On croirait rêver...
Certains se demandent vraiment si on a besoin d'un train entre Montréal et la Rive-Sud ? Le BAPE est vraiment sceptique quant à « l'attractivité » du projet de la Caisse ? Et des écologistes comparent vraiment ce projet - poussé par les « élites » ! - à une centrale au gaz inutile ?
Manifestement, ces gens n'ont jamais essayé de traverser le pont Champlain en transports en commun en dehors des heures de pointe. Ils n'ont jamais fait la queue le matin pour accéder au terminus du centre-ville dans un bus archibondé. Ils n'ont jamais emprunté le pont un jour de grand vent alors qu'il n'y a pas de cône orange, donc pas de voie réservée.
Il suffit de connaître les limites de la desserte actuelle et la saturation du terminus de Montréal pour avoir, à tout le moins, un a priori positif face au Réseau électrique métropolitain (REM), à sa grande fréquence, à son confort, à son opération 20 heures par jour, 7 jours sur 7.
Or en lisant le volumineux rapport des commissaires du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), on a plutôt l'impression d'un préjugé négatif.
Comme s'il y avait une seule façon de faire les choses et que celle proposée par la Caisse n'était pas la bonne. Comme si les commissaires voyaient d'un mauvais oeil qu'une organisation non publique s'implique dans un dossier réservé au public. Comme si, en fait, ils se sentaient bousculés par ce qu'ils appellent eux-mêmes « un changement de paradigme ».
Oh, le vilain mot...
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Mais bien sûr que le projet ne ressemble à aucun autre ! Bien sûr qu'il a des faiblesses ! Bien sûr qu'il est « perfectible » ! Quelqu'un quelque part peut nommer un seul projet qui ne l'est pas ?
Mais entre la critique constructive et la démolition, il y a un pas que le BAPE n'hésite malheureusement pas à franchir. À lire ce rapport, on croirait que le projet n'est en fait qu'un gros paquet de problèmes ! Alors qu'il s'agit, malgré une transparence peut-être déficiente et un montage financier à ficeler, de la plus importante avancée en transports collectifs des 50 dernières années.
Pas sorcier, les auteurs semblent avoir chaussé des lunettes noires avant d'écrire leur rapport.
Ils sont très critiques, par exemple, de « la diminution du confort » sur la ligne Deux-Montagnes, mais ils sont pour le moins discrets sur la multiplication des départs par six ! Ils se désolent longuement des transferts qui seront imposés à certains usagers, mais ils passent rapidement sur le fait qu'ils seront très nombreux à profiter de l'implantation de ce train rapide, sur la Rive-Sud, à L'Île-des-Soeurs, à Saint-Laurent et dans l'Ouest-de-l'Île, notamment.
De la même manière, les commissaires s'élèvent contre la disparition d'un terrain agricole aux abords du DIX30 (qui sera entièrement compensé par la conversion d'une superficie équivalente en terre blanche ou agricole), mais ils ne disent pas qu'il équivaut à seulement 0,3 % de la superficie agricole de l'agglomération.
Et surtout, ils ne contrebalancent pas cette perte avec les gains environnementaux significatifs du train électrique. Une faiblesse qui se retrouve d'ailleurs partout dans le rapport, où tous les problèmes jusqu'aux plus minuscule sont mis en évidence (quitte à en voir où il n'y en a pas), sans être mis en perspective avec les grands mérites du projet.
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Or le projet du REM n'a de sens que si on regarde le grand portrait, si on fait la somme des gains et des pertes, si on contextualise le projet, si on rappelle ses visées.
C'est sûr qu'affirmer qu'à peine 10 % des usagers du train seront des automobilistes convertis, ça peut sembler insignifiant écrit ainsi... jusqu'à ce qu'on compare avec la cible que s'est par exemple fixée la STM à l'horizon 2020 : 5 %.
Rappelons-nous que le mieux est l'ennemi du bien. Et le bien, en l'occurrence, est ce projet rapide, électrique et automatique qui desservira à la fois le coeur de l'île et les banlieues, responsables de la croissance des déplacements en auto dans la région. Et tant mieux si la Caisse réussit, en plus, à le rentabiliser comme Vancouver l'a fait avec son Canada Line.
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