Un article de Robert Dutrisac du Devoir nous apprenait le 6 mai 2008 que [le gouvernement du Québec laissait le premier rôle en France au gouvernement Canadian->13305] en ce qui concerne le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec qui constitue aussi l'anniversaire de naissance de l'Amérique française. Le gouvernement du Québec se contente de faire de la figuration provinciale et abdique ses responsabilités historiques.
Jean Charest est allé jusqu'à souscrire explicitement au révisionisme fédéral en déclarant qu'il était "fier que le Québec ait fondé le Canada". Un sundae avec ça?
En affirmant que "la fondation de Québec marque la naissance du Canada" et que "Champlain était le premier Governor-General" du Canada, les fédéraux prétendent établir une filiation ininterrompue entre la colonie française établie en Amérique du Nord en 1608 et le pays actuel. Il est amusant que constater que Harper contredit gaiement les affirmations de ses propres fonctionnaires .
Le but de la manœuvre est transparent : celle-ci est destinée à faire oublier le fait que le Canada actuel est le résultat de la conquête militaire de la colonie française par les britanniques au terme d'une guerre longue et meutrière (combien de milliers de morts?). Il y a une rupture très nette entre Champlain et Michäelle Jean. Le pouvoir est passé du Roi de France à celui d’Angleterre au terme d’une lutte acharnée. Il est ahurissant que constater que la France, qui a été battue, semble prétendre qu’il ne s’est rien passé.
C’est une bataille avec de vrais morts, du vrai sang et de vraies souffrances, qui a permis à Michäelle Jean d’occuper les fonctions qui sont siennes aujourd’hui. L'acte fondateur du Canada moderne est une fosse commune (les soldats tués lors de la bataille des Plaines d'Abraham sont enterrés dans plusieurs fosses communes proches de l’ancien hôpital général de Québec). Voilà la vérité à faire oublier. Si la Canada était réellement né en 1608, pourquoi donc les Québécois francophones voudraient-ils s'en séparer?
Depuis 1995 nous assistons à une lente glissade du Québec français vers le néant. Cette glissade est aussi celle du dernier morceau encore vivace de l'Amérique française, qui fut une grande épopée. Les francophones sont maintenant minoritaires à Montréal et ont glissé sous la barre des 80% au Québec. Le triomphe de Durham est à portée de main.
Il nous faut d'urgence un autre Jacques Parizeau.
Malheur aux vaincus!
Il nous faut d'urgence un autre Jacques Parizeau.
Vers une crise annoncée - Québec 2008 - dossier linguistique - canadianisation outrancière - déconstruction du "modèle québécois"
Frédéric Lacroix85 articles
PhD, Chercheur, Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA)
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