Notre angélisme, que vous avez cent fois raison de souligner, témoigne en fait de la justification d’un constat, erroné mais majoritaire, de faiblesse, que nous compensons par nos supposées vertus de tolérance, de pacifisme, de magnanimité, alors qu’il s’agit le plus souvent de pusillanimité. Lorsque la charge est trop voyante, pas assez cousue de fil blanc, ce qui se produit rarement, nous réagissons par l’exaspération et une colère vive mais courte. Le lendemain, nous retrouvons notre idiosyncrasie : des enfants pris en faute. Ces derniers mois, ces dernières années, même les tactiques les plus primaires de ceux d’en face n’ont pas suscité de fortes réactions collectives, encore moins d'actions. La conscience nationalitaire, chez nous, voyage entre le rêve de notre désir et la conviction, fausse, que nous sommes encore et toujours faibles, démunis, minoritaires, parce que nous avons intériorisé la vision qu’on nous serine de nous penser une goutte d’eau dans l’océan nord-américain, incapables de nous voir sur notre terrain concret que nous avons la capacité de maîtriser : notre territoire, ce que nous faisons d’ailleurs depuis longtemps mais sans en demeurer conscients à long terme. Nous pratiquons une stratégie d’évitement, de contournement qui aboutit à tourner en rond. Même nos organisations politiques adoptent ce patron, jouant le jeu que ceux d’en face espèrent nous voir jouer. Et lorsque certains des nôtres, abandonnant la défroque de Saint Jean Baptiste pour la peau du loup, montrent les crocs, fût-ce en paroles seulement, nous nous empressons de les traiter d’extrémistes et les faisons taire avant même que ceux d’en face aient le temps d’en être éberlués. Si je me trompe, qu’on m’explique pourquoi nous insistons constamment sur notre pacifisme sans, de toute évidence, avoir fait la différence entre le pacifisme et le fait normal d’être simplement pacifiques, ce qui n’exclut nullement le dynamisme, la détermination et, en cas de nécessité, la défense active, laquelle suppose l’attaque au bon moment en tenant compte des moyens qu’on nous oppose et des faiblesses de l’adversaire. Il ne s'agit pas de nous en sentir coupables mais de découvrir que nous sommes capables d'en sortir.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 septembre 2009

    « Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse. »

    Jean-Luc Godard
    Ça n'a pas été le cas en fin de semaine. Merci au canal Vox.