Les indépendantistes québécois, des citoyens canadiens de deuxième classe?

Le gouvernement de Stephen Harper veut suspendre les droits démocratiques des Québécois.

Chronique de Louis Lapointe

Selon les red-necks canadiens dont le parti est au pouvoir à Ottawa et leurs valeureux députés conservateurs du Canada et du Québec, il y aurait deux classes de Canadiens: les blancs, catholiques ou protestants, fédéralistes de bonnes mœurs et les autres.
La multiplication des démêlés de nombreux ressortissants canadiens en difficulté à l’extérieur du Canada accrédite sans aucun doute cette thèse. La vie d'un condamné à mort canadien aux États-Unis ou en Arabie Saoudite ne vaudrait pas la peine d’être défendu avec la même vigueur que celle des autres Canadiens résidant au Canada parce que le gouvernement canadien estime que la peine de mort est un châtiment juste lorsqu’il est prononcé dans un autre pays.
Suivant les agissements de ce même gouvernement, un ressortissant canadien accusé injustement d’avoir falsifié son passeport ou d’être un terroriste international ne bénéficierait pas à ses yeux de la même présomption d’innocence que les autres Canadiens.
Déjà en décembre dernier, j’écrivais ceci au sujet de Stephen Harper :
Octobre 70, Billet de Louis Lapointe, lundi 15 décembre 2008
(…)
« Je me suis aussi demandé ce qui était « raisonnable » pour un homme comme Stephen Harper au sens de l’article 1* de la Charte canadienne des droits et libertés. Quelle situation pourrait raisonnablement justifier qu’on suspende les droits de certaines personnes, ceux des séparatistes du Québec par exemple, pour un homme qui venait tout juste d’essayer de suspendre les droits des partis politiques, des travailleurs et des femmes, pour un homme qui avait réussi à faire proroger les travaux du Parlement canadien alors que rien ne l’autorisait à le faire dans les circonstances que nous connaissons tous, un homme qui venait d’affirmer que des partis politiques canadiens ne pouvaient pas s’associer à un parti séparatiste, que ce n’était pas raisonnable ? Il n’avait qu’à faire comme Pierre Trudeau l’avait déjà fait avant lui et qui avait certainement prévu une porte de sortie pour ce genre de situation, la recette devait bien être écrite en quelque part ! La constitution de 1982 devait bien permettre de trouver une solution à ce genre de problème si cela devenait un jour nécessaire.
Je me suis aussitôt précipité sur ma Charte canadienne des droits et libertés pour lire l’article 1* et j’ai eu un frisson, un très grand frisson qui me glace encore le dos quand j’y repense aujourd’hui et que je me rappelle d’octobre 1970 ! Je me suis alors souvenu de Gaston Miron, de Pauline Julien, de Gérald Godin, d’Andrée Ferretti et de tous ceux que Pierre Trudeau avait jugé raisonnable d’emprisonner pendant plusieurs semaines, même s’ils n’avaient rien fait, simplement parce qu’ils étaient séparatistes, même si cela n’avait aucun bon sens, comme cette histoire de prorogation des travaux de la chambre des communes.
* 1. La Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits et libertés qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique. »

***
Voilà, nous y sommes arrivés, il y aurait deux classes d’électeurs au Canada comme il y a deux classes de citoyens canadiens à l'étranger, les fédéralistes et les indépendantistes québécois. Parce que nous sommes indépendantistes, le parti que nous élisons à Ottawa - le Bloc québécois - n’aurait pas droit aux mêmes subventions que les autres partis politiques fédéraux.
Le jour où on m’accusera à l'étranger d’avoir falsifié mon passeport, ou d’être un dangereux activiste québécois parce que j’écris sur Vigile, un quotidien internet indépendantiste, est-ce que le gouvernement canadien me traitera comme ces ressortissants canadiens musulmans ou à la peau noire de deuxième classe qu’on a humiliés, injustement accusés, emprisonnés et torturés?
Lorsque les députés québécois du parti conservateur de Stephen Harper cautionnent par leur silence les déclarations discriminatoires des autres députés et ministres de leur parti qui souhaitent que la subvention électorale versée au Bloc québécois par le gouvernement fédéral soit abolie parce qu'il est un parti indépendantiste, ils admettent que les Québécois ont moins de droits que les autres Canadiens. En fait, ils agissent comme de véritables collabos au service d’un gouvernement fasciste.

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mars 2010

    Bonjour,
    Je tiens à vous remercier pour cet article que je recherchais depuis très longtemps, afin de compléter mon dossier. pari turf

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2009

    Décidons-nous à le guérir ce pays tant espéré, c'est pas sorcier : nous combattons ou nous rampons.
    MAL AU PAYS
    Par les coquerelles de parlement
    Les crosseurs d’élections
    Les patineurs de fantaisie
    Les tarzans du salut public
    J’ai mal à mon pays
    Par les écrapoutis d’assemblée nationale
    Les visages de peau de fesse
    Les toutounes de la finance
    Les faux surpris de Mcgill
    J’ai mal à mon pays
    Par les plorines du Sénat
    Les savates des sociétés du bon parler
    La puanterie des antichambres des ministres
    Les va-la-gueule de l’égalité ou l’indépendance
    J’ai mal à mon pays
    Par les poubelles du Canada mon pays mon profit
    Par les regrattiers du peuple
    Dans les pawn-shops de la patrie
    J’ai mal à mon pays
    Par les écartillés de l’honnêteté
    Par les déviargés de la dignité
    Par les déplottés de la vérité
    J’ai mal à mon pays
    Par les pas clair-de-nœuds
    Par ceux qui ont des meubles en cadeau
    Par les baveux du million mal acquis
    J’ai mal à mon pays
    Par les éjarrés de la vente au plus offrant
    Par ceux qui nous trahissent pour du cash
    Et nous chantent la pomme à crédit
    J’ai mal à mon pays
    Par les peddlers du fédéralisme enculatif
    Et la ratatouille du pot-de-vin
    Par les gras durs de radio-canedas
    Par les passeux de sapins
    Les tireux de ficelles
    Les zigonneux de fonds publics
    Par tous ceux qui ont des taches de graisse
    Sur la conscience
    J’ai mal à mon pays
    Par ces maudits tabarnaques
    De cinciboires de cincrèmes
    De jériboires d’hosties toastées
    De sacraments d’étoles
    De crucifix de calvaires
    De trous-de-cul
    J’ai mal à mon pays
    Jusqu’à la fin des temps
    Gérald Godin

  • Archives de Vigile Répondre

    13 août 2009

    « Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C'est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l'expulser. »
    Françoise Giroud (1916-2003)
    Ecrivaine et journaliste française
    Extrait de Gais-z-et-contents