«Les armes ne rentrent pas par magie au Québec. Elles entrent par les frontières», affirme la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault. Avec le premier ministre Legault et la mairesse de Montréal, elle demande à Ottawa d’agir.
Tout le monde sait exactement par où elles passent. Dans une lettre ouverte dans Le Journal de Montréal, le sénateur et ex-policier Jean-Guy Dagenais affirme que seul Justin Trudeau «peut s’attaquer à la passoire d’armes d’Akwesasne et rétablir les peines d’emprisonnement minimum pour ceux qui sont arrêtés en possession d’armes illégales... peu importe la race.»
Les réserves autochtones sont en effet la principale source des armes à feu illégales qui circulent à Montréal et à Toronto. Le Toronto Star révélait dans un article récent comment les armes à feu utilisées par les criminels de la ville provenaient de la réserve mohawk d’Akwesasne, près de Cornwall sur la frontière entre le Québec, l’Ontario et les États-Unis. C’est exactement la même chose qui se passe à Montréal.
Le journal rapportait que Harris Poyser, 60 ans, a été condamné à 15 ans de prison pour son implication dans la contrebande d’armes à feu via la réserve d’Akwesasne pour approvisionner en armes les gangs de rue de Toronto.
La police a découvert 60 armes de poing et des chargeurs de grande capacité dans le coffre de la voiture de Poyser le 23 mai 2018, alors qu'il quittait Cornwall pour se rendre à Toronto. Selon la police de Toronto, des livraisons antérieures de près de trois douzaines d'armes à feu avaient été «rapidement récupérées» par des criminels de la région. Ces armes se vendent entre 2500$ et 4000$ chacune dans les rues de Toronto.
Ce trafic via la réserve d’Akwesasne dure depuis des décennies. Des dépêches diplomatiques américaines secrètes mises en ligne par la célèbre fuite WikiLeaks de 2011 indiquent qu’armes, drogues et autres marchandises de contrebande, pour environ un milliard de dollars, passaient chaque année par Akwesasne et que les deux autres zones mohawks, Kanesatake et Kahnawake, assuraient le transit de la contrebande. Imaginez les sommes que ça doit représenter aujourd’hui!
L’analyste de l’ambassade américaine d’Ottawa estimait que la pègre mohawk constitue la plus importante organisation criminelle canadienne quant aux revenus de ses activités illégales, déclassant la mafia et les Hells. L’ambassade américaine d’Ottawa affirme que les douaniers canadiens ont peur des Mohawks. En 2009, le poste-frontière a été fermé, car les Mohawks s'opposaient à ce que les douaniers travaillent armés. Un président du Syndicat des douanes et de l’immigration, Jean-Pierre Fortin, s’est déjà indigné devant un comité parlementaire à Ottawa du fait que la passivité des autorités policières et politiques permette aux Mohawks de bafouer les lois.
Déjà, en 2004, la consule américaine à Québec, Susan Keogh-Fisher, écrit que les gouvernements du Québec, du Canada et des États-Unis font tout pour éviter d'affronter les Mohawks. «Notre stratégie consiste à éviter la contre-réaction et le “psychodrame” en restant discrets.» De son côté, dans une autre longue analyse, la consule américaine à Montréal, Bernadette Allen, affirme qu’il est inutile de faire appel aux «policiers» mohawks (les Peacekeepers) pour faire respecter la loi.
Kahnawake, sur la Rive-Sud, est l'un des importants centres de jeux de hasard en ligne illégaux, et les autorités et Loto-Québec n'osent pas intervenir. Des salles de jeux de hasard, tout aussi illégales, y ont aussi pignon sur rue. Comme l’écrit ce matin mon collègue Guillaume St-Pierre, les politiciens à Ottawa, mais aussi à Québec, ont très peur d’intervenir. Ils craignent que toute intervention intempestive à Kahnawake et à Akwesasne provoque une prise de contrôle du pont Cornwall et du pont Mercier par les Mohawks. Les deux réserves tirent une partie substantielle de leurs revenus d’activités illicites. Un paquet de cigarettes de contrebande avec ça?