Il ne se passe pas une journée sans qu’on revienne sur la question de la laïcité. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a confusion dans les esprits.
Par exemple, dans l’affaire du crucifix à l’Hôpital du Saint-Sacrement de Québec, c’est l’administration seule qui a statué sur son retrait à huis clos. Elle l’a fait en s’appuyant sur un jugement de la Cour suprême invalidant la pratique du maire de la Ville de Saguenay consistant à commencer les réunions du conseil de ville par une prière. Sous la pression populaire, et un peu de surf du monde politique, le crucifix a retrouvé son refuge.
Nombre de commentaires sur la laïcité s’embrouillent dès qu’il s’agit de plaider la neutralité de l’État, le droit ou non pour les individus de porter des signes religieux ou de considérer les symboles religieux dans nos institutions comme ayant valeur patrimoniale. Dans ce contexte, on en vient rapidement de façon aléatoire, selon l’opinion, à distribuer la médaille de l’inclusion ou de l’exclusion à différents corps dans la société ; sinon à frapper d’anathème toute la société québécoise pour le penchant raciste ou xénophobe de quelques-uns de ses membres.
Depuis la production du rapport de la commission Taylor-Bouchard sur la laïcité et les accommodements raisonnables, le débat s’enlise. D’abord « tabletté » sous Jean Charest, dénaturé dans une joute parlementaire aux accents de xénophobie et d’islamophobie, le débat à l’Assemblée nationale, après le drame de la mosquée de Québec, fut subtilement abandonné. Par son effacement du devant de la scène, le retrait tactique du gouvernement a ajouté encore plus à la confusion dans les esprits. La laïcité est-elle le résultat d’un arrangement institutionnel ou un système de valeurs qu’il nous faut entre nous réaménager à partir du droit ? Question restée sans réponse claire jusqu’à aujourd’hui.
Dérive sémantique
Si la neutralité de l’État n’a pas d’assise dans la laïcité, elle contredit à sa face même le principe de dissocier religion et citoyenneté, principe pour la première fois formulé en 1598 par le fameux édit de Nantes et considéré comme l’origine du concept français de laïcité. Le concept issu de la loi Combes en 1905 fut retenu, en Occident, comme faisant partie du bien commun, soit celui à la fois d’assurer la neutralité de l’État et de garantir, de ce fait, le droit pour chacun de pratiquer sa religion. Il va sans dire que le principe de neutralité de l’État et son corolaire sur la laïcité ne se résument pas à concocter un projet de loi débattu en Chambre comme si on négociait les conditions de travail d’un groupe de syndiqués.
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