Contrairement à la tradition, le premier ministre Philippe Couillard n'a pas été consulté par son homologue fédéral, Stephen Harper, au moment de choisir le futur lieutenant-gouverneur du Québec.
Et M. Couillard ne contestera pas cette façon de faire.
Le premier ministre Harper annonçait mardi que le prochain représentant de la reine au Québec serait J. Michel Doyon. Il succédera à Pierre Duchesne, en poste à Québec depuis 2007.
Cette année-là, en mai, au moment de nommer le lieutenant-gouverneur du Québec, le premier ministre Harper avait consulté le premier ministre d'alors, Jean Charest, comme le veut la tradition dans les relations Québec-Ottawa.
En 1990, par exemple, l'ex-premier ministre Brian Mulroney avait lui aussi cherché l'assentiment de son homologue, Robert Bourassa, avant de nommer le sénateur Martial Asselin à ce poste, pour s'assurer que ce choix serait bien accueilli à Québec.
Le premier ministre du Canada n'a cependant aucune obligation constitutionnelle d'agir de la sorte.
Ainsi, à deux reprises, en 1996, l'ex-premier ministre Jean Chrétien avait refusé de consulter son homologue québécois Lucien Bouchard avant de désigner en août Jean-Louis Roux comme lieutenant-gouverneur, puis Lise Thibault, en décembre de la même année, pour succéder à M. Roux forcé de démissionner à la suite d'une controverse.
Outré, Lucien Bouchard avait affiché publiquement son mécontentement lors de la nomination du comédien Jean-Louis Roux, dénonçant autant le choix du candidat que le fait d'avoir été exclu du processus par le premier ministre Chrétien.
L'Assemblée nationale avait même adopté une résolution visant à forcer le gouvernement fédéral à le consulter en cette matière.
Interrogé à savoir si M. Couillard avait été mis au parfum de la nomination de M. Doyon, le porte-parole du premier ministre, Charles Robert, a indiqué mercredi à La Presse Canadienne que «le cabinet de M. Harper n'a pas consulté notre cabinet quant au choix du nouveau lieutenant-gouverneur».
Il s'est empressé d'ajouter que cette nomination relevait de «la prérogative» exclusive du premier ministre du Canada.
Selon lui, il n'existe aucune tradition de «consultation officielle» en cette matière dans les relations entre Québec et Ottawa.
Chaque année, le Québec doit débourser 750 000$ pour assurer le fonctionnement du cabinet du lieutenant-gouverneur.
L'opposition péquiste considère quant à elle que la fonction est archaïque et devrait être carrément abolie.
Sur sa page Facebook, mercredi, le chef de l'opposition officielle, Pierre Karl Péladeau, a qualifié cette fonction de «passéiste et dépassée», symbole malheureux et «incarnation du Québec inféodé à la reine d'Angleterre».
Il s'agit selon lui d'un gaspillage de fonds publics, et il s'interroge à savoir «pourquoi le premier ministre libéral Philippe Couillard n'a-t-il pas profité du départ de Pierre Duchesne pour demander purement et simplement l'abolition du poste de lieutenant-gouverneur?»
Le cabinet du premier ministre Harper n'a pas donné suite à une demande d'explication.
Pour choisir un nouveau lieutenant-gouverneur pour le Québec, le premier ministre Harper crée un comité consultatif chargé de lui faire des recommandations en dressant une liste restreinte de candidats potentiels. Mais le premier ministre se réserve le choix final de la candidature à retenir.
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