Treize des quinze municipalités défusionnées de l'île de Montréal ont le statut de «ville bilingue». Cela leur permet entre autres d'introduire l'anglais sur leurs affiches (du moment que le français prédomine). Les villes de Hampstead et de Côte-Saint-Luc voudraient maintenant que les services de l'agglomération sur leur territoire en fassent autant. Elles réclament aussi qu'une plus grande partie des documents de l'agglomération puisse être disponible en anglais. La demande a fait bondir la SSJB-M. Montréal n'entend pas y donner suite.
La Ville de Montréal n'a pas l'intention d'accéder aux demandes des villes défusionnées qui réclament une plus grande présence de l'anglais dans le fonctionnement de l'agglomération.
Les villes de Hampstead et de Côte-Saint-Luc ont toutes deux fait adopter cet été en conseil municipal une résolution réclamant que les documents émanant de l'agglomération soient disponibles en anglais et que l'affichage soit bilingue sur les édifices relevant de l'agglomération situés dans les 13 municipalités reconstituées qui ont le statut de «ville bilingue».
La demande n'a pas fait ciller l'administration montréalaise. Au cabinet du maire de Montréal, on précise qu'il revient à la Ville de Montréal de dispenser les services au sein de l'agglomération. «Le français est la langue commune du Québec, le premier article de la Charte de la Ville dit que Montréal est une ville de langue française. Nous offrons nos services en français. Comme nous sommes responsables de l'agglomération, par extension nous allons continuer d'offrir nos services en français», a déclaré hier l'attaché de presse du maire Gérald Tremblay, Maxime Chagnon.
Le président du conseil d'agglomération, en l'occurrence le maire de Montréal, devrait répondre officiellement aux villes reconstituées qui ont manifesté leurs doléances lors de la prochaine réunion du conseil d'agglomération, le 31 août prochain.
Le statu quo est aussi bien vu par l'Office québécois de la langue française (OLF), qui salue l'attitude actuelle de la Ville de Montréal quant à l'usage du français sur l'île. «Si les gens de Beaconsfield et de Pointe-Claire considèrent que le niveau [de documents d'agglomération disponibles en anglais] est correct, on pourrait penser qu'il est déjà assez élevé. Pour l'affichage, si la Ville et le conseil d'agglomération veulent accentuer l'image française de Montréal, il est bon que l'affichage demeure en français seulement», a affirmé le porte-parole de l'OLF, Gérald Paquette.
La demande de Hampstead et de Côte-Saint-Luc a suscité une vive réprobation de la part de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui rappelle que le statut de ville bilingue prévu dans la loi 101 devait à l'origine être accordé seulement pour une période transitoire de cinq ans. «On trouve qu'il y a trop d'anglais dans les services publics. Ces municipalités en veulent encore plus. Cela va faire. Éventuellement, il faudra aussi réexaminer la question de l'usage de l'anglais comme langue publique», a fait valoir le président de la SSJB-M, Jean Dorion.
Il craint qu'un plus grand bilinguisme dans les services publics ne décourage les immigrants d'apprendre le français.
Cet argument suscite l'ironie du maire de Côte-Saint-Luc, Anthony Housefather, qui a jadis présidé aux destinées du groupe Alliance Québec. «Pourquoi la population anglophone de Montréal doit-elle souffrir parce que certaines personnes pensent que des gens n'apprendront pas le français si les services sont donnés en anglais?», a demandé M. Housefather.
Il souligne qu'avant les fusions, tous les services étaient accessibles en anglais dans sa municipalité. Ce n'était toutefois pas le cas des services dispensés par la ville centre lorsque Côte-Saint-Luc faisait partie de Montréal. «Est-ce que, parce qu'il y a eu des fusions, qui sont maintenant annulées, nous n'avons plus le droit aujourd'hui d'avoir des services en anglais?», a demandé M. Housefather.
Le maire de Hampstead, où une résolution similaire a été adoptée, précise qu'il n'est pas question de rendre l'ensemble de l'agglomération bilingue. «Nous voulons qu'une proportion raisonnable de documents soit disponible en anglais et qu'un plan d'action ainsi qu'un échéancier soient adoptés pour aller en ce sens», a dit le maire William Steinberg. Il est selon lui impératif que les documents de consultation destinés au grand public soient traduits.
Cette préoccupation n'est cependant pas partagée par toutes les villes bilingues défusionnées. «Nous avons d'autres problèmes plus importants. Cela ne figure pas dans notre liste de priorités», a affirmé le maire de Pointe-Claire, Bill McMurchie.
Il note que les échanges entre les élus et les citoyens ont fréquemment lieu en anglais lors des séances du conseil d'agglomération.
Montréal : L'agglomération restera française
Le maire Gérald Tremblay s'oppose aux maires de Hampstead et de Côte-Saint-Luc, qui réclament plus de services en anglais
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé