Loin de le faire plier, le saccage perpétré lundi soir à l’hôtel de ville de Montréal par des employés municipaux mécontents n’a fait que renforcer la détermination du premier ministre Philippe Couillard à aller de l’avant avec son projet de loi 3 sur la refonte des régimes de retraite des employés municipaux.
Signe de l’importance qu’il accorde à cette question, le premier ministre a tenu à rencontrer les médias, mardi, affirmant qu’il ne pouvait «rester silencieux» devant la menace qui pesait sur un «enjeu fondamental de la vie en société, dans une société démocratique qui est basée sur la règle de droit».
À maintes reprises, en point de presse, il a réaffirmé sa «détermination» farouche à faire adopter son projet de loi controversé, malgré les hauts cris des syndicats, policiers, pompiers et autres employés municipaux.
«Notre détermination demeure entière, a-t-il dit. On va agir.»
Il a aussi rappelé l’importance de préserver ou restaurer le nécessaire lien de confiance entre la population et les forces de l’ordre, après avoir vu des scènes de policiers en devoir restés les bras croisés durant le saccage.
«Le lien de confiance entre la population et les forces policières doit être sans faille», a-t-il dit, ne paraissant pas chaud à l’idée de voir des policiers du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) enquêter, à la demande du chef de police, sur les agissements d’autres policiers du SPVM.
Le premier ministre a fait cette mise au point à la veille de la commission parlementaire qui passera le projet de loi 3 au peigne fin au cours des prochains jours, dans un climat de grande tension.
M. Couillard a indiqué que la sécurité sera renforcée autour du parlement et à l’intérieur, afin d’éviter des débordements comme ceux qui sont survenus à Montréal lundi.
Mercredi, parmi les premiers intervenants invités à témoigner en commission parlementaire, on entendra le maire de Montréal, Denis Coderre, et celui de Québec, Régis Labeaume, tous deux ardents défenseurs du projet de loi 3. Par la suite, l’Union des municipalités, la FTQ et la CSN donneront un autre son de cloche.
Québec ne se laissera pas intimider
Plus tôt, mardi matin, le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, avait donné le ton, en réaffirmant lui aussi la volonté du gouvernement de ne pas se laisser intimider par des gestes de violence et de vandalisme.
De son côté, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, ne s’est pas prononcée publiquement sur les événements récents.
Aux centaines d’employés syndiqués de Montréal qui ont décidé d’envahir l’hôtel de ville et de vandaliser la salle du conseil devant des élus impuissants, le ministre Moreau a répliqué en disant qu’ils ne devaient pas croire «qu’on va changer les choses en cassant des vitres et en bousculant des gens».
Les institutions démocratiques doivent être protégées contre les gestes de violence, a-t-il indiqué en point de presse, estimant que des actes criminels ont été commis lundi soir — voies de fait, intimidation, entrées par effraction — et devront être sanctionnés.
Sur le fond, il a dit que le moment était venu de «prendre le sujet à bras-le-corps». Tous les principes ayant donné forme au projet de loi 3 seront donc maintenus : équité intergénérationnelle, création obligatoire d’un fonds de stabilisation, pérennité des régimes, règlement à parts égales des déficits passés et indexation des pensions rendue facultative.
La remise en question par Québec de l’indexation automatique des pensions est un des points qui attisent le plus la colère des syndiqués municipaux. Or, Québec dit que le gouvernement ne reculera pas : l’indexation ne sera plus automatique, a réaffirmé M. Moreau.
Sur les modalités cependant, il a dit qu’il pouvait faire preuve de souplesse, car le gouvernement aborde ce dossier «avec une ouverture d’esprit», selon lui, contrairement à ce que prétendent les syndicats.
Un manque d'ouverture, selon le PQ
Or, c’est précisément ce que reproche au gouvernement l’opposition péquiste dans ce dossier : le manque d’ouverture d’esprit.
«J’invite le premier ministre à retrouver ses esprits», a dit le chef de l’opposition officielle, Stéphane Bédard, en point de presse.
Il juge que le gouvernement met de l’huile sur le feu, au lieu de faire preuve d’ouverture et de négocier de bonne foi avec les syndicats pour trouver une porte de sortie de crise et «arrêter l’hémorragie».
La CSN réagit
De son côté, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’est dissociée des incidents survenus lundi soir. En conférence de presse mardi matin à Québec, la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, a indiqué que la Coalition pour la libre négociation, dont fait partie la CSN, n’est pas à l’origine du saccage. Mme Lévesque estime que ces gestes nuisent à la cause.
Le président de la Fédération des employés des services publics (FEESP), affiliée à la CSN, Denis Marcoux, a déclaré que cet événement était «inacceptable». Mais il a ajouté que la colère est grande chez ses membres.
«Je n’ai jamais vu un niveau de frustration aussi importante parmi les troupes», a-t-il commenté.
La CSN entend contester la loi si elle est adoptée dans sa forme actuelle.
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