Ottawa manque de ressources pour bien gérer les demandes d’asile

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L'immigration illégale coûte une fortune


Le fédéral n’avait ni les ressources et ni la productivité nécessaires pour faire face à l’afflux de 40 000 demandeurs d’asile arrivés de façon irrégulière au Canada en 2017 et 2018, et la situation s’aggravera si aucune amélioration n’est effectuée.


C’est ce que conclut le vérificateur général (VG) par intérim, Sylvain Ricard, dans l’un des cinq audits qu’il a dévoilés mardi.


«L’explosion de demandes présentées en 2017 a rapidement miné la capacité du système de traiter les demandes à temps, écrit-il. De fait, moins de 20 % des demandeurs ont obtenu une audience pour qu’une décision soit rendue sur leur demande d’asile dans le délai prescrit de 60 jours.»


En date de décembre 2018, 71 380 demandes d’asile étaient en attente et le délai de traitement s’élevait à deux ans, souligne le VG.


Malgré d’importantes réformes du processus de traitement des demandes d’asile lancées en 2012 et un accroissement des budgets au fil des ans, Ottawa n’était pas outillé pour répondre à la vague récente de migrants irréguliers.


Le bureau du VG s’est penché sur les trois organisations gouvernementales qui interviennent dans la gestion des demandes d’asile, soit l’Agence des services frontaliers du Canada, le ministère de l’Immigration et la Commission du statut de réfugié du Canada.


«Nous avons constaté qu’aucune des organisations auditées n’était en mesure de mobiliser des ressources supplémentaires assez rapidement pour faire face sans difficulté à une augmentation du nombre de demandes, peut-on lire dans l’audit. Or, le nombre de demandes d’asile fluctue chaque année, mais le système reçoit un budget fixe pour les traiter.»


En 2018 seulement, 55 000 demandes d’asile ont été effectuées au Canada tant par des migrants arrivés à des points d’entrée officiels que non officiel, comme le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Or, le système dispose de budgets pour n’en traiter qu’environ 32 000, note le VG.


«Si le budget et la productivité du système restent au niveau actuel, les arriérés et les retards continueront de s’aggraver», prévient le VG.


Son bureau estime que le délai d’attente pourrait atteindre cinq ans d’ici 2024 si le nombre de nouveaux demandeurs d’asile se maintient à 50 000 par an.


La GRC mal équipée


Dans un autre rapport, le VG constate que les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) n’ont pas eu à leur disposition tout l’équipement nécessaire pour être en mesure de «neutraliser un tireur actif» et se protéger.


Par exemple, la GRC ne savait pas si elle disposait d’un nombre suffisant de carabines, même après en avoir acquis plus de 4500. Des gilets pare-balles rigides n’étaient pas accessibles à tous les agents dans certaines divisions et 13 % des agents ne s’étaient pas requalifiés pour pouvoir manier une carabine.


«Ces lacunes s’expliquent en partie par le manque de planification et de suivi de la part de la Direction générale de la GRC», indique-t-on.