Lettre à Mme Marois, à M. Parizeau, aux souverainistes québécois passés, présents et futurs, de tout âge, de tout sexe, de toutes les couleurs et de toutes les croyances...
«La parole tue plus que le fusil», dit la maxime africaine
Dans une société médiatisée à plus que soif comme la nôtre, la liberté de parole ne peut en aucune façon faire l'objet de contraintes externes de la part de qui que ce soit. Encore moins de la part d'un parti politique! Surtout si elle évoque la raison d'être de ce parti. Bien au contraire.
Ce qu'il faut réaliser, c'est l'habile intelligence d'une liberté de parole publique qui contribuera à l'atteinte de l'objectif poursuivi en commun. Ici, chacun et chacune a le devoir de s'oublier et de dompter son égo de façon à favoriser, par chaque effort personnel, la réalisation de l'objectif collectif poursuivi par tous et toutes. Donc, il conviendra de se limiter soi-même à cet égard sinon ce groupe ne pourra jamais s'unifier et réaliser son projet. Il rétrogradera alors au niveau d'individus à intérêts multiples où les tactiques et les stratégies débattues en public prévaudront sur l'objectif poursuivi et les intérêts personnels domineront, bien égoïstement, et s'amplifieront jusqu'à l'effritement et la division suicidaire. On reprochera alors aux autres leurs fautes et les faiblesses face à cet échec et on exposera sur la place publique des éléments divers propres à la manière plutôt qu'au fond visant surtout à se disculper soi-même. On évoquera encore la recherche de nouvelles façons de faire, la crainte de la montée de telle idée, de tel parti ou leader populiste, le droit de celui-ci à la parole et de celle-là à sa proposition, etc.
Personne ne comprendra que la victoire recherchée ne peut survenir que par l'oubli de soi au profit de la cause et du porte-parole officiellement choisi pour communiquer au public ce qui doit l'être et gérer à l'interne ce qui doit y demeurer. Il s'agit ici davantage de l'usage que chacun fait de son droit de parole que de son droit de parole en lui-même.
J'invite donc mes amis souverainistes à comprendre et à accepter les règles du jeu qu'impose la recherche du succès. Ils doivent se discipliner individuellement et personnellement au profit de la cause. Si le désir de s'exprimer devient si fort, il faudra apprendre à privilégier la communication privée et faire en sorte qu'elle le reste. Il faudra s'y adonner qu'après avoir analysé la nécessité de cette communication, ses chances de succès auprès des autres et sa propre capacité à accepter son rejet s'il y a lieu. Si le «15 minutes de gloire médiatique» cogne si fort en soi, ce qui sera dit en public, auprès de quelque média que ce soit, devrait toujours porter sur ce qui est partagé et éclairant, rassembleur et encourageant. Il faut non seulement que cette communication soit sincère, elle doit aussi en avoir l'apparence et la saveur.
Personne n'est dupe que derrière elle bouille la fournaise des idées différentes et contradictoires exprimées en privé, mais tous et toutes sont d'accord que ne soit exprimé en public que le dominateur commun unissant les individus poursuivant le seul objectif faisant l'unanimité, la souveraineté du Québec à réaliser pendant que la conjoncture sociale et sociétale du Québec le permet. Créer la condition gagnante ne peut venir que de l'intérieur de chacun, chacune et passer par l'oubli de soi et de ses états d'âme infantiles. Tout le reste n'est que rhétorique et égoïsme que seul un égo surdimensionné ne peut comprendre et accepter. Surtout dans une société si médiatisée et toujours à la recherche de la polémique, de la faute ou de l'erreur à monter en épingle.
Réaliser la souveraineté du Québec est essentiellement une affaire d'intelligence individuelle et collective qui oblige chacun et chacune à un usage plus approprié de ses neurones et un oubli plus convenu de ses hormones. C'est la grâce que je souhaite aux souverainistes de toute nature afin que ce crée un groupe soudé que viendra grossir une population heureuse de se rassembler autour de lui et qui demeure, en bout de piste, seule capable de réaliser ce grand projet collectif qu'elle attend de retrouver. Voilà la nouveauté que je vous propose.
Denis Gaumond, souverainiste de la première heure
Montréal
De la liberté de parole et de son usage
Lettre à Mme Marois, à M. Parizeau, aux souverainistes québécois passés, présents et futurs, de tout âge, de tout sexe, de toutes les couleurs et de toutes les croyances...
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