Tout indique que le projet de tramway du maire de Québec peut désormais s’ajouter sur la pile de dossiers litigieux entre le gouvernement Legault et celui de Justin Trudeau.
Loin d’être un enjeu uniquement local, ce nouveau front pourrait avoir des répercussions jusqu’à Montréal.
Les faits
Régis Labeaume et le ministre des Transports, François Bonnardel, ont commencé à sérieusement taper du pied au cours des dernières semaines. Ils sont en attente d’une réponse du gouvernement fédéral concernant le financement du projet de tramway de Québec. Pour boucler le projet de 3 G$, une contribution de 1,2 G$ est attendue de la bande à Justin Trudeau.
Mais il y a un hic. Le programme fédéral identifié, qui soutient les projets de transports en commun, prévoit une répartition provinciale entre les différentes villes offrant de tels services. Sans surprise, c’est Montréal qui récolte la plus grande part du gâteau, faisant en sorte qu’il reste uniquement 400 M$ pour le tramway de la capitale.
Il y a donc un manque à gagner de 800 M$. Ne voulant pas déplaire aux électeurs de Québec à la veille d’une élection, les fédéraux répondent « pas de problème, on a un autre programme dans lequel on peut prendre ce qu’il manque ! » Mais ce n’est pas si simple. Dans cet autre programme, le Québec, qui est responsable de prioriser les projets, a prévu allouer l’entièreté des sommes à des initiatives visant à réduire les émissions de carbone, telles que des usines de biométhanisation.
Cela veut dire que si le gouvernement Legault suivait la logique d’Ottawa, il devrait mettre la hache dans tous ces projets. Ça ne fonctionne juste pas.
Le gouvernement Legault est clair dans ses revendications auprès d’Ottawa : vous avez donné trop d’argent à la Ville de Montréal dans le programme de transport en commun. Revoyez la répartition, et l’affaire sera ketchup.
Manque d’équité
Pour répondre favorablement à cette exigence, le fédéral devrait réduire les sommes promises à Montréal pour les différents projets de la mairesse Plante. Entendons-nous, ce n’est rien pour aider aux relations déjà passablement tendues entre la CAQ et la Ville de Montréal.
N’empêche, on peut facilement comprendre la logique de Québec, et, incidemment, des autres villes qui déplorent le fait que Montréal gruge les budgets. Bien sûr, il faut prendre soin de la Métropole. Mais si le fédéral sépare la tarte en fonction de l’achalandage actuel du transport en commun de l’ensemble des villes, comment voulez-vous aider les autres à progresser significativement ? L’exercice devrait plutôt prendre en considération l’achalandage anticipé en fonction des différents projets à réaliser. Ainsi, les villes de Québec, Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières, Lévis, Laval, Longueuil et Saguenay récolteraient davantage que des grenailles.
Il sera intéressant de voir comment se réglera (ou non !) ce nouveau conflit entre Ottawa et Québec. À quelques mois de l’élection fédérale, Justin Trudeau a bien plus à perdre à Montréal qu’il n’a à gagner dans la région de Québec.
Une chose est certaine, le budget fédéral qui sera présenté le 19 mars prochain sera suivi de très près. Il pourrait répondre à bien des questions... ou pas !