Québec — L'ancien député péquiste Alexandre Bourdeau estime que Pauline Marois doit quitter son poste, d'abord «pour son bien», c'est-à-dire lui éviter le supplice d'aller à «l'abattoir». «Si j'étais le conseiller de Pauline, je lui dirais de partir, non pas pour le parti, mais pour elle. Elle ne mérite pas les campagnes de salissage des médias et elle ne méritera pas de passer pour la fossoyeuse du parti aux prochaines élections», a-t-il écrit sur son blogue (jeunespolitique.wordpress.com) hier matin.
Se disant «admiratif» du travail de la chef péquiste depuis qu'elle a pris la tête du parti en 2007, M. Bourdeau estime toutefois que les péquistes doivent arrêter de se mentir: «Malheureusement force est de constater que les Québécois ont fait leur nid [sic] à coup de propagande journalistique et que pour eux, Pauline ne pognera jamais». Élu une première fois dans Berthier en 2003, M. Bourdeau a été membre du trio de «jeunes députés» autobaptisé les «Mousquetaires», lequel a signé deux rapports de tournée à travers le Québec. Le premier, en 2004, concluait que pour la jeune génération, l'option souverainiste était perçue comme «dépassée, désuète et vétuste». M. Bourdeau avait été battu en mars 2007 par un adéquiste. Depuis plus d'un an, il avait toutefois repris le travail au parti. «Vous le savez, lorsque j'ai décidé de revenir au PQ c'était pour donner un coup de main à Pauline. Je voulais qu'elle gagne la confiance des membres du parti et de la population en générale [sic]», mais ce fut peine perdue, a-t-il conclu.
Certains critiques ont qualifié M. Bourdeau de «mauvais soldat». Joint hier, il leur répliqua qu'«au contraire, un bon soldat, ça dit à son général qu'il est temps de quitter le champ de bataille quand il est clair qu'il va perdre la bataille et qu'il va mourir avec le déshonneur». À ses yeux, «la tendance est trop lourde. Aucun spectaculaire renversement n'est possible». Il estime que le PQ n'a pas réussi à renouveler son image. «À un moment donné, ta marque de commerce est tellement criblée de balles que tu ne peux pas la relever», tranche-t-il.
Président sortant de la région de Lanaudière, M. Bourdeau quittera incessamment son poste car il s'estime surchargé par les études (il termine une maîtrise) et un emploi. «Je reste péquiste. Je vais continuer à être là lors des prochaines élections pour eux», note-t-il, assurant qu'il ne fait pas partie de ces présidents d'associations péquistes qui préparent des putschs.
L'initiative à laquelle M. Bourdeau fait référence et à propos de laquelle il avait peu d'informations ressemble à une autre qui circulait hier dans les boîtes de courriels péquistes et dont le Devoir a obtenu copie. «Le Conseil national demande à Madame Pauline Marois de quitter immédiatement ses fonctions de chef du Parti québécois», pouvait-on lire. Aucun nom de circonscription n'était inscrit dans la version reçue. Elle devait être envoyée hier à la permanence du parti entre 13h et 17h. Le courriel obtenu faisait mention d'une «copie conforme» envoyée au reporter de La Presse Denis Lessard! Le nom d'un agent de liaison du parti — employé chargé de faire le lien entre l'appareil et la circonscription — apparaissait au bas. Au parti, en fin de journée hier, on niait avoir reçu quelque texte que ce soit. Le prochain Conseil national doit avoir lieu le 4 décembre.
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