Faire le Nord est le rêve qu'entretenait le premier ministre Jean Charest depuis déjà plusieurs années. Le rêve est devenu projet hier avec la publication d'un vaste plan échelonné sur 25 ans pour le développement du territoire situé au nord du 49e parallèle. Le projet est d'envergure et nécessitera une attention pour assurer que sa mise en œuvre se fasse dans un esprit de développement durable.
Ouvrir le Nord québécois au développement économique est aussi inévitable qu'indispensable. L'exploitation de ce territoire est en cours depuis au moins un siècle. Ce fut au début du XXe siècle l'ouverture à la «colonisation» de l'Abitibi, le développement des ressources forestières de la Côte-Nord, l'exploitation des mines de fer de Schefferville, puis, plus près de nous, la construction des centrales hydro-électriques de la Manicouagan et de la baie James et la mise en exploitation de gisements miniers jusque dans l'Ungava.
Jean Charest n'a donc rien inventé, si ce n'est qu'il met en avant une approche intégrée du développement et met en place une structure pour suivre la mise en oeuvre des différents projets économiques et sociaux dont les retombées, sur une période de 25 ans, pourraient être impressionnantes si les 80 milliards d'investissements envisagés se réalisent. On trouve là une vision et une démarche auxquelles ce gouvernement ne nous avait pas habitués.
La volonté de «faire le Nord ensemble» semble sincère, tout particulièrement lorsqu'il s'agit de s'assurer de la concertation avec les nations autochtones, dont trois sur quatre ont jusqu'ici accepté d'être partie prenante à ce projet. Leur intégration à la gestion du projet et à la participation aux bénéfices est tout à fait conforme à l'esprit du concept de développement durable. Le souci du gouvernement Charest à cet égard l'est peut-être moins en ce qui a trait à l'exploitation des ressources naturelles.
Sur le plan économique, le Plan Nord repose essentiellement sur la mise en valeur des ressources hydro-électriques et éoliennes, d'une part, et des ressources minières, d'autre part. Les premières sont par définition renouvelables. Pas les ressources minérales. On sait que le sous-sol de ce territoire est immensément riche et que de nombreux projets miniers sont en préparation grâce à un contexte économique éminemment favorable. Or, on sent de la part du gouvernement un grand appétit pour le développement minier qui, au cours des cinq prochaines années, lui rapportera des redevances de 1,4 milliard de dollars. La question ici a trait au rythme d'exploitation de cette ressource qui, dans un contexte de développement durable, doit justement être planifié sur un horizon de plusieurs générations.
Est absente pour le moment une vision globale du développement de ce territoire dont on promet que seulement 50 % sera ouvert à des activités industrielles. Quelles parties seront préservées et lesquelles seront exploitées? Comment se fera le choix? Entre la valeur économique d'un projet minier et la préservation d'un écosystème, on ne sait aujourd'hui ce qui l'emportera.
Beaucoup de questions de cette nature doivent être soulevées auxquelles le gouvernement n'est pas en mesure de répondre aujourd'hui. On ne lui en fera pas reproche. L'ampleur du projet et du territoire fait en sorte qu'il lui était impossible de tout prévoir. Les gouvernements québécois, y compris l'actuel, ont trop souvent par le passé bradé nos ressources. Il faudra être attentif et vigilant pour s'assurer d'un développement raisonnable et raisonné.
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