L'accusation est fréquente et elle se répète sans retenue pour la moindre baliverne ou la moindre allusion. Si quelqu'un dit que les Palestiniens sont des victimes, si un journal parle de démesure militaire, si un lecteur écrit dans une tribune d'opinions que le gouvernement d'Israël utilise la terreur comme arme de guerre, si une personne connue manifeste de la sympathie pour les enfants libanais tués par les bombes israéliennes, sans autre procès c'est de l'antisémitisme pour les porte-parole de la communauté israélite. Autrement dit c'est une attaque contre tous les Juifs, c'est de la haine raciale, c'est un crime à la hauteur du génocide. En un mot comme en plusieurs c'est un attentat contre l'humanité.
Combien de fois dans le passé, des dirigeants d'organismes de la collectivité juive au Canada ou des représentants officiels de l'État d'Israël ont brandi l'anathème d'un antisémitisme militant ou rampant contre les Québécois et leurs leaders. Ce fut le cas récemment alors que l'ambassadeur Baker a stigmatisé Gilles Duceppe->1565] pour sa participation à une manifestation de sympathie à l'égard des victimes civiles des bombardements aveugles d'Israël au Liban. Ce fut aussi le cas dans cet article du National Post, le journal de Conrad Black, qui embarquait dans son réquisitoire pour délit de racisme tout le Québec francophone. [C'est la même névrose qui a amené des publications juives à accuser un Parizeau et un Bouchard d'être des Hitler, il n'y a pas si longtemps. Il y a tant d'autres exemples de cette paranoïa qui a fait des victimes chez les acteurs, les écrivains, les politiciens et les journalistes, qu'il n'est pas possible de les rappeler tous. Cependant, des noms de supposés antisémites viennent facilement à notre esprit en même temps que la honte de ne pas les avoir défendus comme ils le méritaient.
Non seulement des Juifs en autorité accusent les Québécois d'antisémitisme à l'occasion de certains événements qui ne leur plaisent pas, mais ils utilisent tous les moyens dont ils disposent pour dénigrer notre peuple, rumeurs, calomnies, complicité politique et pression économique. Jéhovah sait combien ils peuvent être puissants en ces matières. La moindre mention d'un geste posé pour déplorer la condition pitoyable de la Palestine occupée ou du Liban attaqué, la moindre critique sur le comportement de Tsahal, le moindre reproche touchant les représailles violentes et démesurées de l'État d'Israël, et notre Dieu sait qu'il y en a des tonnes, soulèvent aussitôt le chœur des pleureurs du Mur des Lamentations. « Nous, les Juifs, sommes les constantes victimes de la haine des Québécois. »
De nos jours, l'antisémitisme cherche à couvrir plus que la haine raciale puisqu'il tend à englober le terrorisme mondial. Avoir de la sympathie pour les victimes arabes des attaques de l'aviation israélienne c'est camper avec les forces du Mal et se rendre coupables de terrorisme. Pas n'importe quel terrorisme, celui-là même que combat Bush, Blair, Olmert et maintenant Harper. À entendre les pourfendeurs d'obédience juive, tous les Québécois de langue française, particulièrement les souverainistes, militent dans une filière d'Al Quaïda, honorent cinq fois par jour le prophète Ben Laden et s'entraînent à la guérilla et peut-être aussi aux attentats-suicide.
Qui fera comprendre aux Juifs qu'ils n'ont pas le monopole de la vérité, qu'ils sont loin de la vertu civique et encore plus de la compassion, que leur orgueil et leur trip de puissance exaspèrent le monde entier? Qui mettra Israël au rang des autres peuples? Qui imposera aux Sionistes des obligations pour contrebalancer les droits dont ils jouissent et la sympathie que leur passé suscite? Qui désarmera ces va-t-en-guerre? Certainement pas les puissances de l'heure.
En attendant plus de raison sur le plan de la gouverne du monde, le Québec pourrait s'inspirer des dispositions légales qui interdisent l'antisémitisme au Canada et ailleurs pour faire de l' « anti-québécisme » un manquement à notre Charte des droits, soit un délit contre le droit d'être respectés en tant que nation. Je sais que le Québec ne pourra pas mettre une telle disposition dans le Code criminel tant que le crime restera fédéral, mais elle permettra d'ouvrir une enquête à chaque fois qu'une attaque outrancière sera formulée.
Avec cette simple suggestion je suis sûr d'être maintenant classé comme un antisémite.
Gilles Néron
Québec
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