Me Sylvain Lussier, la Commission Charbonneau et le Plan Nord

Élection Québec 2012 - Bilan


Dans un article signé par Dominique Tardif et publié dans Droit-Inc. le 9 juin 2010, Sylvain Lussier racontait ceci sur sa grande réussite comme avocat :

« …Je suis entré en droit parce que je voulais faire de la politique. J’adorais ça. Mon père était haut fonctionnaire et était proche de Messieurs Trudeau, Pelletier et Marchand. Bien, franchement, je pensais que le droit serait un long et horrible moment à passer, mais je suis tombé dedans comme dans la potion magique. »

Devenu avocat, Me Lussier s’est spécialisé dans le droit administratif. Mais pas n’importe quel! Celui des grandes corporations. Ainsi, il a représenté Asphalte Desjardins, les Pétroles Irving, Elpida Memory et une grande compagnie pharmaceutique poursuivis dans des recours collectifs, il a été le procureur de Gaz Métro dans plusieurs dossiers contre des citoyens impliqués dans des bris de conduites de gaz. Mais sa renommée lui est surtout venue comme procureur du gouvernement du Canada dans le scandale des commandites.
À la journaliste Dominique Tardif, Me Lussier donnait aux jeunes avocats le conseil suivant :
« …Impliquez-vous dans la communauté juridique. Si je suis où je suis aujourd’hui, c’est parce que je me suis impliqué : j’ai fait partie de l’AJBM puis des comités du Barreau, j’ai rencontré des juges, etc. Pour les gens du droit des affaires, c’est autre chose : on se fait voir dans les événements d’affaires, par exemple. Il ne s’agit pas de devenir ami avec le président d’Hydro-Québec, il s’agit de
devenir ami avec les gens de son niveau qui, un jour, seront eux-mêmes présidents. »

On peut dire que Me Lussier a su mettre en pratique le conseil qu’il donnait aux jeunes avocats. Devenu procureur en chef de la ville de Montréal pour le compte du cabinet Osler, Hoskin & Harcourt, il a démissionné de son poste pour devenir le procureur en chef de la commission Charbonneau. Mais il a obtenu le privilège de continuer à travailler pour la firme dont, par ailleurs, il est un membre associé, ce qui signifie qu’il a droit de décision sur les dossiers qui y sont à l’étude.
Mais qu’est-ce donc que ce cabinet Osler, Hoskin & Harcourt? Une énorme entreprise qui a ses ramifications partout au Canada,
aux États-Unis, en Amérique Latine et en Asie. On ne s’y occupe pas du menu fretin, mais des gros poissons corporatifs qui ont affaire aux syndicats, aux groupes de pression, etc.
Osler, Hoskin & Harcourt est surtout l’une des grandes firmes d’avocats qui travaillent à la réalisation du… Plan Nord du gouvernement Charest. Sur le site de la firme, il est même indiqué que Me Lussier est partie prenante au dossier!
Toujours sur le site d’Osler, Hoskin & Harcourt, on apprend que celle-ci en mène large par-devers le Plan Nord : consultation des Autochtones et négociations d’ententes avec eux; arrangements commerciaux (redevances, exploitation et mise en valeur, conventions d’achats d’électricité et accords d’exploitation), constructions et infrastructures, emploi et main-d’oeuvre, régimes de retraite et avantages sociaux, contrats d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction, alliances stratégiques, droits miniers et droits de superficie, financement de projets, investissements stratégiques, contrats et engagement pour le transport et les expéditions, etc.
Quand on sait tout ceci, il me semble qu’on comprend mieux la sortie, en pleine campagne électorale, de Me Lussier contre Jacques Duchesneau. Il est toutefois plus difficile de comprendre comment et pourquoi la présidente de la Commission Charbonneau, qui ne pouvait pas ne pas connaître les liens de Me Lussier avec Osler, Hoskin & Harcourt et le Plan Nord, l’a tout de même embauché comme procureur en chef ! Serait-ce trop lui demander qu’elle nous explique ce qui a déterminé son choix?
P.S. Depuis que les médias ont mentionné l’implication de Me Lussier dans le cas d’Asphalte Desjardins, la firme Osler, Hoskin & Harcourt a fait disparaître de son site toute mention à Me Lussier, de même que ce qu’elle réalise et compte réaliser par-devers le Plan Nord. J’ai en main les pages consacrées à Me Lussier et au Plan Nord, et je me ferai un plaisir de les faire parvenir à qui m’en fera la demande.
Victor-Lévy Beaulieu
_ Écrivain

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Victor-Lévy Beaulieu84 articles

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Victor-Lévy Beaulieu participe de la démesure des personnages qui habitent son œuvre. Autant de livres que d'années vécues, souligne-t-il à la blague, comme pour atténuer l'espèce de vertige que l'on peut éprouver devant une œuvre aussi imposante et singulière. Une bonne trentaine de romans, une douzaine d'essais et autant de pièces de théâtre ; des adaptations pour la télévision





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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2013

    Une organisation n'est jamais plus solide que le plus faible de ses maillons. N'oubliez jamais le copinage malsain existant entre la politique et le judiciaire tel qu'il fut exposé devant la commission Bastarache à travers les post-it de Chantal Landry.
    La juge France Charbonneau doit son poste de magistrat a une nomination partisane effectuée par le gouvernement sous influence de Paul Martin, l'homme de main de Paul Desmarais comme tout le monde fut en mesure de le constater après avoir visionné 'Le bal des bouffons' tourné à Sagard. Or il appert que la juge Charbonneau s'est copieusement salie les mains dans un dossier controversé impliquant l'Ordre des Ingénieurs du Québec, au cœur de la controverse justifiant la mise en place d’une commission d’enquête.
    La suite et les liens : http://sco.lt/89PUor

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2012

    Dans le système colonial fédéraliste les citoyens du Québec n'obtiendront jamais justice car le système ne le permet pas . Les commissions Gomery et Bastarache le prouve bien car tous les commandités et les corrompus sont encore en fonction au service des libéraux
    MICHEL

  • Oscar Fortin Répondre

    21 août 2012

    Merci, M. Beaulieu de porter à notre attention cette magouille où les joueurs à cravate et à la morale intouchable se paient la tête du monde en se faisant payer gras dur à même l'argent du peuple. Il faut, comme vous le faites maintenant, que ces montages derrière les rideaux de la scène publique apparaissent au grand jour et que leurs auteurs se retrouvent sans cravate et sans masque devant leurs spectateurs. Ce ne sont pas ceux et celles qui ont les mains dans le sac qui vont procéder à pareille opération.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 août 2012

    Cher Monsieur Beaulieu,
    en ce moment au Québec, les PLANS métritent d'être arrêtés par des moratoires et les Commissions d'enquêtes méritent d'être enquêtées. C'est pas une blague !
    Y a t-il un seul Québécois pour faire confiance à une commission nommée par James Charest et son parti? Voici ici, encore une fois, quelques lignes de plus sur la magouilles à son meilleur.
    Merci Monsieur Beaulieu.
    Peut-être devriez-vous mettre les pages que vous avez au sujet du MONSIEUR L'AVOCAT en ligne sur le site.
    Nous le savons tous, mais rien de mieux que de voir et de partager!
    À voir toute la chnoutte de merde devant laquelle nous sommes, je crois que les casserolles ont encore bien du travail à faire !

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    14 août 2012

    La phrase la plus sinistrement assommante:
    "Pas entendu les péquistes dénoncer cela, eux qui attendent en coulisses de profiter du pactole public. Plus ça change, plus c’est pareil." (P.C.)
    Et si c'était vrai?...
    Nous qui nous préparons à nous boucher le nez pour rentrer sous la jupe de Pauline afin de botter le cul à JJ...
    S'il fallait que cette tournée "indépendantiste" péquiste ne soit rien d'autre qu'une copie carbone des menteries charestiennnes! S'il s'agissait de la cage à homard!
    C'est kafkaien!
    Ce qui aurait bloqué la route à ce traquenard, qui aurait annulé le même argument que celui de Duceppe et qui l'a tué: "Seul parti capable d'empêcher la réélection de..." c'aurait été une bombe médiatique révélant la pureté des intentions d'un nouveau, réel parti voué à l'indépendance du Québec!
    Il reste les débats des chefs, là où les bombes explosent.
    Faire le lien entre la Commission Charbonneau, PLQ, PQ, les Indiens et le Plan Nord!
    Sortir un résumé du programme O.N. et le C.V. de Jean-Martin Aussant.
    VLB publie là où il veut. Quand il veut. Il est encore temps.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 août 2012

    Merci pour ce nouveau coup de pouce à la patrie québécoise, monsieur Beaulieu. Votre santé s’améliore à en juger par la vigilance de votre œil.
    Le moment parfait pour que des chefs de parti et leurs « vedettes » juridiques prennent le relais électoraliste de ce dossier de collusion évidente entre l’État et les intérêts privés, ces « intérêts » se faisant nettement au désavantage de ceux du peuple et d’une saine gestion de « ses » ressources naturelles.
    Sans doute que l’avocat Lussier prend son cocktail avec Lucien Bouchard régulièrement et à la même arrière-boutique que Charest-Harper-Mulroney, en secret – où il fut sans doute question de l’entente avec les Cris, sur fond(s) de baril de pétrole. Qu’attendent les partis politiques démocratisants pour s’allier les Atikamekws dans le dossier du Plan Nord? Les autochtones aussi sont divisés par les pouvoirs financiers.
    Vous faites ressortir aussi monsieur Beaulieu, pourquoi les libéraux préfèrent les commissions d’enquête plutôt que les enquêtes publiques : le survol de surface démagogique et les contrôles d’entrée et de sortie de l’information sont plus assurés par le haut.
    Dire que dans le cas de la Commission Bastarache, il aurait suffi de faire témoigner les chauffeurs de limousine et les responsables de l’entretien et du buffet (témoins vite écartés par le vieux routier de juge par une banale technicalité), pour confirmer cette fameuse rencontre entre Charest et Bellemare, et tout l’édifice du « mentir-cacher » monté juridiquement se serait écroulé, discréditant Charest une fois pour toute. Et 6M$ de fonds publics auraient pu être récupérés.
    La majorité silencieuse n’aurait pas l’argument actuel du « rien de prouvé » en tête (malgré le refus d’évidences parfois évidente au-delà de l’entendement), perpétuant la tranche des électeurs indécis; et Charest ayant quitté son siège pour faire place à la CAQ, Sirois et Compagnies, le choix aurait été plus clair et la couverture médiatique plus grande pour les autres partis en lice, laissés dans l’ombre arbitrairement.
    Comment faire la preuve? demandait le journaliste à l’indicateur dans l’affaire Watergate : « suivez l’argent! » répondit-il… ou l’avocat peut-on ajouter ici. Mais nos journalistes ne suivent plus que des consignes venues d’en haut, mais surtout pas du ciel.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 août 2012

    Enquête de la juge Charbonneau – Un flou juridique plane sur la commission. Le mandat de la juge Charbonneau ne changera pas, dit Fournier.
    “Le gouvernement libéral n’a aucunement l’intention de réécrire le décret de la juge France Charbonneau pour y prévoir explicitement le pouvoir de forcer des témoins à venir s’expliquer devant elle. «Si on faisait ça, on nuirait à la Commission, on créerait un double mandat, une inquisitoire et l’enquête de la police.”
    «Le mandat qui a été donné va à la limite de ce qu’on peut faire en ce moment», a souligné M. Fournier, répliquant dimanche aux partis de l’opposition.”
    Le premier ministre Charest a dû revoir sa stratégie à la hâte après que le Barreau eut exprimé de profondes réserves sur les chances de succès de la commission Charbonneau.
    http://www.ledevoir.com/societe/justice/334437/enquete-de-la-juge-charbonneau-un-flou-juridique-plane-sur-la-commission

  • Archives de Vigile Répondre

    13 août 2012

    C'est ce qu'on appelle en langage populaire des "fioles" politiques.
    On ne viendra pas me dire qu'on n'aurait pas pu trouver parmi les avocats et procureurs de la Fonction publique des gens assez compétents pour effectuer le travail qu'effectuera Me Lussier, qui auraient été payés à salaire au lieu d'être rémunérés à un taux horaire comme le sera Me Lussier.
    Il faudra surveiller attentivement les coûts de la commission Charbonneau et les sommes versées aux divers commissaires et procureurs.
    C'est ce qu'on appelle les partenariats publics-privés si chers - c'est le cas de le dire - aux libéraux.
    Pas entendu les péquistes dénoncer cela, eux qui attendent en coulisses de profiter du pactole public. Plus ça change, plus c'est pareil.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite