Le gouvernement Charest a été accusé cette semaine d'abuser des nominations politiques aux conseils d'administration de sociétés d'État, dont certains seraient composés aux trois quarts de contributeurs à la caisse électorale du Parti libéral. En défense, il n'avait que de mauvais arguments à opposer aux attaques du PQ et de l'ADQ.
C'est une enquête menée par La Presse qui a nourri les attaques de l'opposition mercredi matin. On savait déjà, grâce à la commission Bastarache, que le Conseil des ministres était toujours informé de la couleur politique des personnes retenues pour une nomination. On sait maintenant que ce facteur est déterminant presque à tout coup, du moins pour siéger aux conseils des grandes sociétés d'État.
Plusieurs facteurs sont toujours pris en compte lors de nominations. Il y a d'abord la compétence, puis la confiance. Que l'on soit dans le secteur public ou privé, la confiance est un élément incontournable qui repose sur les affinités personnelles et l'adhésion à la vision des dirigeants. Dans le système qui semble être en place au sein de l'actuel gouvernement, une contribution à la caisse du parti semble non seulement être une mesure de cette confiance, mais aussi un coupe-file.
Ainsi, il était pour le moins étonnant mercredi d'entendre deux ministres soutenir que le don à un parti politique, peu importe sa couleur, est une manifestation de l'intérêt du donateur pour la chose publique, ce qui le qualifierait à une nomination. Comme si l'engagement civique ne pouvait prendre d'autres formes, par exemple au sein d'un comité de l'école, de groupes environnementaux, d'organisations culturelles. Comme si celles-ci préparaient moins bien à siéger aux conseils d'organismes publics que le militantisme au Parti libéral.
Il ne faut pas s'étonner qu'un gouvernement procède à des nominations politiques. Par définition, tous les gestes que pose un gouvernement sont politiques. Ce qui n'est pas normal, c'est que ces nominations soient déterminées non seulement par l'adhésion à un parti, mais aussi par le fait de contribuer à la caisse du parti. Il va alors de soi que l'on s'attend à ce que qui a donné continue de donner. Le message à peine sous-entendu est par ailleurs que ceux qui veulent être nommés donnent pour manifester leur intérêt. On dénature par là le sens même de l'engagement politique, qui devrait reposer sur la conviction plutôt que sur l'intérêt personnel.
Le réflexe de vouloir se retrouver entre gens de confiance, voire entre amis, lorsqu'on est au gouvernement, peut se comprendre. Mais ne pousse-t-on pas trop loin le bouchon lorsque 18 des 21 membres du conseil d'Hydro-Québec nommés par le gouvernement Charest depuis 2003 sont des donateurs à la caisse libérale? Probablement que ceux qui n'ont pas donné étaient les fonctionnaires représentant le ministère de l'Énergie et des Ressources. Des gens tous compétents, aucun doute là-dessus, mais un meilleur équilibre s'impose, ne serait-ce que pour des raisons de crédibilité de l'organisme et de représentation de tous les milieux de la société québécoise.
Ce qui est vrai pour le Parti libéral devrait être vrai pour les autres partis. À cet égard, il faut donner raison aux députés libéraux qui, mercredi, se sont gaussés du député péquiste Saint-Arnaud qui soutenait que la plupart des gens nommés par le Parti québécois par le passé étaient apolitiques. Aussi vrai que le père Noël existe.
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bdescoteaux@ledevoir.com
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