Un congrès des libéraux en même temps qu’un conseil général de la CAQ. Une grosse fin de semaine, mais de la bien petite politique. Plus le scrutin du 1er octobre 2018 approche, plus la dynamique politique se détraque. Les pièces à conviction ne manquent pas.
La première est la forte impression de vide qui s’en dégage. Des gants de boxe rouges de Philippe Couillard à la proposition « nataliste » de François Legault, on vogue de gimmicks puérils en slogans surannés. La chair sur l’os, nous dit-on, viendra plus tard. En attendant, le risque de faire une indigestion d’idées audacieuses est nul.
Jouant au Messmer, le premier ministre Couillard tente même de faire oublier ses trois ans d’austérité en faisant l’apôtre nouvellement converti à l’« optimisme », l’« espoir » et la « justice sociale ».
La deuxième pièce à conviction est l’évacuation de la question nationale. Provoquée par la mise en veilleuse de l’option souverainiste au Parti québécois, le réalignement des forces qui en découle permet aux valeurs conservatrices et pro-unité nationale d’occuper la majeure partie de l’arène.
Exit la question nationale
L’axe fédéraliste-souverainiste éclate. Pour la première fois en un demi-siècle, deux partis fédéralistes de droite, dans ce cas-ci le PLQ et la CAQ, se disputent le pouvoir. Dans le petit coin gauche restant, Québec solidaire et un PQ faiblard – deux partis se disant souverainistes et progressistes – se combattent l’un l’autre pour l’opposition.
Troisième pièce à conviction : pendant que le français recule et que l’intégration de nombreux nouveaux arrivants est un échec, les libéraux préfèrent courtiser le vote de la minorité anglophone. Elle est pourtant la minorité linguistique la plus gâtée du pays.
La quatrième est le long et navrant naufrage du PLQ en matière d’éthique. L’ultime preuve, s’il en fallait une, est cette image surréaliste de Philippe Couillard étreignant sur la scène du congrès libéral un Jean Charest rayonnant de suffisance.
Purgatoire
Cette « autre époque » trouble dont M. Couillard jurait tant vouloir se dissocier, il s’en asperge dorénavant comme si c’était de l’eau bénite. Le naufrage, c’est aussi Jean Charest qui, malgré l’enquête policière dont il fait l’objet avec son ex-argentier Marc Bibeau, s’est même permis de faire le guignol.
Avec un sans-gêne aux airs un brin revanchards, il s’est moqué de l’UPAC et des médias. Ce faisant, sans le savoir, il s’est surtout moqué des Québécois, dont le trésor public fut longtemps détroussé par des « chums » gloutons du régime libéral.
En applaudissant aux blagues douteuses de M. Charest, M. Couillard et ses troupes ont aussi confirmé leur profonde déconnexion de la réalité.
Inquiets de perdre le pouvoir aux mains de la CAQ, les libéraux gloussaient d’un bonheur retrouvé devant le pep talk livré avec passion par leur ex-grand timonier.
Quelqu’un aurait pourtant dû leur expliquer bien avant qu’après 15 ans au pouvoir presque sans arrêt, leur réhabilitation in extremis de M. Charest ne fait que confirmer l’urgence d’un bon purgatoire à l’opposition.