« Déclaration de guerre contre le Québec », a-t-on pu lire dans les journaux après le budget fédéral qui attaque directement la formation de la main-d'œuvre et les fonds de travailleurs, et ce, après qu'Ottawa ait récemment décidé de s'en prendre au programme d'assurance-emploi (ce qui affectera particulièrement les travailleurs québécois également). Les élus du Parti Québécois ont semblé tout surpris! Ils n'ont pas encore compris que le Canada est en guerre contre le Québec depuis toujours.
Il serait temps qu'ils se réveillent, eux autres! Ottawa mène depuis toujours une guerre contre le Québec, province inféodée et dominée au profit du Canada. Voulez-vous bien me dire à quoi s'attendait le PQ de la part d'Ottawa? Il faudrait vivre dans la réalité un peu. Le gouvernement fédéral n'a jamais cessé de couper les vivres au Québec et d'envahir nos champs de compétence. Et oui, ça continue. Et ça continuera. C'est l'histoire du Canada. L'histoire de notre soumission, de notre mise en minorité. Ça ne cessera pas. Pas tant que nous ne ferons pas l'indépendance, évidemment. D'ici là, Ottawa ne nous fera pas de cadeaux.
Toutefois, cet énième coup de poignard dans le dos du Québec a quand même du bon, si l'on veut, c'est-à-dire de rappeler aux Québécois la nature de notre situation politique. Une situation de domination, d'inféodation, de tutelle, d'exploitation. En outre, cela démontre que la lutte de libération nationale du Québec est loin d'être une puérile chicane de drapeaux, comme les fédéraux tentent bêtement de le faire croire. De même, notre combat ne se limite pas non plus à une lutte identitaire, comme trop de gens, même des indépendantistes, à droite comme à gauche d'ailleurs, semblent le croire.
Notre situation politique est somme toute assez simple. Quand on conquiert un pays, qu'on l'annexe, comme le Québec fut conquis et annexé par la force des armes, et qu'ensuite on le soumet, comme le Québec est soumis depuis 1763, c'est d'abord et avant tout pour des raisons économiques. Ainsi, la lutte de libération nationale du Québec doit également se faire pour mettre fin à ce colonialisme économique sur lequel s'est construit le Canada. Nous sommes payants pour le Canada, ce n'est pas pour nos beaux yeux ni même pour simplement préserver l'intégrité territoriale de ce pays qu'on nous maintient asservis au gouvernement d'Ottawa. On pige dans notre portefeuille. La majorité canadian gouverne.
Bien sûr, il y a des raisons culturelles de faire l'indépendance et elles sont fondamentales. Sans l'indépendance, le peuple québécois disparaîtra à plus ou moins brève échéance et sa culture avec, il n'y a pas de doute. Nous déclinons d'ailleurs dangereusement. Mais l'avenir de la langue française et de la culture québécoise serait assuré qu'il faudrait quand même mener la lutte de libération nationale. Quand on refuse l'indépendance à un peuple et qu'on le soumet, c'est pour l'exploiter (même s'il y a aussi, c'est l'évidence, une grande part de racisme dans le nationalisme canadian).
Voilà notamment pourquoi j'aime bien le discours de libération économique de Jean-Martin Aussant, comme j'ai toujours aimé le discours de libération nationale de Jacques Parizeau (cependant, de mon point de vue, Aussant néglige trop le discours identitaire : les deux vont de pair). Le RIN, le FLQ et Pierre Falardeau, entre autres, ne disaient pas autre chose : l'indépendance n'est pas qu'une question de langue, c'est une question d'exploitation. Le PQ aussi, à ses débuts. Cependant, au Parti Québécois de Pauline Marois, on se surprend qu'Ottawa s'attaque à l'économie du Québec. Et on braille. Ça braille fort, mais ça n'agit pas. Ottawa envahit nos champs de compétence... snif...
Ah, ouin? Ottawa envahit nos champs de compétence? Alors, envahissons les siens, bordel! Menons-la, la bataille! C'est comme ça qu'on résiste et qu'on fait l'indépendance! Et si c'est pas ça « gouverner en souverainistes », c'est quoi votre joli plan, au juste? Vous pensez que vous avez été élus pour quoi? Brailler en chœur autour de Nicolas Marceau en disant qu'Ottawa est pas fin? Misère! Je ne ferai pas partie de cette chorale-là... Et je ne vous mentirai pas, j'entretiens très peu d'espoir dans le Parti Québécois actuel.
Du côté de Québec solidaire? On ne semble pas se préoccuper beaucoup de défendre le Québec contre les assauts du gouvernement canadien. C'est très bien de dénoncer le virage à droite aberrant du gouvernement Marois, mais ça ne vous tente pas de vous battre aussi contre Ottawa de temps en temps? Oui, ils le font un peu, mais c'est rare et timide, presque aussi faiblard chez eux qu'au PQ... Je note cependant que QS est capable de courage. C'est par exemple le seul parti indépendantiste qui n'a pas eu peur d'envoyer un communiqué aux médias pour saluer la mémoire de Paul Rose.
Pour revenir à la bataille à mener contre Ottawa, le discours d'Option nationale qui vise à rapatrier lois, impôts et traités internationaux dès la prise du pouvoir (le fameux L-I-T), est sans contredit le discours indépendantiste le plus intéressant présentement dans les partis politiques. Ce que je me demande, par contre, c'est si les militants et même la direction d'ON comprennent ce que cela impliquera : agir unilatéralement pour rapatrier l'essentiel des pouvoirs d'un pays souverain. C'est la chose à faire, mais cela entraînera le plus grand choc frontal avec Ottawa de toute notre histoire. Chez ON, est-ce qu'on le comprend bien et est-ce qu'on s'y prépare sérieusement? Je le souhaite, mais je crains une certaine dose de naïveté. On ne fera pas face à l'État canadien en récitant des poèmes. Et c'est un littéraire qui vous le dit.
Enfin, comme indépendantistes, peu importe le parti, nous devons comprendre aujourd'hui, une fois pour toutes, qu'Ottawa est en guerre contre le Québec, qu'il soumet le Québec pour l'exploiter et qu'il ne nous fera pas de cadeaux. La majorité canadian gouverne. C'est une lutte à finir et Ottawa risque d'utiliser toutes les ressources à sa disposition pour nous maintenir dans ses chaînes. Au plan économique, le gouvernement canadien nous vole et continuera de nous voler. Sans arrêt.
Enfin, jusqu'à ce qu'on se décide à lui couper la main qu'il ne cesse de mettre dans notre portefeuille... Depuis toujours. Ça s'appelle faire l'indépendance.
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