Martin Prud’homme au SPVM: toujours les mêmes

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Le régime libéral nomme ses hommes aux postes de pouvoir

La suspension du directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, était nécessaire. Dommage que l’intérim soit confié au patron de la Sûreté du Québec (SQ), Martin Prud’homme. Voilà une concentration malsaine de pouvoirs policiers détenus par les mêmes têtes depuis dix ans.



Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a plaidé l’urgence de la situation pour résister aux appels du pied afin qu’un civil soit nommé par intérim à la tête du SPVM. Trop compliqué. Il s’agit d’une fausse urgence, créée par les libéraux en prélude à la tenue d’une campagne électorale sans crise à l’horizon.



Il aurait suffi d’un peu de patience et d’ingéniosité pour envoyer un civil qualifié au SPVM, un corps policier totalement dysfonctionnel, comme l’atteste le rapport rendu public par l’ancien sous-ministre Michel Bouchard.



Les réflexes des libéraux, qui recourent toujours aux mêmes joueurs, sont insultants pour les officiers et autres spécialistes des affaires policières dont l’expertise est négligée. Et ils sont inquiétants pour quiconque se soucie des apparences de proximité entre les pouvoirs politique et policier.



Robert Lafrenière fut sous-ministre ou sous-ministre associé à la Sécurité publique de 2007 à 2011. Depuis 2011, il dirige l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Son gendre, Martin Prud’homme, a occupé les mêmes fonctions à la Sécurité publique de 2009 à 2014. Il dirige la SQ depuis 2014, et maintenant le SPVM. Celui qui remplacera M. Prud’homme à la tête de la SQ pendant son intérim, Yves Morency, fut aussi sous-ministre associé à la Sécurité publique, de 2011 à 2014. Les trois ont fait carrière au sein des « verts », à la SQ. La stratégie libérale consiste à mettre en avant le même trio depuis trop longtemps. Cette gestion hermétique des affaires policières rassure peu en dehors des cercles du pouvoir.



M. Prud’homme fera sans doute un bon travail, sa compétence n’est pas en cause. Il se heurtera cependant à une méfiance des membres du SPVM, qui ne pourront pas s’empêcher de voir dans sa nomination la renaissance d’un grand rêve dans l’imaginaire de la SQ, soit de créer un corps de police national, pour ne laisser au SPVM que la police de proximité. L’hypothèse reste plausible.



Sur le fond, le ministre Coiteux a bien fait de placer Phillipe Pichet sur une voie de garage. Le plan de M. Pichet pour redresser le SPVM ne vaut pas le papier sur lequel il est imprimé. Vrai que les dysfonctions au sein des affaires internes et les guerres de clans entre gendarmes et enquêteurs précèdent sa nomination. Lorsque le scandale de la surveillance des journalistes a éclaté, il en a fait bien peu pour corriger le tir.



M. Bouchard révèle l’existence de dérives contraires à la primauté du droit au SPVM. Ce n’est pas pour rien qu’il cite en préambule la Déclaration des droits de l’homme de 1789, selon laquelle la force publique est instituée « pour l’avantage de tous et non pas pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».


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