Oka a demandé au gouvernement du Québec un financement de 30 millions $ pour imposer un moratoire au développement immobilier qui a ravivé les tensions avec la communauté mohawk de Kanesatake, d’ici à ce qu’une entente survienne avec le gouvernement fédéral, a appris notre Bureau d’enquête.
Le maire Pascal Quevillon estime que cette solution temporaire apaiserait les tensions dans le secteur. « Achetons ces terrains, la Municipalité avec l’aide du gouvernement, dit-il en entrevue. Mettons un moratoire le temps que le fédéral règle avec Kanesatake, et on verra après. »
Au printemps, la communauté mohawk de Kanesatake a envoyé une mise en demeure à un promoteur immobilier pour le dissuader d’entreprendre un développement sur des terrains revendiqués par les autochtones. La Municipalité a répliqué en envoyant ensuite sa propre mise en demeure aux autochtones pour protester contre cette façon de procéder.
Selon M. Quevillon, ces tensions vont se répéter si les terrains sont détenus par des intérêts privés. « Tant et aussi longtemps qu’on n’a pas un moratoire sur ces terrains-là, ça va toujours continuer à s’enflammer », dit-il.
La Municipalité des Laurendites rembourserait ce prêt à Québec une fois qu’Ottawa se sera entendu avec les gens concernés sur le versement d’une compensation qui pourrait permettre aux Mohawks d’acheter des terres. « Quand les terrains seraient revendus, on rembourserait le gouvernement », dit-il.
Tensions ravivées
La tension a monté d’un cran la semaine dernière après l’annonce d’une entente de principe par laquelle un propriétaire de terrains pourrait céder ses propriétés à Kanesatake. M. Quevillon a alors exprimé la crainte de voir proliférer le commerce de cigarettes et de cannabis sur ces terrains, ce qui lui a valu d’être accusé de vouloir provoquer une nouvelle crise.
M. Quevillon affirme que la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, n’a pas donné suite à sa proposition.
Demande verbale
Le cabinet de la ministre a confirmé hier n’avoir reçu qu’une « demande verbale » du maire. « Ce n’est pas une avenue que nous privilégions pour résoudre le litige », a répondu par courriel la directrice des communications Nadine Gros-Louis.
Le grand chef de la communauté de Kanesatake, Serge Otsi Simon, n’a pas voulu se prononcer sur cette démarche d’Oka.
Une rencontre organisée par Ottawa est prévue avec les deux parties demain. M. Quevillon espère faire comprendre au gouvernement fédéral qu’il procède dans le désordre en ignorant sa municipalité.
Québec aura son mot à dire sur le don écologique
Le gouvernement du Québec aura son mot à dire dans le processus qui permettrait à Kanesatake de recevoir un don de terrains de la part de leur propriétaire.
Le maire d’Oka, Pascal Quevillon, s’est inquiété la semaine dernière de l’impact d’un projet établi en vertu du programme fédéral des dons écologiques.
Selon le maire, Grégoire Gollin donnerait un terrain de 60 hectares aux Mohawks et en offrirait, à la vente, un autre d’une superficie de 150 hectares.
Le cabinet de la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, a confirmé à notre Bureau d’enquête qu’une évaluation devra être faite à Québec, même s’il s’agit d’un programme fédéral.
Une direction du ministère de l’Environnement du Québec sera chargée du dossier, a indiqué la directrice des communications, Nadine Gros-Louis.
« La Direction des aires protégées est, entre autres, responsable d’attester la valeur écologique indéniable du bien faisant l’objet du don », a-t-elle répondu par courriel.
Autre option
Le grand chef de Kanesatake, Serge Otsi Simon, a affirmé que la transaction avec M. Gollin pourrait procéder autrement que par le programme fédéral.
« On a une autre option, il n’y a pas juste le cadeau écologique », dit-il.
M. Simon compte en parler avec la ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, vendredi, lors d’une rencontre organisée par le gouvernement fédéral où sera le maire d’Oka.
« C’est des choses qu’on essaie de ne pas trop discuter publiquement, et on est dans des phases délicates », explique-t-il.
M. Simon a cependant précisé que les superficies des terrains sont plus importantes que celles divulguées par M. Quevillon. Il a cependant refusé de donner un chiffre.
Le grand chef précise toutefois que seule une « entente de principe » est conclue avec M. Gollin.
« Ce n’est pas une entente légale », soutient-il.
Compensation
Quant aux sommes attendues par les Mohawks d’Ottawa en réponse à leurs revendications territoriales, là encore, le grand chef nie le chiffre de 128 millions $ avancé par le maire d’Oka.
« Un montant a été offert. On doit s’entendre sur le montant », dit M. Simon.
Cette somme, une fois convenue, pourrait servir aux Mohawks pour l’achat de terrains dans le secteur d’Oka.