Lettre aux élus du 2 mai 2011

La double légitimité en partage

Les Québécois ont essayé les Trudeau, Chrétien, Mulroney, Harper et maintenant Layton. Après ce nouvel échec prévisible, que leur restera-t-il?

L'idée fédérale


Lettre aux élus du 2 mai 2011
_ La double légitimité en partage
Dans La Presse du 1er juin 2011, douze administrateurs de L’idée fédérale, dont l’éditorialiste en titre de La Presse André et, la seule femme signataire, l’ex-ambassadrice du Canada en Allemagne Marie Bernard-Meunier, ont signé un « Appel aux élus du 2 mai » de la dernière élection fédérale au Canada.
L’essentiel de leur message se résume à ceci : le trois quarts des Québécois ont voté pour des partis pancanadiens (fédéralistes); ces formations sont en position de montrer que ces électeurs ont bien fait, et par leurs prises de position et leurs discours, démontrer que les intérêts et les valeurs des Québécois sont souvent identiques à ceux des autres Canadiens et que lorsque ça n’est pas le cas, le modèle fédéral permet de forger des compromis mutuellement avantageux.
Voilà qui s’annonce bien, me suis-je dit. Ils ajoutent, candidement, que le gouvernement majoritaire et l’opposition officielle ont des devoirs et des responsabilités! Surtout celles de ne pas céder aux pressions des indépendantistes québécois et insistent pour que le NPD défende les intérêts du Québec par le dialogue, sans menace, mais dans une démarche et une pensée de partenaires fédéralistes gardiens des fondements du projet canadien : la prospérité, le respect des droits fondamentaux et la diversité (multiculturalisme?).
Voilà, c’est tout! Mais où sont donc les valeurs concrètes, me suis-je dit? On est tous d’accord avec des lieux communs comme la prospérité et le respect des droits et des différences. Quoique, si cela cache le multiculturalisme canadien constitutionnalisé, déjà là, les Québécois y sont piégés.
Afin donc de clarifier « l’appel aux élus du 2 mai 2011», permettez-moi de clarifier le message de L’idée fédérale par l’expression de valeurs réelles, mesurables et qui devront être défendues et surtout partagées par la nation canadienne qui s’est choisi un gouvernement majoritaire à sa ressemblance, et la nation québécoise, le premier peuple fondateur qui, lui, tend une nouvelle perche par l’entremise d’une opposition officielle fédéraliste. Voici donc quelques valeurs à partager qui serviront de critères pour mesurer la réponse à l’appel lancé aux élus fédéralistes du 2 mai 2011.

- La nation canadienne se reconnaît comme telle et, appuyée par plus de 350 millions de voisins de même langue, elle ne se sent aucunement menacée par le multiculturalisme qu’elle encourage et finance - en partage de valeurs, elle devra reconnaître activement la nation québécoise et les limites et menaces que représente pour elle le multiculturalisme que sa constitution lui impose;
- La nation canadienne défend et assure le développement et la pérennité de sa langue et de sa culture anglaises d’un océan à l’autre - en partage de valeur, elle devra aussi, en collaboration, défendre et assurer le développement et la pérennité de la langue et de la culture françaises de la nation québécoise et celles du Canada français à l’intérieur du territoire canadien;
- La nation canadienne investit et encourage son propre rayonnement et sa propre représentation sur le plan international par ses politiques, programmes, délégations et autres nombreux instruments prévus à cette fin - en partage de valeur, elle devra aussi, en collaboration, investir et encourager le rayonnement et la représentation sur le plan international de la nation québécoise par ses politiques, programmes, délégations et autres nombreux instruments prévus à cette fin;
- La nation canadienne s’est donné une constitution écrite et une charte des droits et libertés de la personne en conformité avec ses valeurs et aspirations - en partage de valeur, elle devra aussi faciliter la démarche de la nation québécoise en ce sens afin de lui permettre de signer la constitution canadienne dans le respect des valeurs et aspirations propres à sa différence;
- La nation canadienne s’est donné un immense pouvoir de dépenser et détermine elle-même les modalités d’appliquer les décisions qu’elle prend - en partage de valeur, elle devra aussi permettre à la nation québécoise de déterminer elle-même les modalités d’appliquer ce pouvoir avec pleine compensation si elle n’adhère pas à un nouveau programme pancanadien;
- La nation canadienne respecte ses lois culturelles et linguistiques sur son territoire - en partage de valeur, elle devra aussi faire en sorte que la loi 101 de la nation québécoise soit respectée par ses propres organismes fédéraux et ministères sur le territoire québécois;
- La nation canadienne a financé à hauteur de 9% le nouvel amphithéâtre de Winnipeg permettant à cette ville de voir le retour de la LNH chez elle - en valeur de partage, elle devrait contribuer à la même hauteur au financement de l’amphithéâtre de Québec en quête d’une même opportunité.

Ce ne sont là que quelques exemples de valeurs à partager entre les deux nations. Il y en a tellement d’autres qui nous différencient et où il faudra s’entendre. À titre d'exemple, je vous signale la Cour suprême, la Royauté, la paix dans le monde, l’immigration, les accommodements raisonnables, la protection de l’environnement, la criminalité juvénile, la réforme du sénat, la diminution du poids des francophones au Canada, les nouvelles circonscriptions électorales, etc.
Que de dossiers que L’idée fédérale, au singulier dans le titre et dans le contenu, semble-t-il, a volontairement oublié de mentionner. En ce tout début de mandat gouvernemental, il n’est certainement pas trop tard pour mettre tout cela sur le tapis si on désire réellement être sérieux. Moi je suis partant et je garde l’œil ouvert. Les Québécois ont essayé les Trudeau, Chrétien, Mulroney, Harper et maintenant Layton. Après ce nouvel échec prévisible, que leur restera-t-il?
Denis
Membre de la nation québécoise
Montréal


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2011

    Jamais n'avons-nous assisté à une tentative aussi massive de désinformation de la part de l’Oligarchie !
    «L’idée fédérale» avec ses douze plouques fédéralistes est un instrument au service de la ligne éditoriale des médias de l’Oligarchie. C’est un instrument de propagande qui a pour mission de promouvoir des mantras fédéralistes et dont le financement est obscur. Doit-on partager une double légitimité qui nous est défavorable ? Je vous rappelle qu’une légitimité IMPOSÉE est illégitime. Des compromis mutuellement avantageux il y en a effectivement eu mais ils n’ont jamais été significatifs. Nous n’avons qu’à penser à la nuit des longs couteaux et au lac Meech. Il ne peut exister de compromis mutuellement avantageux dans un rapport de force inégal. De plus, les valeurs CONCRÈTES que nous partageons avec le Canada sont si marginales qu’il est inutile de maintenir un système politique pour les partager.
    C’est ce que je me tue à vous répéter. Le 2 mai est une bombe qui a déboulonné cette légitimité factice. Les fédés en sont conscient et cherchent par tous les moyens à noyer le poisson. Pour ma part, Denis, vous ne me ferez pas embarquer dans cette dialectique illégitime. L’Indépendance règlera une fois pour tout ce problème de double légitimité !

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juin 2011


    Il leur restera Françcois Legault et Charles Sirois.
    Les Québécois sont déjà en train de leur accorder
    aveuglément toute leur confiance. Pour comprendre,
    il leur faut se frapper la tête contre les murs.
    Ils ne dépassent pas le niveau du cliché ni
    de l'image commode. Le raisonnement stratégique
    concret et relationnel
    sur fond de statuts et de principes leur
    échappe.
    Salutations
    JRMS