« Il faut systématiquement faire les connexions qui s’imposent. […] Parce qu’on ne doit pas savoir le millième de leurs saloperies! On ne peut donc pas capitaliser là-dessus et démonter ça… Il faut les faire les organigrammes! On attend quoi? Que les journalistes de La Presse s’en occupent? » – Pierre Falardeau (extrait de Québec libre!)
L’idée de ce texte me vient de mon ami Jean-Pierre Durand. Récemment, il a partagé sur les réseaux sociaux une chronique anti-Mario Beaulieu de la journaleuse Chantal Hébert en soulignant que cette dernière est impliquée dans la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Spontanément, je n’ai pas cru mon ami Durand. Elle doit au moins se garder une petite gêne, la Hébert, que je me disais… Eh bien, non. Honte à moi. Vérification faite, Jean-Pierre avait raison. Et cela m’a permis de fouiller un peu l’organigramme de la belle fondation à la gloire de Trudeau père…
Tout d’abord, situons un peu l’institution trudeauiste. La Fondation Pierre Elliott Trudeau a été créée en 2001 par les amis, la famille et les collègues de PET dans le but explicite de rendre hommage à ce grand homme à qui l’on doit, entre autres, les Mesures de guerre et ses exactions, ou encore le rapatriement de la Constitution contre la volonté du Québec. La PET Foundation finance particulièrement la recherche universitaire (dans les domaines des sciences humaines et sociales, principalement), ce qui est évidemment une manière d’orienter ladite recherche universitaire.
On apprend notamment sur le site internet de la Fondation Trudeau que le gouvernement du Canada a confié à la Fondation en 2002 la gestion d’un fonds de dotation de 125 millions de dollars, le Fonds pour l’avancement des sciences humaines et humanités, avec l’appui unanime de la Chambre des communes svp, donc avec l’appui du Bloc si je comprends bien! Une autre belle contribution de Gilles Duceppe au mouvement souverainiste, sans doute. Et c’est pas du petit change, 125 millions, quand même. Mais venons-en aux personnalités impliquées à la Fondation.
Il y a là, bien sûr, tout un tas de personnalités fédéralistes et trudeauistes de différents horizons, qui agissent en tant que mentors, administrateurs ou membres. Beaucoup de gens auxquels on s’attend : des libéraux fédéraux, des anciens ministres, plusieurs représentants du patronat (Power Corporation, Alcan, SNC-Lavalin, Chambres de commerce, etc.), beaucoup de Canadiens anglais, des amis de la famille Trudeau, les fils Trudeau, etc. Mais il y a aussi des gens auxquels je m’attendais moins. Ah, encore ma naïveté qui en prend un coup! Allons-y voir.
Ainsi, on retrouve impliqué dans l’institution trudeauiste plusieurs journalistes, non pas que des anciens (tel Daniel Lessard, de Radio-Cadenas), mais aussi des journalistes actifs encore aujourd’hui. Ce n’est pas banal, tout de même. Je ne mentionnerai que ceux qui écrivent au Québec : dans la catégorie « mentors », en plus de Chantal Hébert, il y a nulle autre que Denise Bombardier (du RIN à la Fondation Trudeau, quelle fin pitoyable!), tandis que Laura-Julie Perreault, de La Presse, est « membre » de la Fondation PET.
Ensuite, on retrouve plusieurs avocats, mais surtout des juges ou anciens juges impliqués à la Fondation. La magistrature y est très bien représentée… Ce qui est, pour le moins, troublant. Dans le tas, un nom m’a frappé plus que les autres : Michel Bastarache. Bien oui, comme dans Commission Bastarache. Et comme administrateur de la Fondation, rien de moins. Doit-on se surprendre que la Commission Bastarache mise en place pour faire la lumière sur la nomination des juges par le gouvernement Charest n’ait pas abouti à grand-chose? En tout cas, cela soulève des questions, il me semble.
Enfin, quelques « surprises » aussi du côté des politiciens. Si l’on ne se surprend pas de retrouver à la Fondation des libéraux et même des conservateurs, ou encore l’actuel premier ministre du Québec Philippe Couillard, il est quand même un peu étonnant de retrouver parmi les mentors la cheffe du Green Party of Canada, Elizabeth May, l’ancien chef du NPD Ed Broadbent et l’actuel député du NPD Roméo Saganash… Étonnant? Bah, si peu… Un peu plus étonnant, mais pas tellement au fond, est la présence à la Fondation de l’ancien chef péquiste Pierre Marc Johnson, lui qui a fait abandonner l’option indépendantiste au PQ sous son règne. Alors, surpris? Si peu, si peu, quand on y pense…
Mentionnons aussi Alex Neve. Qui est ce monsieur? Secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, mes amis. Bien oui, un dirigeant d’Amnistie internationale impliqué auprès d’une fondation en hommage au père des Mesures de guerre… Quelle comédie.
En tout cas, si vous voulez éplucher la présentation des gens impliqués dans la Fondation PET, ou même aller jeter un coup d’oeil sur les lauréats et les boursiers, gâtez-vous :
http://www.trudeaufoundation.ca/fr/communaute
D’ailleurs, je paye la traite à celui qui me trouve un chercheur récompensé par la Fondation qui soit associé au nationalisme québécois… En fait, c’est plutôt tout le contraire, la liste des heureux élus regorgent de pourfendeurs du nationalisme québécois, tel le bon nationaliste canadien Jocelyn Létourneau.
Eh oui, Falardeau, décortiquons-les, les organigrammes des réseaux fédéraux. Ça peut éclairer bien des choses. Et pour revenir à mon ami Jean-Pierre, Chantal Hébert qui appuie la Fondation Trudeau et qui traite Mario Beaulieu de dangereux radical… Elle n’est pas gênée, la madame. Petite question comme ça : Beaulieu a-t-il fait emprisonner sans mandat plus de 500 personnes pour crime d’opinion comme celui à qui la Fondation à laquelle vous contribuez rend hommage, chère madame Hébert? Et ça se prétend journaliste!
Vive la démocratie canadienne.
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