Vous me permettrez ce néologisme dans le titre. Cet emprunt à Robert Charlebois, à Denise Bombardier aussi. Faut être fait solide pour continuer à s’afficher en tant qu’indépendantiste ces temps-ci. C’est hallucinant à quel point ce mouvement a le don de se tirer dans le pied. Triste moment à passer.
Parfois, on dirait que certains font exprès pour tout faire dérailler. Et ça ne date pas d’hier. De toute époque, le mouvement indépendantiste a été traversé par les querelles, les conflits larvés, les guerres d’égos. Les autres partis politiques aussi, n’en doutons pas, connaissent des moments conflictuels.
On peut rappeler la course à la chefferie du Parti libéral du Québec en 2013, alors que Raymond Bachand avait attaqué Philippe Couillard de front sur son passé éthique, ce qui avait causé tout un émoi au parti. Cette attaque, particulièrement en plein débat des candidats : « Pendant qu'on combattait la corruption et l'évasion fiscale, qu'est-ce que tu faisais? Tu étais avec Arthur Porter! »
Paclow! Certains diront uppercut, d’autres au PLQ ont plutôt évoqué le coup en bas de la ceinture. Raymond Bachand aura fini dernier de la course...
Auto-pelure-de-bananisation
J’évoquais plus tôt cette semaine la manie qu’ont les indépendantistes de s’auto-pelure-de-bananiser. Voilà que la situation au Bloc québécois est devenue si loufoque – et triste – que l’on doit maintenant parler de sabotage. Ils font exprès. Ça ne se peut pas.
Heureusement, il y a encore des gens pour analyser le tout de façon pertinente, intelligente. C’est le cas de ce commentaire de Antoine Dubé, un des membres fondateurs du Bloc québécois et ancien député de ce parti, qui y est allé de l'analyse suivante :
« Comme membre fondateur du Bloc en 1991 et comme ancien député entre 1993 et 2003, je me sens très triste aujourd'hui devant cette nouvelle crise au sein du parti, mais en même temps je ne suis pas surpris, car il a toujours existé deux tendances au sein du parti. Certains priorisent la défense des intérêts du Québec à la promotion de la souveraineté et d'autres l'inverse. De mon temps, les deux groupes s'entendaient pour travailler ensemble pour l’intérêt de la cause et mettaient de côté leurs différents sur les façons de faire.
Ces deux tendances existaient et existent encore aussi au sein du Parti Québécois. J'espère que les membres du bureau national auront le réflexe de consulter les membres. Un vote de confiance envers la cheffe actuelle devrait être envisagé fut-il qu'il s'effectue à distance. Selon moi, Martine Ouellet n'a pas nécessairement tort de vouloir réviser l'approche stratégique du Bloc, car le contexte actuel est différent de celui où je siégeais comme député. Mais je lui rappellerais qu'il est parfois possible d'avoir tort dans la façon qu'on a raison et que le changement doit se faire par étape et avec les toutes les forces en présence notamment les députés qui ont été élus par la population de leur circonscription. Si elle gagnait ce vote de confiance, son leadership serait renforcé. »
Comme le soulignait Josée Legault ce matin, la crise au Bloc pourrait être très dommageable pour le Parti québécois : « En restant, elle prouve aussi son indifférence gênante face aux effets nocifs que cette crise surréaliste risque d’avoir sur le PQ à quelques mois d’une élection cruciale. »
Déjà que le PQ ne s’aide pas trop en « gaspillant » en quelque sorte deux candidats de valeur qui seront contraints de s’affronter au sein d’une investiture. Qu’on me lâche les arguments que « c’est une preuve qu’on se bouscule aux portillons » pour être candidat au PQ et que c’est un signe de vitalité, etc.
Les adversaires du PQ, devant une telle situation, trouveraient place à ce que deux candidats « ministrables » n’aient pas à s’affronter dans un match intraéquipe, tsé!
L’angle « rassembleur » ici, je n’y crois pas. Si le PQ veut ratisser le plus large possible, il doit trouver le moyen que Jean-Martin Aussant et Maxime Laporte se retrouvent sur les bulletins de vote en octobre prochain.
De plus, ce serait justement une façon de s’assurer que, pour une fois, le clan des ultra-pressés incarné par Mario Beaulieu (au Bloc) et Maxime Laporte (ici au PQ) entre autres, soit représenté à la table du Parti québécois. Il en faut des Maxime Laporte au PQ, comme il faut aussi que toutes les autres tendances du mouvement indépendantiste et nationaliste cohabitent dans ce parti.
Ce difficile équilibre a fait la force de ce parti dans le passé. Quand il a ratissé assez large pour intéresser à la fois ceux qui insistaient pour « mettre la pédale dans le plancher » de l’indépendance ET ceux qui préconisaient que cela se fasse en défendant les intérêts du Québec, même si ça implique que ça prenne un peu plus de temps.
Ne soyons pas dupes, en fonction de l’état dans lequel se trouve le mouvement indépendantiste actuellement, on ne fera pas croire que c’est le moment de foncer [dans le mur] vers un référendum le plus rapidement possible.
Commençons par trouver le moyen de faire preuve d’un peu de sens de la stratégie.
Par exemple, je ne suis pas du tout un fan de la droite albertaine. Mais quand tous ont fait le constat que la division du vote de droite en Alberta pavait inévitablement la voie à l’élection du NPD provincial albertain, en moins d’un an on a organisé la fusion des deux partis de droite.
Lors des prochaines élections provinciales en Alberta, prévues au plus tard le 31 mai 2019, la droite sera unifiée. Et elle est en excellente posture pour reprendre le pouvoir puisque tous les sondages depuis la fusion des Progressistes-Conservateur et du Wildrose donnent la nouvelle droite unifiée en avance par plus de 20 points.
Commençons par ça, commençons par un peu de sens de la stratégie, commençons par simplement éviter l’auto-destruction, l’auto-pelure-de-bananisation. Ce sera beaucoup plus facile ensuite d’intéresser qui que ce soit à la cause de l’indépendance...
En passant, au moins certains indépendantistes ne manquent pas d'humour. Je pense ici à l'ami Richard Trudel, militant d'Option nationale désormais chez QS qui a commenté la déclaration de Aussant, qui souhaite sur le retour de PKP en politique québécoise, de la façon suivante : «Et PKP pourrait aussi se présenter candidat à l'investiture dans Pointe-aux-Trembles. Tant qu'à faire.
Est bonne.
