Le gouvernement Marois démontre encore une fois son ouverture au pétrole albertain. La première ministre a convenu lundi de mettre sur pied un groupe de travail avec le Nouveau-Brunswick afin d’étudier un projet d’oléoduc qui ferait passer quotidiennement des centaines de milliers de barils de pétrole tirés des sables bitumineux en sol québécois afin d’alimenter une raffinerie située dans la province de l’Atlantique.
« Aujourd’hui, le premier ministre du Nouveau-Brunswick m’a présenté un projet de construction d’un oléoduc. Il nous faut cependant obtenir davantage d’information et d’analyses afin de nous assurer que toutes les questions techniques, environnementales et économiques de ce projet répondent aux intérêts des Québécois. Nous avons convenu de former un groupe de travail à ce sujet », a déclaré Pauline Marois dans un communiqué diffusé après une rencontre à Montréal avec son homologue du Nouveau-Brunswick, David Alward.
« J’attends avec impatience les renseignements qui seront recueillis par le groupe de travail pour nous aider à mieux comprendre l’étendue de cette importante possibilité de stimuler la création d’emplois et l’innovation dans notre secteur des ressources naturelles », a ajouté M. Alward dans le même communiqué. Il a déjà évoqué la possibilité de créer 2000 emplois pendant les travaux de construction et quelques centaines par la suite à la raffinerie d’Irving, au Nouveau-Brunswick.
Projet ambitieux
C’est l’entreprise albertaine TransCanada - maître d’oeuvre du controversé projet Keystone XL - qui pilote cet ambitieux projet qui relierait l’Ouest canadien aux Maritimes. Cette dernière souhaite convertir un gazoduc actuellement sous-utilisé pour y faire couler du pétrole. Le tuyau en question passe par le nord de Montréal et se rend jusqu’à Québec. Il faudrait donc construire un nouveau tronçon d’oléoduc en sol québécois pour rejoindre Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Peu de détails techniques ont jusqu’ici été rendus publics, mais on estime pouvoir transporter entre 500 000 et un million de barils de pétrole brut par jour.
La première ministre n’a tenu aucun point de presse lundi pour expliquer sa position. Mais toujours par voie de déclaration écrite, son gouvernement a fait valoir que « le Québec n’est pas fermé à ce projet ». Son attachée de presse, Marie Barrette, a précisé au Devoir que le comité qui sera mis sur pied est à l’image de celui établi avec l’Alberta pour étudier le projet d’inversion d’un oléoduc de la pétrolière Enbridge.
Ce projet permettrait d’acheminer chaque jour 300 000 barils de pétrole brut de l’Ouest canadien jusque dans l’est de Montréal. Une partie de cette ressource fossile pourrait alors être traitée à la dernière raffinerie de l’île et une autre partie serait transportée par bateau jusqu’aux installations d’Ultramar, près de Québec. Selon Mme Marois, le projet d’Enbridge présenterait d’ailleurs des avantages certains pour l’industrie pétrochimique implantée en sol québécois. Les directions des deux dernières raffineries encore en activité ont déjà fait valoir que la possibilité de s’approvisionner en pétrole albertain pourrait un jour être une question de survie. Les deux installations ont une capacité de raffinage totale de 400 000 barils par jours.
Si la première ministre a démontré une ouverture certaine au projet de la pétrolière Enbridge, son ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, a manifesté récemment certaines inquiétudes. « Il y a des enjeux importants qui ont été soulevés, qui ne sont pas pris à la légère et qui sont essentiellement le fait que c’est une installation désuète, que le renversement mettrait une pression importante sur la structure et aussi que le pétrole brut qui y circulerait serait d’une corrosivité très différente de ce qui circule normalement dans les oléoducs que l’on connaît. Ce sont des enjeux significatifs », a-t-il expliqué récemment sur les ondes de la radio de Radio-Canada. Plusieurs groupes environnementaux ont dénoncé le projet d’Enbridge.
Tandis que deux projets de transport de pétrole tiré des sables bitumineux sont désormais sur la table au Québec, TransCanada est toujours en attente d’une décision du gouvernement américain concernant son oléoduc Keystone XL. Plus de 50 000 personnes ont manifesté dimanche à Washington pour demander au président Barack Obama de dire non à ce projet qui facilitera le développement de l’industrie des sables bitumineux, réputée très énergivore et génératrice de grandes quantités de gaz à effet de serre.
Les compagnies pétrolières actives en sol canadien comptent doubler leur production d’ici la fin de la décennie, ce qui la ferait passer à 3,5 millions de barils par jour.
Pétrole des sables bitumineux - Marois ouverte à l’idée d’un nouvel oléoduc
Des centaines de milliers de barils de pétrole pourraient traverser le Québec chaque jour vers le Nouveau-Brunswick
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