Je fus récemment frappé par les rapprochements à faire entre le Québec du milieu du 19e siècle (lors de son passage au capitalisme industriel) et les bouleversements sociaux et économiques actuels.
Tiré du livre "Brève histoire socio-économique du Québec", ce passage, avec les adaptations nécessaires, est particulièrement éloquent: ““ Pour ceux qui pouvaient investir, ce fut une époque d’accroissement des richesses, des pouvoirs et des privilèges sociaux. Les élites déjà en place profitèrent de l’accroissement des pouvoirs civils de l’État, de l’évolution des pouvoirs policiers et judiciaires, des conflits ethniques et de l’influence idéologique et institutionnelle de l’Église pour raffermir leur autorité.
Quant aux paysans, aux colons, aux petits salariés et aux veuves, leur survie se résumait souvent à une lutte quotidienne pour trouver de l’emploi ou simplement pour joindre les deux bouts. Mais, à travers les conflits ethniques et les grèves ainsi qu’à l’occasion de certaines épidémies, on discerne une résistance aux changements fondamentaux dans le monde du travail et des relations sociales. Cette opposition se traduisit de nouveau par des émeutes, des grèves ou des manifestations politiques, d’autres fois par une résistance à l’autorité sous le couvert d’actions individuelles comme l’incendie criminel, les voies de fait ou simplement le refus d’assister aux services religieux, de payer la dîme, les taxes ou les droits seigneuriaux. Sans être particulièrement nouveau, chacun de ces actes représentait néanmoins un combat social constant. (p. 179)””
Il suffit de remplacer l'Église par l'économie de marché (voir à cet effet Hausse des frais de scolarité: le culte de la Déesse Économia), les paysans par les ouvriers, les colons par les immigrants, etc.
Un simple retour dans le passé rapproché nous permet de constater à quel point chaque époque aura vu les riches accaparer l'État pour s'enrichir au détriment de la classe ouvrière, et que cette dernière n'a jamais rien d'autre que la rue et "l'illégalité" (puisque les lois, les taxes ou la dîme par exemple étaient instaurés par et pour le pouvoir en place, soit la bourgeoisie et l'Église) pour manifester son opposition.
Il est bon également de se rappeler que la rébellion des Patriotes (1837-1838) ne fut pas que l'affaire des nationalistes francophones, comme voudraient bien le laisser croire l'Élite et le pouvoir qui se dit fédéraliste, mais qui n'est que plus à l'aise pour manœuvrer au Québec, grâce à la division fédéraliste/souverainiste (un seul parti sert de refuge aux fédéralistes endurcis). Au contraire, plusieurs anglophones partageant les valeurs des canadiens-français de l'époque (notamment Marcus Child, Ephraim Knight, Robert Nelson de même que John Neilson, W. H. Scott et E. B. O’Callaghan qui représentaient des circonscriptions francophones). Il y avait bien sûr des divisions profondes, mais la division ethnique favorisée par l'Élite britannique servait bien plus la cause Anglo-saxonne (loyaliste) qu'Anglophone du Bas-Canada (Québec actuel).
"Diviser pour régner" est encore aujourd'hui un concept très actuel. L'union entre anglophones et francophones du Bas-Canada aurait été désastreuse pour le projet d'annexion de ce qui est maintenant le Québec au reste du Canada.
Dans la crise actuelle (corruption du parti libéral de Charest, grève étudiante, scandales multiples (voir: http://www.liberaux.net/), ne constatez-vous pas l'effort de division et de segmentation de la population par le pouvoir en place ?
L'opposition entre les étudiants et les travailleurs, ça vous dit quelque chose ? (Comme si les étudiants n'allaient jamais être eux aussi des travailleurs!)
L'opposition entre la jeunesse et les Boomers, ça vous dit quelque chose ? (Comme si les Boomers n'avaient jamais été jeunes, et que les jeunes ne deviendraient jamais vieux!)
L'opposition entre Montréal et les régions, ça vous dit quelque chose ? (Montréal, qui subit les inconvénients des manifestations étudiantes depuis février est pourtant moins hostile à la cause étudiante que les régions, qui elles ne perçoivent trop souvent, bien malgré eux, les inconvénients des manifestations qu'à travers le filtre des médias (Péladeau et Desmarais) et les chiffres comptables des dépenses policières attribuables, disons-le, à l'instrumentalisation d'une crise sociale, prolongée à des fins partisanes du parti libéral).
Avec le déclenchement d'élections AVANT la commission Charbonneau, alors qu'il resterait plus d'un an de mandat aux libéraux (le temps de changer leur image en changeant de chef), vous croyez que la prolongation du conflit étudiant n'avait pas pour but de monopoliser l'attention des médias sur la crise étudiante plutôt que sur les révélations de corruption du parti libéral de John James Charest ?
Il y a 150 ans de ça, le Parti réformiste (conservateur) avait tout orchestré lors du projet de constitution du Canada (1864) pour avantager les Anglophones loyalistes des Cantons de l'est, dont est originaire notre John James, un ex-conservateur, toujours loyaliste. Remontons le temps:
“Nulle part cette rhétorique ne fut plus évidente que lors des négociations qui aboutirent à la Confédération; la minorité anglophone du Bas-Canada se vit alors donner des garanties quant aux écoles protestantes, à la répartition des taxes scolaires et à un nombre fixe de circonscriptions dans les Cantons de l’Est. À Montréal et à Québec, des chefs politiques comme La Fontaine, Cartier et Langevin lièrent leur parti aux grands intérêts industriels en acceptant des postes d’administrateurs, des contrats et des contributions à leur formation politique. (p. 167)”
Pourquoi croyez-vous que des mesures légales furent instaurées pour encadrer L_'_I_N_F_L_U_E_N_C_E du privé sur le politique, influence que l'on nomme aujourd'hui tout banalement le lobby... Pour qui le "libéral" conservateur John James, (dont plusieurs au sein du parti ont déjà accepté des postes, contrats et contributions...) dirige la province, à quels intérêts veille-t-il ?
Un sentiment de déjà-vu avec ce qui suit ?
““Au cours des décennies qui suivirent la Confédération, la politique provinciale fut marquée par l’instabilité, la forte opposition entre la droite catholique et les centristes, ainsi que par la dette provinciale de plus en plus lourde attribuable aux subsides accordés pour la construction des chemins de fer et les autres activités industrielles. Les industriels réclamèrent diverses formes d’aide gouvernementale, une main-d’œuvre bon marché et une économie stable. L’aide gouvernementale du Québec se modifia, passant de subventions directes à des mesures législatives en matière d’investissements, d’impôts et de main-d’œuvre. ”
[...]
“ Les deux premiers ministres [Taschereau et Gouin] encouragèrent fortement le développement industriel par une exploitation rapide des ressources naturelles, un régime fiscal peu exigeant, l’intervention minimale de l’État dans les affaires et une attitude paternaliste envers la main-d’œuvre.”
[...]
“Cette alliance entre les gouvernements provinciaux libéraux et les grandes entreprises fut consolidée par de vieilles amitiés, par des sièges d’administrateurs et leurs prébendes, par des ententes contractuelles et des contributions politiques. Les peuples autochtones déjà très marginalisés ressentirent eux-mêmes les conséquences de cette alliance. Les Hurons de la réserve de Lorette, par exemple, virent leur mode de vie traditionnel menacé par l’expropriation d’une partie de leur réserve, pour la construction du chemin de fer reliant Québec à la région du Lac-Saint-Jean. (p. 284) ””
Ceci date du début du 20e siècle...
L'histoire ne fait que se répéter vous me direz...
Il suffit de se remémorer quelque peu son histoire pour découvrir que nous tombons souvent facilement dans le même piège de la désinformation et de la division orchestrées par l'élite de l'ombre (corporatisme international, Demarais), qui s'enrichit encore et toujours au fil des crises sociales, et ce, depuis des lunes...
Il est grand temps que ça cesse.
... Et les ouvriers du 19e siècle qui manifestaient leur opposition se faisaient traiter eux aussi de gâtés pourris et considérés comme chanceux de pouvoir travailler (dans des conditions merdiques) pour nourrir leur famille...
Chaque époque a ses avancées sociales, et chaque avancée sociale a ses détracteurs: principalement la bourgeoisie qui voit ses privilèges fragilisés, et la portion de la population qui s'endort au son des contes de fées bourgeois...
Réveillons-nous! Éduquons-nous! Apprenons de notre histoire et ne perpétuons pas l'erreur.
Prenons conscience de la force du nombre, lorsqu'orienté dans la même direction, ne serait-ce qu'un instant...
... Et dire que l'Élite a réussi à monter une bonne partie de la population contre le principe de l'éducation accessible et universelle, la faisant paraître comme du gaspillage; comme quelque chose d'inutile, dont une minorité se sert (supposément l'élite), mais dont tous, particulièrement le peuple des-tracteur, aurait grandement besoin...
“ "L'histoire, y'a pas de job en histoire, ça sert à rien d'autre que d'pelleter des nuages, péter d'la broue, siphonner les fonds publics... J'la connaît pas mon histoire, pis r'gard moé, j'gagne ben ma vie... En-t-k j'gagne ben plus que les historiens pis des philosophes de sciences molles... Moé, je r'gard en avant, pas en arrière, chu pas né pour un p'tit pain..."”
... Et pour ceux qui disent que l'attrait des multinationales en terre québécoise est synonyme de richesse, ce n'est pas en faisant la pute qu'on peut être à la fois riche ET digne...
Prospectus de la Shawinigan Water and Power Company, 1930:
“"Nulle part au monde ne trouvons-nous d’aussi bonnes conditions ouvrières que dans la province de Québec, tout spécialement dans la région de la Shawinigan Water and Power Company. Il serait difficile de trouver un peuple plus heureux et satisfait sur terre. Le sentiment de satisfaction du peuple canadien-français constitue un élément très important pour les employeurs de cette région; cette valeur humaine étant directement attribuable à la direction sage et avisée de leurs pères confesseurs, les prêtres catholiques. Dans cette région, pendant des siècles, le premier principe de la religion des habitants a voulu que l’on soit heureux de son sort. Les syndicats locaux font des demandes modérées... De plus, la dimension proverbiale de la famille canadienne-française constitue un facteur d’importance dans la disponibilité de la main-d’œuvre. Puisque tous doivent se nourrir, tous doivent travailler et les manufactures disposent ainsi d’une main-d’œuvre féminine et masculine à portée de la main ; et, puisque tous doivent travailler, les salaires demandés sont extrêmement bas"”
"Qu'il fait bon faire des affaires au Québec!" (entendre: "on les fourvoie (encu%#) pour des peanuts, et ils en redemandent encore!")
Belle... Belle job de brainwash...
Je me souviens... pas...
SOURCE
Dickinson, John A. et Young, Brian. "Brève histoire socio-économique du Québec", 4e édition, Septentrion, 2009. p. 167, 179, 284.
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
3 août 2012Bonjour M. Crépeault,
Pour ne pas perpétuer nos erreurs. Oui! Prendre conscience. Oui! La force du nombre! Oui!. Et moi d'ajouter.
Soyons lucides. Soyons vigilants. Soyons intelligents.
Comment? Les paroles telles que les promesses électorales
s'envolent. Les écrits restent. À quand un parti politique
qui n'aura pas peur de signer avant qu'il soit élu ses
promesses et s'engager à les respecter et que dans le cas
contraire donner sa démissione et ce, sans compensation.
À quand les indignés de partout qui n'ont que la rue ou
la Tribune vigile pour exprimer leur indignation et leur
déception exigeront par écrit les promesses électorales.
À quand exigeront un contrat dûment complété et signé pour
nous protéger des vices possibles d'un parti. À mon entendement, il y a aucun vendeur à qui je n'exigerai pas
un contrat bien établi et signé avant de lui donner mon
accord et mon argent pour garantir la marchandise livrée
et ce, en bon état et sans vices.
Cessons de se lamenter et agissons! Sinon, se
taire et se résigner.
Archives de Vigile Répondre
3 août 2012Réveillons-nous, éduqu'ons-nous, apprenons notre histoire.
Tout est la! Le Quebec est encore bien "jeune". J'ai l'impression que le savoir et la connaissance sont juste en train de s'installer et ce, en voyant se lever les jeunes qui nous démontrent justement leurs connaissances, leur volonté d'agir.
Bien sur, en lisant des gens comme vous. Faut-il encore avoir le gout de savoir; ce que je souhaiterais a tous et chacun.
Merci a vous.
Archives de Vigile Répondre
3 août 2012Excellent! Bravo!
Je crois que Jean Charest s’inscrit dans ce qui suit et que dénonce Rodrigue Tremblay, professeur émérite de sciences économiques à l'Université de Montréal. :
« En premier lieu, il faut cesser d'orienter l'ensemble de l'économie dans le sens de l'intérêt particulier des banquiers et des spéculateurs. Le problème, c'est que ces gros intérêts achètent les politiciens et contrôlent les médias de sorte que rien ne se fait, sinon que les choses empirent. Par conséquent, en deuxième lieu, il faut absolument redonner le pouvoir à la population et réduire sinon éliminer l’influence de l’argent en politique. Autrement dit, il faut faire exactement le contraire de ce que la Cour Suprême américaine souhaite faire. »
« 2. La sociopathie est considérée comme un trouble de la personnalité dont le critère principal d'identification est la capacité limitée, pour les personnes montrant les symptômes du trouble, à ressentir les émotions humaines, aussi bien à l'égard d'autrui qu'à leur propre égard. C'est ce qui peut expliquer leur manque d'empathie quand ils sont confrontés à la souffrance des autres, témoignant d'une incapacité à ressentir l'émotion associée à l'empathie ou la souffrance. (Voir, Le trouble de la personnalité antisociale sur www.Maladiesmentales.org, 26 février 2009).
3. La psychopathie est un trouble de la personnalité caractérisé par un manque d'empathie et de remords, des émotions peu profondes, de l'égocentrisme et de l'imposture. Les psychopathes (patients atteints de psychopathie) adoptent un comportement antisocial, des traitements abusifs envers les autres, et agissent violemment dans certaines situations. Bien qu'ils manquent d'empathie et d'émotions, ces individus réussissent à mentir sur ce qu'ils ressentent et sur ce qu'ils vivent. (Voir, http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychopathie, aussi: http://www.examiner.com/article/serial-killers-and-politicians-share-traits ). »
Source : http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=32174
http://www.google.ca/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.sceco.umontreal.ca%2Fliste_personnel%2Ffiles%2Frtremblay%2Fphotos%2FTremblay_Le_Code.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.sceco.umontreal.ca%2Fliste_personnel%2Ffiles%2Frtremblay%2F&usg=__J1zdRQFJFtqK7yM6igE80pZS6hg%3D&h=230&w=153&sz=10&hl=fr&start=12&um=1&itbs=1&tbnid=lxSHfk9YZoY4tM%3A&tbnh=108&tbnw=72&prev=%2Fimages%3Fq%3DLe%2Bnouvel%2Bempire%2Bam%25C3%25A9ricain%2B%2522Rodrigue%2BTremblay%2522%26um%3D1%26hl%3Dfr%26sa%3DG%26as_st%3Dy%26tbs%3Disch%3A1
Marc Bélanger Répondre
3 août 2012Que dire de plus Simon ! La différence c'est que des gens comme vous et moi avons une culture et l'intérêt de comprendre et affirmer noir sur blanc , en faisant un recule dans notre histoire , que nous avons toujours étés colonisés et soumis par l'empire Britannique d'hier à aujourd'hui! J'entends nos bon petit doucereux de Québécois dire " qu'ess tu veux ,plus ça change plus cé pareil" Un commentaire de peureux et défaitiste à la Québécoise! Hé bien , le temps est venu de dire haut et fort
"Il FAUT QUE ÇA CHANGE ET QUE PLUS JAMAIS CE NE SOIT PAREIL "
Réveillez vous Québec et comprenez une fois pour tout que nous ne sommes pas et seront JAMAIS désirés par le reste du Canada et l'ouest de Montréal et que , de toute façon , depuis le fameux coup de poignard au LAC MEECH , nous ne faisons PLUS partie de la constitution ! SORTEZ DE VOTRE PETITE ZONE DE CONFORT et revendiquez vos..NOS droits et libertés afin de quitter ce dit "pays" et bâtir le nôtre!
Archives de Vigile Répondre
3 août 2012“ "L’histoire, y’a pas de job en histoire, ça sert à rien d’autre que d’pelleter des nuages, péter d’la broue, siphonner les fonds publics... J’la connaît pas mon histoire, pis r’gard moé, j’gagne ben ma vie... En-t-k j’gagne ben plus que les historiens pis des philosophes de sciences molles... Moé, je r’gard en avant, pas en arrière, chu pas né pour un p’tit pain..."”
Ça cadre avec l’idéologie du segment de la population que représente le parti libéral, c’est à dire la riche élite capitaliste de la finance et des affaires.
Dans cette idéologie, l’être humain est un être unidimensionnel. Il n’est qu’une "ressource humaine".
Ses besoins ne peuvent être comblés que si l’humain joue son rôle de ressource humaine au service de l’élite.
Pour cette élite, l'être humain n'a ni passé, ni histoire. Comme le dit l'écrivain français Yvan Blot:
"Si l’homme est attaché à sa lignée, à sa famille, à sa nation, à sa culture, à sa religion, cela est un obstacle à l’interchangeabilité et à l’asservissement. En effet, l’homme libre ne peut sauvegarder sa liberté qu’en ayant des racines. Il s’agit donc de détruire ces racines..."
http://www.polemia.com/article.php?id=4815
Mais c’est leur idéologie et ils y tiennent. Car de cette façon, c’est cette élite de la finance et des affaires qui a accès prioritairement aux finances publiques au détriment de programmes qui pourraient permettre une vie décente pour tous.