Sanctionner Charest

Une élection générale doit en conséquence être déclenchée maintenant au Québec.

Vers une crise annoncée - Québec 2008 - dossier linguistique - canadianisation outrancière - déconstruction du "modèle québécois"

Le premier ministre du Québec, celui qui représente solennellement la nation québécoise, a jugé qu’il n’était pas nécessaire de se rendre en France pour assister au lancement des festivités marquant le 400e anniversaire de la ville de Québec. Manifestement, l’homme ne mérite pas d’assumer la plus haute fonction politique de l’État francophone d’Amérique du Nord.
Heureusement que les deux partis d’opposition ont déploré unanimement, à l’Assemblée nationale, l’attitude déshonorante de Jean Charest. Mario Dumont, chef de l’Action démocratique, a accusé son rival d’accepter la canadianisation de l’événement historique. La dirigeante du Parti québécois, Pauline Marois, a déploré de son côté que le leader libéral récrive scandaleusement l’histoire, en affirmant que la fondation de la ville de Québec avait créé le Canada. Même le bras droit du premier ministre, Philippe Couillard, a abondé dans le même sens.
Devant un tollé politique si puissant causé par une négligence qui éclabousse tout un peuple à la face du monde, les partis d’opposition à Québec doivent passer de la parole aux actes : ils peuvent et doivent défaire le gouvernement minoritaire de Jean Charest. De toute façon, l’administration fédéraliste a démontré ces dernières semaines qu’il ne se souciait guère de protéger la langue et la culture de ceux qu’elle représente. Lorsque Québec accueille les nouveaux arrivants en anglais et qu’en plus, des cours leur sont payés afin qu’ils maîtrisent plus rapidement cette langue, il y a urgence d’agir.
Seul un coup d’éclat peut réparer les dommages diplomatiques que Jean Charest a causés la semaine dernière. Le Québec doit envoyer promptement un fort message à la France et à l’Europe. Il doit faire savoir qu’il n’endosse pas le discours canadian qu’ont propagé là-bas Stephen Harper, Michaëlle Jean et Jean Charest. En outre, Nicolas Sarkozy, qui heureusement ne parle pas au nom du peuple français à la lumière des derniers sondages, doit aussi être avisé que les propos qu’il tient ne traduisent pas l’opinion du peuple francophone du Québec. Une élection générale doit en conséquence être déclenchée maintenant au Québec.
Jean Charest ne mérite pas de se retrouver sur la tribune d’honneur à Québec, en juillet prochain. C’est aux partis d’opposition de susciter dans la population un sentiment d’honneur, elle qui assiste, impuissante, à un détournement historique. Le message que cette escroquerie envoie présentement à ceux qui choisissent le Québec comme maison d’adoption est catastrophique : seuls les Québécois peuvent l’annihiler. Et c’est en chassant les collaborateurs canadian du pouvoir que le signal pourra efficacement être modifié.
Il ne fait pas de doute que le discours nationaliste fade des adéquistes ne fouette pas la fierté des Québécois. Le résultat des dernières élections partielles au Québec en témoigne. L’ADQ coule à pic, démontrant hors de tout doute que sa stratégie de s’asseoir entre deux chaises ne le sert pas. « On ne peut être à moitié enceinte », affirme le dicton. Il n’y a que deux options qui s’offrent aux Québécois quant à leur avenir : le fédéralisme assimilateur, comme l’atteste le dérapage magistral en France de la semaine dernière, ou l’indépendance qui donne aux Québécois les rennes de leur destin, chassant ainsi l’occupant effronté représenté par le gouvernement canadian.
La nouvelle position affirmationniste du Parti québécois ne casse rien non plus. Les troupes de Pauline Marois ne font pas le plein d’appuis dans l’électorat. Au mieux il stagne, sinon il régresse. L’idée d’adopter une « nouvelle loi 101 » ne va pas assez loin. À quoi bon en concocter une de toute manière si c’est le Canada qui doit être célébré lors du 400e anniversaire de la ville de Québec? À quoi bon cette législation si c’est la Gouverneure générale du Canada qui y soulignera la vitalité des francophones du Manitoba, grâce à la politique des langues officielles d’Ottawa?
Pauline Marois et Mario Dumont doivent avoir le courage de questionner les Québécois à ce sujet, par l’entremise d’une élection. La chef péquiste doit annoncer qu’elle renoncera au projet de ragaillardir la loi 101, si l’électorat devait réélire le très fédéraliste Parti libéral. Tant qu’au député de Rivière-du-Loup, il doit cesser de faire le dos rond en reprochant à Jean Charest de canadianiser la fête du 400e. Ce discours indépendantiste sonne faux dans sa bouche et le disqualifie aux yeux des Québécois. Le chef adéquiste devra se ranger dans le camp fédéraliste ou souverainiste, durant la prochaine campagne électorale.
S’il lui reste un peu d’honneur, il devrait tendre maintenant la main à la dirigeante péquiste, et inviter les Québécois humiliés en France à retrouver leur dignité par le biais des urnes. Il n’est pas trop tard pour extirper des mains de l’occupant les fêtes du 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec.
Patrice Boileau


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2008

    Il ne s'agit pas de proposer la fusion de l'ADQ et du PQ mais bien de la coalition entre les deux qui pourrait porter sur un programme contenant quelques grands thèmes. Entre autre doter le Québec de sa Constitution (d'état et non provincial). Cette proposition permettrait à M Dumont de réparer l'erreur historique qu'il a commise en refusant de l'appuyer au moment ou Mme Marois l'a proposer . Le problème c'est qu'aucun de ces deux partis politique n'a le leadership pour poser des gestes d'une tel envergure. Ce sont deux provinciaux qui n'ont aucune culture d'état.
    (1) http://www.vigile.net/ADQ-Novembre-le-mois-des-morts
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2008

    Il est écrit en bas de la dernière intervention pas identifiée : «S’il devait y avoir fusion, ce serait bien plus entre le PLQ et l’ADQ qui vient du Parti libéral du Québec.»
    L'insulteur et la girouette insultée ensemble ? L'insulteur, avec sa nouvelle montée dans les sondages, n'a pas besoin de sa victime pour gagner la prochaine élection.
    C'est vrai que le PQ et l'ADQ aiment mieux se critiquer l'un l'autre que de critiquer le gouvernement mais, nécessité oblige. À moins d'être aveugle, on peut penser que le PQ et l'ADQ sent enlignés pour souffrir longtemps dans l'opposition s'ils ne forment pas une coalition ou ne se fusionnent pas. On sait bien que ce serait plus pour le pouvoir que pour l'amour, assez faible entre ces 2 formations.

  • Jacques Bergeron Répondre

    14 mai 2008

    Monsieur Boileau, votre article est empreint de la logique la plus juste. Jean «John» Charest, ce bonhomme qui honore les Irlandais de sa présence lors de chaque promenade hivernale dans les rues de Montréal, tout en refusant de poser le même geste lors de la fête nationale du peuple du Québec, ne peut, et ne doit pas présider les fêtes du «400ème» anniversaire de Québec. Votre stratégie est des plus justes. Est-ce que l'ADQ risquera de défaire le PLQ, ce parti moribond aux yeux des Canadiens-français québécois et des autres Québécois partageant notre désir de vivre en Français en terre des Amériques,alors qu'il est au plus bas dans les sondages? Mais, je dis bien mais, si le chef de l'ADQ posait un geste de cette qualité, il est certain qu'il remonterait dans l'estime de plusieurs Québécois, ce qui ne pourrait que bénéficier à ce parti. Lorsqu'on connaît le chef de l'ADQ, tout peut se produire! Même poser un geste
    «courageux» du genre de celui que vous souhaitez!S'il fait passer l'intérêt supérieur de la Nation avant celui de son parti,il aura bien mérité de la nation.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2008

    Puisque le PQ a décidé de faire "progresser" le Québec tout en "protégeant" la langue française et l'identité québécoise, tout en respectant la constitution fédérale, alors pourquoi pas plutôt faire progresser les francophones, qui sont "avant tout" l'identité québécoise, et protéger le Québec ?
    Je rappelle que le multiculturaisme fait partie de la constitution fédérale, donc l'interculturalisme du PQ est anti-constitutionel et sa loi 101 aussi.
    Je doute que dire une chose et faire son contraire soit une bonne stratégie.
    Si le PQ croit avoir le bonne stratégie, alors qu'il aille au bout de c'elle-ci et cesse de faire les choses à moitié. Peut-être alors suivrons-nous.
    Le PLQ est le parti de l'Anglais et des communautés ethniques immigrantes. Le nier est futile. Il est bien organisé et réseauté. Il respecte en tout points la constitution. Il est multiculturel mais fait progresser l'anglais.
    Qu'est-ce que le PQ attends pour faire la même chose au profit du français ? Qu'il respecte le multiculturalisme des communautés ethniques immigrantes francophones et accueille c'elles qui souhaitent le devenir, affirme aussi la communauté ethnique Canadienne française autochtone et organise le tout en réseaux liés entre-eux.
    Si nous réussissons à former ainsi le plus grand réseau au Québec, tous les nouveaux immigrants voudront faire parti de leur communauté liée à celui-ci plutôt qu'à l'anglophone minoritaire. Une simple question de marché intérieur (protéger le Québec).
    Les liens francophones avec l'extérieur (anglais-USA-fédéral) sont déjà établis et s'établissent par Desmarais et la France Sarkozy. Desmarais est pratiquement le Roy du Canada. Il suffit de s'assurer que le réseau dont ils feront affaire avec au Québec, c'est le nôtre, le francophone.
    Si le PQ peut promettre çà, il sera élu majoritairement au prochaines élections. Le PLQ sera isolé.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2008

    Monsieur,
    Les naïfs croient que le PQ et l'ADQ devraient se fusionner. Pour se fusionner, il faut voir des atomes crochus. L'ADQ, à la période de questions, passe son temps à rappeler le passé pas toujours glorieux de Pauline Marois et du PQ. Cette fusion souhaiter par Paquette et les autres (La Sainte Alliance) ne se fera pas.
    Quant on est chef de l'Opposition, on aspire à devenir Premier ministre. Quant on est chef du deuxième groupe d'Opposition, on aspire à devenir Premier ministre. Les deux ne peuvent réaliser cette aspiration en même temps. Qui va s'incliner devant l'autre? Marois? Elle rêve, depuis sa tendre enfance, de venir la première femme Premier Ministre du Québec. L'indépendance du Québec, elle sait qu'elle ne la fera jamais.
    Mario Dumont? Jamais, il ne quittera son poste. Quant on a le statut de chef de l'Opposition, avec le salaire et la limousine, gardes du corps, on ne troque pas cela pour devenir second dans l'Opposition. Robert Bourassa a dit que Mario Dumont serait un jour Premier ministre du Québec. Et lui, il avait le sens politique très développé.
    S'il devait y avoir fusion, ce serait bien plus entre le PLQ et l'ADQ qui vient du Parti libéral du Québec. Un tandem Charest-Dumont ferait voler en éclat le rêve des indépendantistes pour plusieurs décennies.
    Les péquistes ont crû un certain temps que Mario était séparatiste. Il a flirté avec l'option en 1995, mais on ne l'y reprendra plus.
    Que va-t-il se produire? Si les sondages sont toujours de plus en plus favorables au PLQ et qu'il franchit la barre du 40 %, il ne serait pas étonnant de voir Jean Charest déclencher des élections à la fin de l'automne. Il aura profiter de la visibilité du 400e de Québec et des contacts privilégiés avec la population.
    La naissance d'un gouvernement majoritaire libéral fera tomber bien des têtes, tant au PQ qu'à l'ADQ. Le leadership de Pauline sera remis en question comme c'est l'habitude au PQ. A l'ADQ, Mario pourrait quitter pour autre chose, comme un poste de ministre dans le gouvernement conservateur à Ottawa.
    Mais, on politique, tout change vite. Il s'agit d'une gaffe, d'un scandale majeur, d''une démission, de maladie, etc...pour que la donne change.
    N'enterrons pas trop vite l'Opposition officielle de Mario Dumont...

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2008

    Je ne crois pas qu'il faille aller une élection pour enlever le PLQ de M. Charest du pouvoir. Le PQ et l'ADQ n'ont qu'à faire une coalition, renverser le gouvernement Charest et demander ensemble à notre gouverneur général, la permission de former un gouvernement. S'il refuse, ça va prendrait quand même une coalition PQ-ADQ pour battre ce gouvernement très provincial qui est devenu plus populaire et qui a monté dans les sondages dernièrement.
    Est-ce que vous pensez vraiment que l'ADQ, après ses 3 cuisantes défaites de lundi, va être tenté de défaire le gouvernement pour risquer une élection à courte échéance ? Le danger de se faire presque laver est un peu trop grand. SONT PAS FOUS quand même.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mai 2008

    M. Boileau, comment voulez-vous que l'ADQ se décide d'aller aux élections? Pour Mario cela serait un suicide politique, rien de moins. Pourquoi il voudrait perdre le status d'opposition officielle? Pourquoi son parti devrait le suivre dans ce suicide? En ce qui concerne le PQ, je suis plutôt d'accord qu'ils pourront se décider d'aller aux élections, c'est pas sûr, mais quand même, mais en ce qui concerne l'ADQ???