Négociations de la dernière chance pour sauver l’université franco-ontarienne

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Les Franco-ontariens instrumentalisés par Ford contre Ottawa


La communauté franco-ontarienne est sur le qui-vive depuis la relance inattendue des négociations entre Ottawa et le gouvernement Ford pour tenter de ressusciter l’Université de l’Ontario français.


À quelques jours du déclenchement des élections fédérales, des pourparlers « de la dernière chance » ont subitement repris à la demande du gouvernement ontarien.


Plus impopulaires que jamais, les conservateurs de Doug Ford semblent maintenant enclins à faire des concessions. La semaine dernière, le nouveau ministre de la Formation, des Collèges et des Universités de la province Ross Romano a même écrit à la ministre fédérale des Langues officielles, Mélanie Joly, pour redémarrer les discussions.


La construction de l’UOF dans la région de Toronto est évaluée à 126 millions $ sur huit ans. Dans un geste « exceptionnel », Ottawa est prêt à financer à 100 % les quatre premières années de l’établissement, à condition que Queen’s Park finance les quatre suivantes.


Mardi, Mélanie Joly a même envoyé une entente signée de sa main au gouvernement Ford. Ne manque plus que les signatures du ministre Romano et de la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney.


Urgent


La signature dans les prochains jours d’une entente entre Queen’s Park et Ottawa est « impérative » pour la communauté, insiste Carol Jolin, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. « Nos attentes sont claires : que l’UOF ouvre ses portes dès 2021. Tout délai causerait des torts irréparables, car c’est encore une autre cohorte de jeunes francophones qui n’aura pas [accès] à des études universitaires en français », dans le grand Toronto.


La balle est donc dans le camp du gouvernement Ford. « Nous sommes en train de d'examiner (l’entente) et nous aurons plus à dire à ce sujet sous peu », s’est limité à dire mardi le ministre Romano.


Les Franco-Ontariens instrumentalisés?


Face au jeu politique que se livrent Ottawa et Queen’s Park, les Franco-ontariens ne sont pas dupes, affirme en entrevue la députée indépendante Amanda Simard, qui a claqué la porte du caucus conservateur au plus fort de la crise franco-ontarienne, en novembre dernier.


« Tout d’un coup, à minuit moins une, Doug Ford s’intéresse à nous. Comme Franco-ontarienne, je me sens comme un pion. On nous instrumentalise parce que ça va mal pour eux », croit-elle.


Elle rappelle que le gouvernement Ford refuse toujours d’annuler d’autres compressions en francophonie, telles que l’abolition du poste de Commissaire aux services en français.


Tant les conservateurs que les libéraux ont avantage à ce que le dossier de cette première université unilingue francophone en Ontario soit réglée avant le déclenchement des élections fédérales, croit la politologue de l’Université Queen’s Stéphanie Chouinard.


« Pour Mélanie Joly, après son échec dans le dossier Netflix, la signature de cette entente serait une belle victoire qui lui permettrait d’assurer sa place au sein d’un éventuel deuxième gouvernement Trudeau. Doug Ford, lui, espère évidemment aider les conservateurs fédéraux d’Andrew Scheer en Ontario, où ils ont perdu beaucoup de vote en raison de l’impopularité record des conservateurs provinciaux. »


Elle déplore elle aussi que les minorités francophones soient en quelque sorte instrumentalisée à des fins partisanes.


« Ce n’est ni la première, ni la dernière fois qu’on fait des droits des francophones un enjeu électoral. »


Rappelons que l’Ontario compte la plus importante communauté francophone en milieu minoritaire au pays. La province compte plusieurs universités bilingues, mais aucune institution 100 % francophone. Ce manque est d’autant plus criant dans le centre-sud-ouest, qui abrite notamment Toronto.




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