L'auteur et dramaturge Michel Tremblay ne croit plus à la souveraineté du Québec. En entrevue avec la Presse canadienne, M. Tremblay a dit ne plus être capable de s'identifier à un projet dont la principale justification est devenue économique.
M. Tremblay a expliqué qu'il était devenu souverainiste, à l'époque, parce qu'il estimait que le Québec se devait de prendre sa place et d'être reconnu au sein du continent: «Quand on a commencé à vouloir un pays, l'économique était moins important que l'orgueil d'être les représentants de la francophonie en Amérique du Nord. Ce qui m'a mené à devenir séparatiste à l'époque, c'était le fait de dire: on est français, on est assez forts, on est à peu près tous au même endroit, faisons un pays.»
Il déplore le fait qu'aujourd'hui tout soit ramené à des questions d'argent: «Maintenant, quand on veut faire un pays, on est obligé d'aller rassurer les Américains pour leur dire que ça ne changera rien pour eux.»
Lorsqu'on lui demande s'il croit toujours à la souveraineté, c'est sans hésitation que le dramaturge lance cette réponse sans appel: «Non. C'était un beau rêve et il ne faut pas rire de ses rêves, mais tant et aussi longtemps que l'économie sera placée en première place, on ne fera jamais la souveraineté.»
Cette question de l'omniprésence de l'économie transcende d'ailleurs le seul enjeu de la souveraineté. Pour Michel Tremblay, la société québécoise est en train d'y perdre son âme: «Comme Toronto, on est en train de découvrir l'argent, l'argent à tout prix. Il faut arrêter de penser à l'argent et penser à notre mieux-être autre que le mieux-être du confort matériel. Évidemment, c'est facile pour moi de dire cela puisque je suis multimillionnaire!» lance-t-il en riant. Puis, redevenant sérieux, il ajoute: «Il faut bâtir une société dont le centre sera autre chose que la maudite économie.»
Cela ne l'empêche toutefois pas d'applaudir à l'arrivée d'André Boisclair à la tête du Parti québécois: «C'est un signe des temps assez formidable, assez merveilleux [...] que la majorité puisse accepter la possibilité qu'un premier ministre soit homosexuel. Je ne dis pas cela en tant qu'homosexuel, mais bien en tant que personne avec une ouverture d'esprit assez large. C'est un signe d'intelligence et d'ouverture d'esprit.»
Selon lui, le Québec est l'une des sociétés qui ont évolué le plus vite au monde depuis l'époque où il est devenu l'un des premiers endroits sur la planète à s'être débarrassés de la domination de l'Église catholique sans révolution et sans guerre.
Pierre Saint-Arnaud, PC
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