Tempête dans un verre d'eau
Depuis le 6 août, le climat politique est lourd pour certains. Il y a ceux que tous connaissent depuis belle lurette et qui s'agitent pour faire vendre leurs journaux avec le sensationalisme politique habituel durant la saison estivale ... en taquinant le poisson. Il y a aussi ceux qui réagissent comme d'habitude; en mordant à l'hameçon, se constituant ainsi en festin destinés à nourrir la production de cachets accrus pour tous ces chroniqueurs et éditorialites à l'affût de la bonne affaire.
L'objet de la manifestation du 6 août a été détourné. Le débat est passé du problème de la paix au Liban à la défense de notre honneur de québécois. En moins de 24 heures. Les manifestants ont été déclarés coupables d'avoir péché par association au Mal et par conséquent ils mériteraient d'être bannis du débat politique. La recette semble toujours bien se vendre au Québec. Après tout, personne ne veut se faire associer à l'Axe du Mal.
Pourtant, n'est-il pas évident qu'en général les discours qui s'éloignent de la raison en tentant d'associer un individu ou un groupe au nazisme, au fascisme, à l'anti-sémitisme, à l'anti-américanisme, à Hitler, au communisme et maintenant au terrorisme plutôt que d'expliquer sereinement et rationellement les raisons des désaccords sont en fait, soit des produits de faibles d'esprit ou encore, de mauvais perdants. Dans le meilleur des cas. Un peu comme ceux qui insultent alors qu'ils sont à court d'arguments ou comme ceux qui sugissent d'une sombre ruelle pour frapper au visage ceux qu'ils n'arrivent pas à comprendre ou à émuler.
Dans le pire des cas, l'incitation à la haîne pourrait être envisagée. Et là, ce serait comme si des maîtres du jeu tapis dans l'ombre tournaient la tête en souhaitant ardemment avoir été entendus et compris par n'importe quelle bande de voyoux armés de gourdins comme on en trouve toujours dans la nature urbaine.
Se laisser gagner par l'émotivité et la colère lorsqu'on croit encaisser des coups en bas de la ceinture ne fait que dévoyer les énergies positives vers des tâches stériles et répétitives. En fait, les coups bas ne sont que des perceptions puisque ceux-ci ne frappent qu'une image virtuelle que l'agresseur voudrait nous faire incorporer à coup de mots sur la tête. Alors pourquoi réagir à ces coups sinon qu'on accepte d'incorporer ces images qu'on voudrait nous imposer et qu'on laisse ces mots entrer dans nos esprits et nous habiter? Il faudrait plutôt, dans de telles ciconstances, se rappeler que nous (les québécois) sommes maîtres de nous-mêmes et que c'est nous qui décidons seuls de la personnalité et du destin que nous voulons nous donner.
À moins d'explications rationelles et pertinentes, les critiques étourdies devraient toujours être balayées froidement de côté. Il y a trop de tâches importantes à accomplir au Québec pour que l'on s'épuise à courir après des mouches avec un tue-mouches à la main. Nous savons tous où ces insectes se reproduisent et nous n'avons pas réellement intérêt à nous laisser entraîner vers ces lieux.
La manifestation pour la paix au Liban du 6 août 2006
Manifester est un droit inaliénable en démocratie et l'exercise libre de ce droit est un critère d'évaluation de la vigueur du sentiment d'appartenance au système démocratique. Plus la participation au système démocratique est grande, plus la santé de notre démocratie est bonne. Se laisser intimider par des chroniqueurs, des éditorialistes, des membres et des ex-membres de l'appareil politique ne fait que donner des ailes aux anti-démocrates. Ils sont anti-démocrates parce qu'ils surfent sur une vague, dans leur fantasme d'une mer de drapeaux symboliques du Mal, et qu'ils voudraient discréditer les participants à un rouage important (les manifestations) de notre système démocratique en invoquant des arguments du genre reductio ad nazium.
Nul démocrate ne devrait céder à ce genre d'intimidation. Tout démocrate devrait au contraire démontrer que l'intimidation ne passe pas au Québec et qu'il est prêt à défendre sa démocratie contre les forces qui profitent de la moindre occasion pour la tarauder.
Les premiers responsables publics de notre démocratie sont nos représentants, les députés. C'est eux qui sont les mieux placés pour donner le ton. Ils ont donc la responsabilité morale d'encourager la participation aux manifestations en faveur d'une cause jugée juste par leurs commettants puisqu'ils en sont les représentants publics. Leurs participations personnelles aux manifestations fait partie de leurs responsabilités en tant que représentants de notre démocratie puisqu'ils détiennent le pouvoir de renforcer nos droits et d'encourager notre participation au système démocratique québécois. Leur participation à la manifestation du 6 août 2006 pour la paix au Liban démontrait bien que nous sommes représentés par des démocrates responsables.
À Montréal, les organisateurs d'une manifestation sont tenus d'obtenir un permis de la ville au préalable. Avant d'obtenir ce permis ils doivent d'abord s'entendre avec un responsable du Service de police de Montréal pour la sécurité de l'événement. Sur les lieux de l'événement, c'est au service de police d'utiliser les méthodes qu'il juge appropriées pour prévenir les débordements.
À la manifestion du 6 août, les policiers ont bien fait leur travail en collaboration avec les organisateurs; ils ont demandé discrètement, et avec beaucoup de tact, à quelques personnes de se tenir soit en bordure ou à l'écart de la manifestation puisque leur présence aurait peut-être provoqué des incidents. Le service de police a probablement jugé que démontrer un zèle excessif en appliquant à la lettre le principe radical de tolérance zéro à tout prix aurait certainement provoqué les incidents que l'on voulait prévenir.
Le servivce de police de Montréal a démontré très clairement son bon jugement et un sens de responsabilités irréprochable. Félicitations. Et c'est le même scénario dans toutes les manifestations démocratiques à Montréal. Malheureusement, il y aura toujours des provocateurs qui voudraient s'approprier de tels événements. Dans les circonstances, céder à un groupe minuscule de provocateurs et quitter l'événement à cause d'eux équivaudrait à céder à l'intimidation, à miner notre droit démocratique à manifester paisiblement et contribuerait ainsi à affaiblir la démocratie québécoise puisque le résultat serait d'encourager la dissuasion à la participation.
Honneurs et respects à nos députés qui n'ont pas cédé à l'intimidation pendant et après la manifestation du 6 août 2006.
Hier je n'y étais pas. Je le regrette. Demain j'y serai.
Jacques Nadeau
Jacouille et les autres
Mouches et démocrates
Honneurs et respects à nos députés qui n'ont pas cédé à l'intimidation pendant et après la manifestation du 6 août 2006.
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