La naissance du Christ est peut-être l'histoire biblique la plus célébrée à travers la planète, bien au-delà du monde chrétien. C’est presque (re)devenu une fête païenne.
La tradition chrétienne veut que Jésus soit né le 25 décembre de l’an un de notre ère dans une étable de Bethléem entouré d’anges, de bergers et d’animaux où des Rois mages sont venus lui rendre hommage. Rappelez-vous les crèches de votre enfance quand vous chantiez, comme moi, Dans cette étable que Jésus est charmant...
L’historicité de Jésus est incontestable, mais les circonstances de sa naissance donnent lieu à de nombreuses interprétations.
En se basant sur l’étoile qui, selon la Bible, a conduit les trois Mages à l’Enfant-Jésus, des astronomes ont avancé que Marie a plutôt enfanté en juin. Après avoir établi qu’une étoile particulièrement brillante était visible en Perse et à Bethléem il y a 2000 ans, ils ont calculé que la date de sa naissance serait le 17 juin plutôt que le 25 décembre.
Pour ce qui de son année de naissance, on la suppose entre l’an 6 et l’an 4... avant Jésus-Christ! Selon ce que relatent les Évangiles, Jésus serait né dans les dernières années du règne du roi Hérode. Or, Hérode est mort en mars ou en avril de l’an 4 avant notre ère. La date de naissance de Jésus doit donc nécessairement être avant cette date.
Justin de Naplouse, saint martyr depuis l’Antiquité pour les orthodoxes et seulement depuis 1969 pour le Vatican écrivait, une centaine d’années après la Nativité, que Marie avait accouché dans une grotte. Les Judéens à l'époque biblique gardaient parfois leurs troupeaux dans des grottes. La Bible parle d’une crèche. Il est donc né dans une grotte qui était aussi une crèche.
L'église de la Nativité de Bethléem est d’ailleurs construite sur la grotte où Jésus est né. L'empereur païen Hadrien (76-138) avait construit un temple au dieu Adonis sur le site de la grotte de Bethléem pour décourager les chrétiens d’aller y commémorer la naissance de Jésus.
C’est Sainte-Hélène (248-330), la mère du premier empereur chrétien, Constantin, qui fit démolir le sanctuaire païen pour faire construire sur son emplacement l'église de la Nativité où les pèlerins visitent, encore aujourd’hui, la grotte où est né Jésus.
Avant la naissance de Jésus, on fêtait déjà le solstice d'hiver. Pour les Normands, c’était la célébration de la lumière et de la naissance. Une de leurs traditions était d'apporter des conifères dans leur habitation, symbole de la vie au milieu de l'obscurité et du froid. Préfigurant le père Noël, leur dieu Odin était censé chevaucher le ciel nocturne, décidant qui prospérerait ou périrait au cours de la nouvelle année.
Chez les Romains, le solstice d'hiver était aussi une période de festins et de réjouissances appelée Saturnales. Pour eux, le 25 décembre, jour de l'anniversaire de Mithra, leur dieu solaire, était le jour le plus saint de l'année. Comme Jésus, ce dieu de la lumière était aussi un Homme-Dieu, né «vrai homme». Des bergers étaient venus adorer l'enfant Mithra après avoir été informés de sa naissance par des anges.
Les premiers chrétiens ne célébraient pas la naissance de Jésus. Seulement sa résurrection. Au 4e siècle, la croyance dominante chez les chrétiens était que Jésus était un être essentiellement spirituel. C’est pour renforcer son humanité que l'Église a décidé de célébrer sa naissance. Étant donné que l'anniversaire de Mithra était déjà un jour saint païen largement observé, l'Église a simplement déclaré que le 25 décembre était le «jour de la fête de la Nativité». L'Église a également adapté de nombreuses traditions des fêtes du solstice d'hiver pour les intégrer dans ses rituels et traditions.
En 614, le général persan Shahrbaraz prend Jérusalem, s'empare des lieux saints et fait massacrer 17 000 chrétiens. Contrairement aux autres églises de la région, l'église de la nativité a «miraculeusement» échappé au saccage des Perses. Il est dit que Shahrbaraz a épargné cette église parce qu’il a vu sur ses murs des mosaïques des Rois mages en costumes persans qu’il a prises pour une manifestation de respect pour la Perse.