L’Europe ne devrait pas laisser l’initiative d’une stratégie de rapprochement entre la Russie et l’Ukraine aux États-Unis de « l’aspirant Nobel de la paix » Donald Trump. Le président états-unien éprouve trop de sympathie à l’endroit du dictateur russe Vladimir Poutine pour qu’il en ressorte quelque chose de positif. Avec lui à la manœuvre, nous récolterons à coup sûr de nouveaux accords de Munich [1] et une paix éphémère.

     À ce stade, les négociations avec Poutine sont vouées à l’échec, car il est déterminé à conserver une partie du territoire ukrainien et à démilitariser l’Ukraine, ce qui est inacceptable aux yeux du peuple ukrainien, à juste titre. En outre, la preuve est faite que la parole et la signature de Poutine ne valent rien.

     Le président Jacques Chirac a tenu un discours avant l'entrée de son pays dans les guerres de Yougoslavie, dans lequel il a déclaré en substance que la France ne pouvait tolérer la guerre et les crimes de guerre au cœur de l'Europe. C'est ce que nous vivons aujourd'hui. N’attendons pas que l’Ukraine soit charcutée comme la Tchécoslovaquie l'a été en 1939. Les Européens doivent intervenir militairement en Ukraine. Ils sont plus forts que la Russie et, élément capital, ils possèdent l'arme nucléaire.

     Les États-Unis seront contraints de se ranger du côté de leurs alliés de l’OTAN. Ils n’enverront pas de soldats, mais seront les anges gardiens des Européens, leur vendant des armes et leur fournissant une assistance militaire. De plus, ils sanctionneront les pays qui brassent des affaires avec la Russie et tirent profit de la guerre actuelle.

     Des négociations auront lieu avec la Russie une fois celle-ci repoussée hors des frontières de l'Ukraine. Poutine ne fera pas usage de la Bombe tant que l’intégrité territoriale de la Russie ne sera pas compromise (si d’aventure l’idée de s’en servir lui traversait l’esprit, ses généraux le liquideraient). Une Russie vaincue provoquerait vraisemblablement un changement de régime.

     La Russie de Poutine n’est pas seulement en guerre contre l’Ukraine, mais aussi contre l’Occident démocratique, où elle se livre à des sabotages, assassine ses opposants et s’ingère dans ses systèmes électoraux en incitant les citoyens à voter pour des partis qui lui sont favorables. Les Occidentaux doivent savoir que les Ukrainiens se battent actuellement pour nous et la démocratie. En les aidant à se libérer d’un ennemi commun, nous contribuons à un monde meilleur.

     Si la Russie conserve des territoires ukrainiens, la Chine y verra une brèche dans nos défenses et sera tentée d'intervenir à Taïwan. Et une Chine en guerre, bien plus puissante que la Russie, pourrait être très dangereuse pour le monde.

Sylvio Le Blanc

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Munich