Pesez mieux vos paroles

Vous seriez bien avisé de travailler à ce que le Parti Québécois demeure une entité politique crédible

Tribune libre - 2007

[M. Pierre Cloutier->6307],
Je n'aime pas votre querelle parce que j'estime que les procès d'intention
sont toujours stériles. Aucun congrès ne devrait avoir la prétention, comme
vous le faites, ni encore moins la prérogative, de sonder les coeurs et les
reins de nos leaders et, en général, des intervenants souverainistes qui se
manifestent dans le débat sur l'avenir du Québec. Que vous ne partagiez pas
le jugement de nos leaders et de ces personnes ne m'émeut pas outre mesure
mais que vous utilisiez ce ton...
Voilà que j'apprends maintenant qu'il existe, selon vous, une hierarchie
souverainiste. Notre élite serait constituée de personnes capables de
passion, d'abnégation et de courage. Le fond du panier serait le lot des
souverainistes de fin de semaine, comme vous le dites, et des
révisionnistes préoccupés par leur gagne-pain. Diable ! Vous devez être
bien malheureux d'avoir à considérer en plus les opinions des nationalistes
mous qui se retrouvent maintenant à l'ADQ, et surtout d'avoir à envisager
de vivre avec tout ça dans un Québec éventuellement indépendant.
Pardonnez-moi car je m'égare. Il me semble pourtant que le ton devrait
être tout autre. Vous savez les forces considérables qui sont liguées pour
contrer le projet de l'indépendance du Québec. À ce que je sache, les
Québécois n'ont pas encore raté le rendez-vous avec leur destinée et aucun
leader souverainiste n'a trahi notre idéal en faussant la mise au jeu. Des
erreurs ont été commises. D'autres sont encore à venir. Pourquoi cette
amertume envers nos représentants caractérise-t-elle ainsi toujours les
instances du Parti Québécois ? Le Parti Québécois a tout de même réalisé de
belles choses jusqu'ici. Il y a maintenant consensus au Québec sur
l'existance de la nation et sur la capacité de cette nation d'assumer son
avenir indépendant. N'était-ce pas les principales objections à
l'indépendance du Québec, il n'y a pas si longtemps ?
Le Parti Québécois a
toujours soutenu l'argumentation qui est maintenant le crédo de toute la
population. Nous avions cru que si la population se rangeait à nos
arguments, l'indépendance serait à notre portée. Mais non, cela ne se passe
pas comme ça et j'en suis le premier à en être désappointé mais je
n'éprouve aucune amertume. Le peuple québécois a entendu d'autres arguments
fédéralistes et le Parti Québécois, ses leaders et son congrès, n'ont pas
apporté jusqu'ici les bonnes réponses. Voilà pourquoi le peuple québécois a
voté comme il l'a fait.
M. Éric Tremblay,
En effet, je crois que les Irlandais ont eu raison d'accepter la partition
de leur territoire afin de créer l'État indépendant de l'Irlande. Ce
n'était surement pas leur projet initial de pays mais le pragmatisme a ses
vertus. La république d'Irlande existe depuis 1921.
Trahison des Irlandais, dites-vous ! Tous les Irlandais seraient ainsi
responsables de la guerre civile qui s'en est suivie en Irlande du nord en
laissant tomber leurs compatriotes de cette portion du territoire. Revisez
votre histoire car l'indépendance a plutôt mis fin à une guerre
d'indépendance de deux ans. Et comment tout un peuple souverain peut-il se
trouver complice d'une trahison, dites-moi ?
Pesez mieux vos paroles lorsque vous parlez de vos compatriotes qui, selon vous, affichent..."une faiblesse congénitale et... une peur viscérale de
la réelle liberté". Vous ne pouvez penser cela et aspirer à partager cette
liberté avec eux, c'est incompatible.
Je ne crois pas que la partition du Québec soit une solution au problème
de l'unité nationale qui ne manquera pas de surgir avec l'indépendance du
Québec. Mais je crois que le Parti Québécois devrait se préoccuper de
trouver des accommodements politiques pour rassurer la population sur la
capacité d'un gouvernement du Québec indépendant d'assurer la stabilité
politique du nouveau pays. Ce serait plus utile de se pencher là-dessus que
de faire des procès insensés aux souverainistes présents et passés qui ont
oeuvré à la réalisation de l'indépendance.
Vous ne voyez pas d'autres projets que l'indépendance pleine et entière
pour vous satisfaire. Je vous crois volontiers car j'incline à penser de
même dans ce sens mais la population examine maintenant celui de l'ADQ et
vous seriez bien avisé de travailler à ce que le Parti Québécois demeure
une entité politique crédible dans la poursuite du débat qui se poursuivra
pour l'instant en dehors du Parti Québécois trop occupé par ses règlements
de compte.
Gilles Laterrière
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2007

    Monsieur Laterrière,
    La faiblesse congénitale et la peur viscérale de la réelle liberté auxquelles je fais allusion, sont celles dont font preuve les dirigeants du PQ et les apparatchiks des instances nationales de ce parti depuis le vol référendaire de 1995. Comment alors demander au peuple de surmonter ses craintes et appréhensions à l'égard de notre projet?
    Si le PQ veut préserver sa crédibilité et sa pertinence, il doit résolument se recentrer sur sa raison d'être: réaliser l'indépendance du Québec. S'il s'entête à ne rechercher que la gouvernance provinciale, il disparaîtra. Si, par pur opportunisme, il s'aventure dans une nouvelle ère d'affirmationnisme en s'acoquinant avec l'ADQ, les résultats de la prochaine élection seront encore plus dévastateurs que ceux du 26 mars dernier. Dois-je vous rappeler que plus d'un indépendantiste sur deux n'a pas voté pour le PQ? Sans l'appui des 42% à 45% d'indépendantistes de tous les horizons, le PQ ne reprendra jamais le pouvoir.
    Enfin, concernant l'Irlande, le pragmatisme n'est pas une vertue lorsque vient le temps de libérer sa nation du joug de ses conquérants. Lorsque l'on abandonne une partie de son peuple à l'ennemi, c'est de la trahison. Et ce, les Irlandais catholiques de l'Irlande du Nord le savent bien.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2007

    M. Laterrière,
    J'ai oublié. Moi non plus, je n'aime pas votre attitude qui consiste à nier la réalité et à refuser de faire un "post-mortem" sérieux vous contenant de nous servir des clichés dans le genre "Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil".
    On ne peut pas mettre la faute sur les autres quand on n'est pas capable soi-même de faire adéquatement le travail.
    Pour faire l'indépendance d'un pays, cela demande de l'obstination, de l'abnégation, de la volonté, de la passion et du courage, qualités qui semblent faire défaut à un bon nombre de souverainistes de fin de semaine qui pullulent au Parti québécois et qui désertent le navire de l'indépendance à la moindre petite secousse.
    Quand cela va bien, on les voit arpenter les couloirs du pouvoir, quand cela va mal, ils se dépêchent de fuir en courant!
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2007

    Cout'donc, vous êtes de mauvaise foi ou quoi?Ou faites-vous tout simplement le jeu de l'autruche?
    A part le court séjour de Jacques Parizeau au pouvoir, où, quand et comment le Parti québécois a-t-il fait sérieusement la promotion de la souveraineté et expliqué en détails à la population pourquoi il faut se donner un vrai pays et cesser notre dépendance à un gouvernement étranger?
    Certainement pas sous Lucien Bouchard qui, comme chef du Parti québécois, a démissionné sans jamais avoir livré bataille en faveur de l'indépendance et qui s'est efforcé pendant toute la campagne référendaire de 1995 de mettre des bâtons dans les roues de Parizeau!
    Certainement pas sous André Boisclair qui, en violation des Statuts et du programme du XVè Congrès, a refusé de livrer bataille sur le projet de pays concret et emballant avec un cadre financier d'un Québec souverain, qui devait être l'enjeu de l'élection pour nous présenter, en lieu et place une "feuille de route" exclusivement provinciale avec un cadre financier provincial.
    Vous me reprochez mon ton. Dans la vie, vous savez, il faut savoir aussi exprimer sa colère, lorsqu'elle est légitime. Et je le fais, parce que cela est sain.
    Colère oui, après 30 ans de militantisme de constater que l'on s'est fait avoir et manipuler par une petite élite incapable d'affronter l'électorat sur le thème du "projet de pays" préférant se limiter à la petite gouvernance provinciale, comme si l'indépendance d'une nation pouvait se faire par la porte en arrière.
    Vous tergiversez M. Latterrière. Vous faites de la diversion et de la confusion.
    Je répète ma question à laquelle vous n'avez pas répondu : étiez-vous au XVè Congrès? Et j'en ajoute une autre : Avez-vous lu le programme du PQ, particulièrement le chapitre 1?
    Je n'aime pas les gens qui sont incapables de la moindre rigueur et qui disent n'importe quoi.
    Soyez rigoureux : lisez le chapitre 1 du programme du PQ - forcez-vous un peu - et après cela, on pourra en discuter sérieusement.
    On ne fait pas des congrès, M. Laterrière, pour le plaisir de faire des congrès, surtout au prix où cela coûte. Sinon, la démocratie ne veut rien dire au sein du PQ.
    Les militants du XVè Congrès se sont exprimés démocratiquement et ils ont demandé et ils demandent toujours - le programme est toujours en vigueur - que l'on présente à l'électorat un projet de pays concret et emballant avec un cadre financier d'un Québec souverain.
    Si on est incapable d'affronter l'électorat avec ce qui constitue le coeur et l'âme du Parti québécois, tout aussi bien rester chez nous.....ou joindre l'ADQ.
    Pierre Cloutier